Meryem vient d’avoir 16 ans. Cette lycéenne, en seconde, recherche depuis début janvier un stage d’observation dans le domaine des ressources humaines : « Je ne trouve rien, on ne me répond pas ou les entreprises me disent qu’elles ne prennent pas de stagiaire si jeune », affirme-t-elle.
Après avoir envoyé plus d’une dizaine de CV et lettres de motivation, passé de nombreux appels, la jeune vénissiane ne sait plus vers qui se tourner. « J’ai entendu certains de mes camarades dire qui allaient demander de l’aide à leurs parents, mais de mon côté, ils ne connaissent personne dans ce domaine », explique-t-elle.
Comme Meryem, de nombreux lycéens galèrent pour trouver un stage. Depuis la rentrée 2023, les 560 000 lycéens en seconde générale et technologique en France, sont en effet à la recherche d’une convention du 17 au 28 juin afin de passer deux semaines en entreprise pour « approfondir leur découverte des métiers, mieux préparer et affermir leurs choix d’orientation« , explique le ministère.
Alors que la date butoir arrive à grands pas, pour beaucoup, la seule solution sera de faire un stage par défaut, chez une connaissance. « Ma seule option pour le moment, c’est de le faire, comme mon stage de 3e, dans le bureau de tabac de mon oncle, mais ça n’a rien à voir avec les ressources humaines », déplore la jeune fille.
Pour venir en aide à ces jeunes complètement dépassés, le gouvernement a pourtant mis en place une plateforme de recherche, sur le site 1jeune1solution. Pour l’instant, dans l’agglomération lyonnaise, très peu d’offres sont recensées. Si toutefois, l’élève ne trouve aucun stage d’ici juin, il pourra être accueilli dans son établissement scolaire et bénéficier « de solutions en ligne de découverte des environnements professionnels et y effectuer des recherches documentaires pour préciser ou parfaire son projet d’orientation« , indique l’Éducation nationale.
Quatre stages trouvés dans une classe de 23 élèves
Du côté des lycées professionnels, depuis la rentrée 2023, le Bureau des entreprises a fait son apparition. Un de ses buts est de développer des partenariats avec les acteurs professionnels pour aider les élèves à trouver des stages ou des alternances puisque dans leur cursus, les lycéens doivent réaliser plusieurs semaines d’immersion dans le monde du travail.
« Nous sommes confrontés à de très grosses problématiques de recrutement, observe Ebtisame Lagnaoui, responsable du Bureau des entreprises du lycée professionnel vénissian Marc-Seguin. Certaines entreprises refusent de prendre des mineurs. De plus, la filière industrielle est en tension et les entreprises manquent de personnel pour accueillir et former nos élèves. » Dans une des classes de l’établissement, sur les 23 élèves, seuls quatre ont trouvé un stage pour juin.
Certains jeunes sont aussi confrontés à des problématiques de mobilité ou font face à des stéréotypes en lien avec leur lieu de vie : « Des professionnels refusent parfois de prendre des jeunes de Vénissieux, car ils ont déjà eu des soucis avec eux par le passé, regrette la responsable. Malheureusement, ça laisse beaucoup de lycéens sur le carreau. »
Le lycée essaie de proposer un accompagnement poussé avec des simulations d’entretiens, un travail autour du CV, des lettres de motivation, il organise la visite de professionnels du recrutement pour qu’ils conseillent les élèves. Début avril, la responsable a même proposé un « stage dating » afin de faire rencontrer les candidats et les entreprises.
« C’est très tendu, reprend Ebtisame Lagnaoui. En plus, depuis la rentrée, nous sommes confrontés à plus de concurrence avec les stages des lycées généraux et technologiques. Nous devons nous adapter à ces réformes, mais aujourd’hui, c’est vraiment « premiers arrivés, premiers servis » ».