C’est une grande première dans l’agglomération. L’usine Tokai Cobex Savoie (ex-Carbone Savoie) captera la chaleur produite par ses fours industriels pour la réinjecter dans le réseau de chauffage urbain. L’avenant au contrat de délégation de service public (DSP), validé à l’unanimité lors du conseil métropolitain du 11 décembre 2023, a été signé jeudi 21 mars par la Métropole, Tokai Cobex et Dalkia (Groupe EDF), l’exploitant du réseau.
En 2025, l’industriel, fleuron de la conception et de la fabrication de carbone et de graphite synthétiques, apportera une contribution de 4 mégawatts (MW) de puissance thermique et sera capable de valoriser 30 gigawattheures (GWh) chaque année. Toute cette énergie qui ne se dispersera plus dans le ciel « correspond aux émissions produites par 4 500 véhicules en circulation, détaille Joseph Bertin, président de Tokai Cobex Savoie. Soit 8 000 tonnes de CO2 par an. Cela équivaut à 300 foyers chauffés. »
« Aller chercher les calories qui traînent, c’est l’idéal, se félicite Sylvie Jéhanno, PDG de Dalkia. Aujourd’hui, on sait récupérer ces fumées pour chauffer les habitants et les entreprises. Ce projet est exemplaire. Ainsi, le réseau de chaleur devient un outil de décarbonation qui contribue à la souveraineté énergétique et crée de l’emploi. »
Des milliers de tonnes de CO2 en moins
Pierre-Alain Millet, adjoint municipal chargé du développement durable et conseiller métropolitain (PCF), salue ce que cette avancée technologique apporte à l’environnement : « La plus ancienne usine du riche tissu industriel de Vénissieux est un symbole. Elle se transforme au fil des investissements. Le site le plus pollué du sud-est de la France est devenu exemplaire pour l’environnement il y a 10 ans de cela. Je rappelle qu’il y a 40 ans, un délégué syndical de cette usine, par ailleurs adjoint au maire, avait émis l’hypothèse de valoriser la chaleur du site. »
Ce nouvel accord comporte deux autres volets : la construction d’une chaufferie bois-énergie à Vaulx-en-Velin, dont la mise en service est prévue pour 2026, et l’extension du réseau de chaleur à la commune de Saint-Priest en 2027.
L’objectif est de faire progresser la part d’énergies renouvelables et de récupération de 65 % à 72 %. Cette évolution du « mix énergétique » évitera une émission de 57 000 tonnes de CO2 supplémentaires. C’est comme si on retirait 31 500 véhicules de la circulation.
Pour ce faire, pas moins de 173 millions d’euros sont investis, avec le soutien de l’État dans le cadre du Fonds chaleur de l’Ademe (54,6 millions), de la Banque des Territoires et EDF.
« Le réseau de chaleur se développe, conclut Bruno Bernard, président de la Métropole (EELV). 85 000 équivalents logements étaient raccordés en 2019. En 2026, on passera à 200 000, soit plus du double. »