Avec pas moins de 450 femmes inscrites et une soixantaine de partenaires présents, il aurait presque fallu pousser les parois de la Ruche industrielle, ce vendredi 8 mars. L’événement intitulé « Mesdames, ne restez pas sur la touche » marquait le lancement du « Mixité Tour », mis sur pied à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes.
La Ruche industrielle, collectif d’entreprises et de grandes écoles, s’est pour l’occasion allié à la préfecture, France Travail (ex-Pôle emploi) et au CIDFF (Centre d’information sur les droits des femmes et des familles) afin de soutenir l’égalité femmes-hommes dans le monde du travail.
Les participantes ont eu l’occasion de s’orienter vers trois pôles : industrie, transport-logistique et BTP. Autant de secteurs où la gent féminine est encore largement minoritaire en 2024. « J’ai croisé beaucoup de femmes en reconversion qui quittent le tertiaire pour des métiers plus techniques, notait le député Idir Boumertit (LFI) en milieu de matinée. Les demandes d’emploi et les formations ne manquent pas. Malheureusement, les femmes rencontrent encore des difficultés à rentrer dans les entreprises. »
Les femmes à l’assaut des métiers techniques
Selon un panorama publié par l’Insee et le ministère chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes, les métiers restent en effet très genrés. Dans la région, les femmes occupent principalement des postes d’agent d’entretien (6,3 % des emplois), sont enseignantes (5,4 %) et aides-soignantes (5,3 %). Quant aux hommes, ils sont le plus souvent conducteurs de véhicules ( 5 %), ouvriers qualifiés du second œuvre bâtiment (3,7 %) et techniciens de maintenance (3,6 %).
« Aux femmes, les métiers autour d’un univers féminin tel que le pense la société, a observé Michèle Picard, maire de Vénissieux. C’est-à-dire la relation humaine, l’attention aux autres, le social et l’enfance. Aux hommes, ceux dits masculins, qui valorisent la force physique, le travail à l’extérieur et les sciences. »
Lors de son allocution, le maire a déclaré encourager les femmes à oser les métiers techniques comme bobinier, rippeur ou conducteur poids lourds auprès d’employeurs locaux : « Une initiative est en cours de réflexion avec nos partenaires : Carso, le Technicentre SNCF et Pizzorno Environnement. »
Solière, chauffeur : elles s’imposent dans des métiers masculins
Les visiteuses du jour ne manquaient pas d’exemples concrets de réussites féminines dans divers environnements masculins. Comme Sophie Meunier (30 ans), première femme « Meilleur ouvrier de France » (Mof) solière en France en 2023. « Avant de poser des sols souples, j’étais monitrice d’équitation, raconte la lauréate. Après une mauvaise chute à cheval, j’ai dû me réorienter. J’ai cliqué sur une annonce de formation sur Le Bon coin en 2018. Un ami solier m’avait pourtant dissuadé de le faire. Mais le jour où on m’a mis un cutter dans la main, ça a été le feu d’artifice dans ma tête. Je me suis formée chez Gerflor à Tarare. Je travaillais chez Corbière et Fils. Je suis à mon compte depuis un mois et demi : j’ai créé l’entreprise Sosol. Aujourd’hui, on doit être deux ou trois femmes à faire ce métier en France. Dans ce milieu d’hommes, je suis la petite princesse ! J’incite d’autres femmes à franchir le pas. »
De 18 ans son aînée, Christine Gaillard est assistante de direction chez Trans-missions à Saint-Bonnet-de-Mure. Une société de transport routier qu’elle a fondée en 2005 avec son compagnon, rencontre chez Jet Services. « Chauffeur, c’était un rêve de petite fille, dévoile-t-elle. Mon entourage me mettait des bâtons dans les roues. C’est mon compagnon qui m’a incité à passer tous mes permis poids lourds. Le milieu est un peu macho. Si les mentalités changent, c’est parce qu’on montre qu’on est capable. Clients et fournisseurs aiment être en contact avec des femmes. On me dit parfois que je suis le rayon de soleil de la journée ! Maintenant, quand je reçois des candidatures de filles, je les rappelle en priorité. »
France Travail Ara et la FRCIDFF s’engagent pour la mixité professionnelle
France Travail Auvergne-Rhône-Alpes et la Fédération régionale des Centres d’information sur les droits des femmes et des familles (FRCIDFF) ont signé ce 8 mars un accord de partenariat pour une durée de 3 ans. Ce contrat, qui est la déclinaison locale d’un accord national officialisé en mars 2021, a pour objectif de favoriser l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes et promeut la mixité professionnelle.
La convention s’adresse en priorité aux demandeuses d’emploi les plus vulnérables : bénéficiaires de minimas sociaux, chômeuses de longue durée, femmes en retour de congé parental, primo-arrivantes, habitantes de quartiers politique de la ville, ou encore victimes de violences.
Les deux partenaires s’engagent à travailler de concert pour organiser forums, manifestations à thèmes et opérations de sensibilisation. Cette coopération vise à orienter les femmes vers des métier réputés masculins, comme ceux du numérique.
« 45 % des femmes de la région sont concentrées sur quelques métiers seulement, est-il mentionné dans le document : métiers des services à la personne et à la collectivité, du support à l’entreprise, de la vente et de la grande distribution, du commerce et de la santé. »
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