Psychiatrie : l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu célèbre son bicentenaire

Une exposition retraçant 200 ans d’histoire sera visible du 15 mai au 31 octobre 2024 dans la chapelle historique du site.

Certainement moins connu que son voisin du Vinatier (Bron), le Centre hospitalier Saint-Jean-de-Dieu est pourtant le plus vieil établissement de soins en activité dans l’agglomération lyonnaise. L’hôpital du quartier du Moulin-à-Vent (Lyon 8e) obtiendra-t-il plus de visibilité au terme de l’année de son bicentenaire ? Pour marquer le coup, la Fondation ARHM (Action et recherche handicap et santé mentale), gestionnaire de l’hôpital, ouvre en mai un cycle d’événements culturels ouverts au grand public (voir par ailleurs). Cette série de rencontres commence avec une exposition intitulée « Un long fleuve intranquille », visible dans la chapelle historique de l’hôpital jusqu’au 31 octobre.

« Célébrer ces 200 ans, c’est aussi présenter l’évolution de cette discipline, estime Agnès Marie-Egyptienne, directrice générale de la Fondation ARHM et du Centre hospitalier. Nous voulons montrer en quoi elle a évolué dans son approche et ses pratiques. Les fondateurs de cet hôpital faisaient déjà preuve d’une attention particulière envers les plus vulnérables. L’évolution majeure, c’est d’être passé d’un asile à un établissement de soins. La psychiatrie fait peur. Mais l’institution apporte des réponses appropriées aux malades qui sont des citoyens à part entière. »

Pour aborder ce sujet délicat, la culture semble être la porte d’entrée la plus accueillante. « À Saint-Jean-de-Dieu, des liens sont établis avec des artistes professionnels depuis les années 1950, justifie Cécilia de Varine, responsable de l’action culturelle. Des cinéastes et artistes plasticiens interviennent auprès des patients. Dès les années 1980, des concerts et événements sont organisés dans la chapelle ou dans le parc. »

1980 : l’ARHM prend la relève des frères hospitaliers

Point central de ce semestre de festivités, l’exposition offrira aux visiteurs un voyage dans le temps. Car il faut remonter jusqu’en 1819 pour trouver les origines du projet que porte alors un groupe de fervents catholiques. Ces frères de l’ordre hospitalier de Saint-Jean-de-Dieu arrivent à Lyon en 1824 pour s’installer à La Guillotière, commune encore indépendante. Ils achètent le domaine de Champagneux la même année pour y accueillir des « insensés » et développer une activité agricole. Les religieux resteront en place pendant 156 ans. « À partir des années 1950, leur nombre décroît, détaille Mathis Farcy, adjoint au commissariat d’exposition et doctorant en histoire à l’Université Lumière-Lyon-II. Ils ont du mal à se retrouver dans leur pratique de soignants. Dans le même temps, le personnel laïc est de plus en plus nombreux. Dans les années 1970, les frères sont entre six et quinze. À leur apogée, à la fin du XIXe siècle, ils pouvaient être une petite centaine. En 1975, un article du Progrès annonce la fin progressive de l’hôpital. Les frères vont voir le préfet pour négocier sa conservation et cherchent un repreneur. »

Le passage de témoin s’opère en 1980. L’ARHM (dont l’acronyme signifie alors « Association du Rhône pour l’hygiène mentale) récupère la gestion de l’hôpital. Aujourd’hui, l’établissement de la route de Vienne emploie 1 176 équivalents temps plein qui assurent une mission de service public auprès de 94 communes du département (624 706 habitants), dont Vénissieux.