Le 6 avril 2022, les usagers de la gare ferroviaire de Vénissieux faisaient face à un rideau métallique baissé devant le guichet du hall. Cette fermeture avait été concomitante au chantier de modernisation de la gare qu’avait entrepris SNCF Gares & Connexions. Dès lors, les voyageurs peu familiers avec les achats de titre en ligne étaient contraints de pianoter sur le distributeur de billets régionaux pour obtenir leur billet TER.
La gare sera restée dépourvue d’accueil physique pendant deux ans. Lundi 18 mars, un tout nouvel espace voyageurs a ouvert. Un guichetier est à la disposition du public du lundi au vendredi, de 10 h 30 à 17 h 30. « Ici, on peut acheter tous types de billets, y compris TGV, tout en bénéficiant de conseils, explique une employée. On peut régler en chèques vacances ou en liquide, alors que la machine n’acceptait que la carte bancaire. »
Pour le collectif d’usagers, composé d’habitants, d’associations et de politiques locaux, qui réclamait le retour du guichet à cor et à cri, c’est une victoire. « 5 600 personnes ont signé notre pétition », revendique Valérie Talbi, adjointe au maire de Vénissieux et animatrice du collectif « Pour une gare accessible à tous ».
Le maire, Michèle Picard, salue cet élan citoyen : « Sans cette intervention, qui est venue renforcer ma demande, la réouverture n’aurait peut-être pas eu lieu. Avoir un interlocuteur en face de soi est primordial. Depuis le covid, on constate une numérisation de nombreux services. Or, la fracture numérique est une réalité. »
Chantal attendait la réouverture de longue date. « Tout le monde ne sait pas se servir d’un automate ou d’Internet, justifie cette Vénissiane. J’ai une amie de 74 ans qui me demandait de lui acheter ses billets. » Mais elle espère une amplitude horaire plus étendue : « Pour être profitable au plus grand nombre, l’accueil devrait commencer plus tôt. Le but d’un service public, c’est justement d’ouvrir lorsqu’il y a du public ! »
La Région ne ferme pas la porte à un ascenseur
Encore plus que le retour du guichet, c’est la construction d’un ascenseur que les pétitionnaires souhaitent par dessus tout. Depuis sa création en 1992, la nouvelle gare ferroviaire en est dépourvu. Seuls deux escaliers permettent d’accéder aux quais A et B.
Le dossier, jusqu’ici au point mort, a connu une avancée significative le 10 janvier dernier lors d’une rencontre organisée à l’hôtel de ville avec des représentants de la SNCF, de la Région et de l’État. « La mise en place d’ascenseurs pourrait être envisagée en lien avec la mise en œuvre du Service express régional métropolitain (Serm) lyonnais, avance Frédéric Aguilera, vice-président de la Région délégué aux transports, dans un courrier adressé au maire en date du 18 mars. En effet, l’accroissement de la fréquentation que cette nouvelle offre de transport engendrera pourrait justifier cet équipement. Les travaux pourraient intervenir concomitamment à la création d’une quatrième voie entre Saint-Fons et Grenay. » Soit entre 2028 et 2032, selon le calendrier de SNCF Réseau.
Le maire attend de voir pour y croire. « Actuellement, notre gare, ciblée dans l’Étoile ferroviaire lyonnaise, est appelée à se développer mais ne fait pas partie du schéma d’accessibilité, constate Michèle Picard. On nous propose de porter notre demande auprès de l’État. Le collectif doit continuer à exister car tout reste à conquérir ! »
La configuration actuelle pose des problèmes d’accessibilité évidents aux personnes à mobilité réduite (PMR), mais pas seulement. « Moi, je m’en sors, je suis capable de porter mon vélo sous le bras mais ce n’est pas le cas de tout le monde, témoigne Jean-Pierre, qui s’apprête à regagner La Verpillière après sa journée de travail. Le matin, à 7 h 20, c’est blindé, dans cet excalier. En termes de sécurité, ce n’est pas terrible. »
Or, les travaux de modernisation lancés en 2022 ne prévoyaient pas un tel équipement. Cette même année, le Groupe SNCF avait indiqué avoir réalisé une étude de faisabilité. Cette dernière démontrait « une impossibilité technique avérée invalidant la possibilité d’intégrer des gabarits d’ascenseurs dans un environnement contraint. »
À ce jour, Vénissieux ne figure pas parmi les 82 gares régionales jugées prioritaires et pour lesquelles un aménagement PMR est prévu depuis 2015 et 2016. « On est quand même surpris d’apprendre que toutes les gares ne sont pas accessibles, conclut Michèle Picard. La priorité est donnée aux gares les plus fréquentées. » Sur la ligne TER 1 (Grenoble – Bourgoin-Jallieu – Lyon), Vénissieux faisait partie des trois gares les moins prisées en 2021, avec 141 306 voyageurs sur l’année.