Portraits

AmarVolte : La vie en réseaux

Avec près de 374 000 abonnés, AmarVolte, Vénissian et créateur de contenus sur les réseaux sociaux, a réussi à faire de sa passion un métier.

Photo Emmanuel FOUDROT

Cinq jours sur sept, il passe sa soirée avec des centaines de personnes. AmarVolte, Vénissian de 29 ans, est influenceur. Un métier autant adulé que critiqué. Tiktok, Twitch, Youtube et Instagram : les réseaux sociaux n’ont plus aucun secret pour Amar qui cumule aujourd’hui plus de 374 000 abonnés sur les différentes plateformes. Grâce à ses contenus et sa personnalité, il a réussi à fédérer toute une communauté.

Il se présente comme un « enfant des Minguettes et d’Internet » : « j’ai fait toute ma vie à Vénissieux. Je suis né ici, j’y ai suivi toute ma scolarité. Je suis passé par la tour 71 puis la 42 et la 65 et après, avec ma famille, on a déménagé avenue Jean-Cagne. Mes parents y sont toujours. » Avec son master d’Ingénieur commercial en hautes technologies en poche, il ne prévoyait pas de tout quitter pour devenir influenceur : « avant, les réseaux sociaux ce n’était pas trop mon truc », avoue-t-il.

C’est pendant le Covid que tout a basculé. En plein confinement, il commence à regarder des vidéos sur Twitch, une plateforme de diffusion en direct, principalement connue pour les jeux vidéo. « J’avais pas mal d’amis dessus qui jouaient à GTA, explique Amar. J’ai adoré leur contenu et je me suis dit ‘il faut que je fasse pareil, c’est trop cool’. »

Il décide alors de se lancer. Il est à l’époque en alternance et utilise l’argent qu’il a mis de côté pour investir dans l’équipement nécessaire. Le 4 juin 2020, il commence son aventure : « Premier stream, c’est la fête, je suis content ! C’était un petit événement, il y avait des gens de ma famille, des amis… On a été onze en simultané. Pour moi, c’était faramineux. On a parlé jeu vidéo, on a joué, c’était marrant. »

Aujourd’hui, ses contenus sont toujours en lien avec des jeux vidéo, mais sa vie personnelle ou professionnelle est également une source d’inspiration. Avec des limites toutefois. « Quand on fait une vidéo, il faut faire attention et garder sa dignité. Il ne faut pas tomber dans le ridicule à outrance, ne pas devenir une caricature de soi-même. »

Un million de vues en cinq jours

Amar le reconnaît, son succès a mis du temps à arriver. « Au début, mon contenu était très amateur, c’était vraiment pour le plaisir. »  Sur ses premiers live, on sent effectivement l’effervescence des débuts, encouragée par ses proches qui veulent le voir. « Après ça retombe, et là, c’est beaucoup plus dur », admet-il.

@amarvolte_stream L’une des plus grosses arnaques que j’ai vu sur leboncoin #amarvolte #foryoupage #foryou #fyp #twitch #streamer #twitchstreamer #storytime ♬ son original – AmarVolte

Il faut alors repenser son contenu et développer sa créativité pour satisfaire son audience : « Il faut être à la page, c’est une veille constante », observe Amar. Il décide donc de professionnaliser ses vidéos et de les rendre plus attractives afin de devenir incontournable sur les différentes plateformes.

« Avec l’aide de mes amis, j’ai créé de la verticalité dans mes vidéos. Twitch est le cœur de mon contenu, où je fais mes vidéos en direct tous les soirs et ensuite, j’en prends des extraits, comme des anecdotes, que je vais publier sur d’autres réseaux pour inciter les gens à venir sur le live. »

En septembre 2022, il a un déclic et il se lance sur TikTok. Cette plateforme chinoise de création et de partage de vidéos courtes est ultra-populaire et a même été l’application la plus téléchargée au monde en 2023 sur les smartphones. « Je me souviens encore de l’anecdote qui a lancé mon compte, dit Amar en souriant. Un jour, je vais voir une copine et sur la porte de son domicile, il y a une pancarte avec écrit ‘porte’, donc je me moque d’elle en lui disant ‘mais on sait que c’est une porte’ et là, elle me dit, ‘c’est mon nom de famille’. Avec cette histoire, en cinq jours, j’ai fait un million de vues, c’était incroyable. » C’est alors le début du succès : son nombre d’abonnés ne cesse d’augmenter et certaines de ses vidéos font même jusqu’à trois ou quatre millions de vues.

Un milieu qui reste précaire

C’est sur cette même plateforme, qu’il s’est lancé un nouveau défi : partager sa passion pour la nourriture en créant le compte AmarFood. « Ça a changé ma vie, assure-t-il. C’est un compte sur la restauration halal à Lyon et son agglomération. Pour certains, c’est devenu comme un guide et ça a un vrai impact. »

@amar_food L’un des meilleurs restaurants gastronomiques halal ! Thank me After 📍21 Rue de Bonnel 📆Fermé Lundi et Mardi, ouvert du mercredi au dimanche ! 🕦De Mercredi à Samedi de 19h à 23h et dimanche de 11h30 à 15h ! #halalfood #gastronomie #foodhalal #lyonfood #lyon #foodlyon #beef #halalmeat #meathalal #amarfood #commentcestbon #miam #foodies #restaurant #islam #muslimfood #foodies ♬ son original – AmarFood Halal

Avec 60 000 abonnés, la répercussion pour les restaurateurs est très importante et les professionnels contactent désormais Amar pour qu’il vienne tester leur restaurant. « Quand ça me plaît, j’en fais la publicité, quand je n’aime pas, je ne fais pas la vidéo. Mes conditions : pouvoir dire ce que je veux. Si ce n’est pas bon, je paie mon repas, mais je ne publie rien pour ne pas avoir de malentendu. »

Entre la création du plan de la vidéo, le tournage et le montage, AmarFood a un plus gros impact sur l’emploi du temps de l’influenceur. « C’est une vraie machine qui s’est mise en place, assure-t-il. D’autant qu’AmarFood est plus rémunérateur que mes autres activités

Photo Emmanuel FOUDROT

Mais n’allez pas imaginer qu’il est facile de faire de l’argent dans le milieu de l’influence. « En deux ans, avant que ça ne démarre vraiment, j’ai gagné au total environ 2 000 euros, c’est ridicule. À côté, je cherchais un travail », rappelle Amar. Aujourd’hui, ses revenus sont un peu plus confortables, mais le jeune homme reste prudent. Il ne se verse pratiquement pas de salaire et met l’argent qu’il gagne de côté pour développer la suite de ses activités.

« Le succès sur les réseaux peut être très éphémère. Il faut sécuriser son avenir avec un diplôme, comme ça, on aura toujours de quoi travailler. Du jour au lendemain, tout peut basculer et ce qu’on a créé peut ne plus exister aux yeux des gens. Le jour où on nous oublie – internet est cruel pour ça — il faut pouvoir assurer ses arrières. »

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