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Amiante à Berliet-RVI : 8 millions d’euros d’indemnisation versés aux anciens

La procédure d’indemnisation de 1 400 anciens salariés du site de Renault Trucks (ex-Berliet, puis RVI) arrive à son terme. Des chèques allant de 2 000 à 10 000 euros leur ont été adressés en réparation du préjudice d’anxiété découlant de leur exposition à de l’amiante.

Pour les représentants syndicaux et anciens salariés, ce sont plus de 20 ans de lutte qui s’achèvent.

Pour clore l’épais dossier amiante, la CGT Renault Trucks retraités s’est réunie, mardi 6 février, à la Maison des fêtes et des familles. Après 22 ans de luttes sociales et de batailles juridiques hors normes, 1 400 anciens travailleurs des usines Berliet-RVI, Iris Bus et Arvin Méritor ont obtenu entre 2 000 et 10 000 euros d’indemnisations pour le préjudice d’anxiété. « Cela représente 8 millions d’euros pour les entreprises Renault Trucks et Iveco », précisent les représentants de l’action syndicale et de l’Aper (Association prévenir et réparer).

« Ce fut un combat de longue haleine avec au bout, la victoire, relate Gilles Cavalieri, militant CGT. La plus grosse entreprise française de construction de poids lourds a été reconnue responsable et coupable d’avoir exposé ses employés à de l’amiante. La plupart de ceux qui ont demandé réparation ont obtenu entre 6 000 et 10 000 euros. Mais certains ont été discriminés : les personnels administratifs n’ont touché que 2 500 euros. On est allé chercher près de 1 400 chèques. Mais ça aurait pu être le triple ou le quadruple, tant on était nombreux à travailler dans cette boîte. »

« La poussière mortelle était partout, pour tous »

Les anciens, affectés aux fonderies, aux forges, à la peinture ou encore à la soudure, décrivent des conditions de travail qui font froid dans le dos : « La poussière mortelle était partout, pour tous. Cette fibre volatile, qu’on a longtemps présenté comme un matériau miracle pour ses propriétés isolantes et sa résistance à la chaleur, tout le monde en inhalait. Tout était composé d’amiante : les embrayages, les freins, les machines de nos ateliers, les murs, plafonds et toitures. On croyait se protéger avec des gants et des couvertures anti-feu… en amiante. »

Tous n’ont pas entamé de procédure et certains ne sont plus là pour le faire, comme en témoigne Robert Pietrzak, employé à la fonderie entre 1970 et 2008. « Les premières années, je travaillais avec mon père, raconte ce retraité. Il est décédé en 1975 à l’âge de 49 ans. J’en avais 23. Son cancer de la plèvre l’a emporté en trois semaines. À l’époque, même si on savait qu’on travaillait de l’amiante, on ne pouvait pas en imaginer la dangerosité. On n’a eu conscience de ce fléau que bien après. Pour ma part, j’ai obtenu 10 000 euros et je suis content que l’entreprise ait été condamnée. La satisfaction est là mais ça ne pèse pas lourd par rapport à la mort de mon père. »

Renault Trucks classée « usine amiantée » en 2016

Petit rappel : le classement en « usine amiantée » du site de Renault Trucks le 1er novembre 2016 avait ouvert deux possibilités. La première a donné droit à un départ en pré-retraite avec une allocation de cessation anticipée d’activité des travailleurs de l’amiante (ACAATA). Cette mesure concerne les salariés entrés avant le 31 décembre 1996 et encore en poste. La seconde permet à tout ouvrier ou cadre ayant travaillé entre 1964 et 1996 d’obtenir une réparation financière pour préjudice d’anxiété.

En droit civil français, le préjudice d’anxiété est un préjudice moral. Il est souvent invoqué lorsqu’un salarié exposé à l’amiante demande réparation en raison du risque de contraction d’une pathologie grave.

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