En ce début d’année, le nombre de quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) est passé de trois à six, par décret. Le Monery, les Marronniers et La Borelle ont rejoint les Minguettes et les Acacias tandis que le périmètre de Duclos/Max-Barel a été élargi.
Pierre-Alain Millet, êtes-vous satisfait de voir le nombre de QPV doubler à Vénissieux ?
« Nous passons de 22 000 à 29 000 Vénissians résidant en QPV. Soit 44 % de la population municipale, contre 33 % auparavant. C’est bien la preuve que les inégalités sociales et territoriales s’aggravent. Cela confirme une injustice. En France, la ségrégation territoriale est confortée. »
Qu’y a-t-il de positif à tirer de cette extension du dispositif ?
« De nouvelles actions vont pouvoir être menées rapidement : programmations sociales, actions relatives à la mobilité, l’alimentation, la culture, le sport… Les dispositifs existants seront déployés sur ces secteurs. Le taux de TVA dans la construction sera réduit à 5 % ; les bailleurs seront exonérés de taxe foncière et pourront améliorer le cadre de vie des résidents. On espère voir aboutir plus de programmes de sécurisation et de résidentialisation. »
De quels financements publics les habitants de ces quartiers vont-ils pouvoir bénéficier ?
« Les contrats de ville vont définir le ‘quoi’, pas le ‘combien’. Si on raisonne à budget constant, le risque est de voir les financements être dilués. On n’a pas encore d’informations de l’État. A priori, leurs services seraient partants pour accroître les budgets en fonction de la population supplémentaire. La Métropole de Lyon et la Ville de Vénissieux vont augmenter leurs aides. Les montants seront définis lors du vote des budgets. »
« Nos quartiers regroupent les premiers de corvée »
À Tarare et Neuville-sur-Saône, des quartiers sortent du dispositif. Pas à Vénissieux. Est-ce un constat d’échec ?
« La politique de la ville ne compense pas les inégalités générales mais vient simplement poser des pansements. Elle ne représente que 0,6 % des dépenses de fonctionnement de l’État. Pas de quoi creuser le déficit structurel ! En France, on dépense plus d’argent public pour les plus riches que pour les plus pauvres. Nos quartiers regroupent les travailleurs essentiels, les premiers de corvée, les petites mains. Ils n’ont pas les moyens de se loger dans le parc privé et le parc social est saturé. Beaucoup n’accèdent pas à leurs droits, même si certains sont très revendicatifs. »
Quel bilan dressez-vous des dix ans d’application de la loi Lamy, qui a défini la géographie prioritaire telle qu’on la connaît et a relancé les contrats de ville ?
« Cela reste une réussite dans la mesure où les actions qui en découlent permettent à quantités de gens de réaliser des choses extraordinaires. De plus en plus de jeunes réussissent leur vie. La Politique de la ville est efficace. Toutefois, pendant qu’on essaye de construire quelque chose de positif, la société se dégrade. Le contexte social, les violences intrafamiliales, les trafics… Tous ces éléments pourrissent la vie des habitants. Beaucoup se sentent exclus et intègrent des modes de vie qui les installent dans la pauvreté. »
En octobre dernier, lors du Comité interministériel des villes, Élisabeth Borne, alors premier ministre, avait annoncé qu’elle demanderait aux préfets de ne plus attribuer de logements aux plus précaires dans les QPV et ne plus y créer de places d’hébergement. Cela favorisera-t-il mixité sociale ?
« Où va-t-on loger ces gens ? Les élus des communes qui n’ont pas de QPV se battent pour ne pas accueillir les bénéficiaires du Dalo (Droit au logement opposable). La construction est en rade, l’État ne finance plus l’aide à la pierre. Les préfectures ne pourront pas appliquer cette mesure. »
À l’avenir, ces nouveaux QPV feront l’objet d’une rénovation urbaine, qui reste à définir. Quelle transformation souhaiteriez-vous pour ces quartiers ?
« Qu’on offre à leurs habitants un cadre de vie sécurisé. La transformation doit intégrer des espaces de tranquillité dédiés aux résidents. Les espaces publics doivent être aménagés avec des espaces verts, des pistes cyclables, des trottoirs. La rénovation urbaine est très positive mais pour traiter tous les quartiers, il faudrait pouvoir investir trois fois plus. »
MOLLARET
16 février 2024 à 11 h 28 min
Pour la résidentialisation ,c’est très bien mais qui finance, car pour les copropriétés, la facture est salées, pour les personnes qui sont au smic ils ne peuvent pas se permettent
se genre de travaux, peut être avec des subventions de 100% de la ville.