Le constat est clair : le cross-country, (littéralement « à travers champs« ) peine à s’imposer pleinement dans le monde de l’athlétisme. La discipline constitue pourtant un passage obligé dans la préparation de la saison sur route et sur piste, et permet de maintenir le contact avec la compétition pendant l’hiver. « En plus, le cross est ludique, on s’ennuie moins que sur route ou sur piste, mais il ne suscite pas suffisamment l’intérêt des athlètes », regrette Julien Serre, président de l’AFA Feyzin/Vénissieux.
Cette désaffection est constatée de partout. Elle est liée à divers facteurs tels que des conditions météorologiques souvent contraignantes et la multiplication des courses en salle. Ainsi dans le Rhône (Lyon 9e), avec la Halle Diagana qui propose régulièrement des réunions d’athlétisme, avec programmation de courses de demi-fond. « Le manque d’enthousiasme des parents à accompagner leurs enfants en compétition en plein air constitue également un obstacle, ajoute le président. C’est dommage, car le cross-country est véritablement une école de vie, une école du courage, où l’on apprend le dépassement de soi. »
Une vingtaine de pratiquants à l’AFA
Pour attirer de nouveaux adeptes, le club intercommunal de l’AFA reste actif. Julien Serre, ancien entraîneur de passionnés de demi-fond et de cross, peut désormais compter sur Tristan Athanaze, également coach, pour mettre l’accent sur le cross et ses bienfaits. « Heureusement, nous ne partons pas de zéro, rassure Julien Serre. Une vingtaine de coureurs, pas mal d’adultes ainsi que des jeunes, pratiquent aujourd’hui le cross à l’AFA. Côté vitrine, nous pouvons nous appuyer sur quelques valeurs sûres. Je pense notamment à Lucas Moulard, qui est récemment passé en catégorie senior. Il a brillamment pris la 3e place du dernier championnat départemental de cross court, sur 4,2 km à Anse. Sa réussite n’est guère surprenante : il est assidu aux entraînements, motivé, avec des parents qui suivent son parcours de près sans être constamment derrière lui. Il n’est peut-être pas le plus doué techniquement, mais il ne renonce jamais, progressant régulièrement. Ainsi en demi-fond, en peu de temps, il est passé de 4’12 à 3’50 sur 1500 m. C’est un bonheur d’avoir des athlètes de ce type à entraîner. »
Commentaire de Lucas Moulard après ses premiers pas chez les seniors : « Je ne m’attendais vraiment pas à une place sur le podium. C’était ma première compétition en senior, mais j’ai suivi les consignes de mon entraîneur Tristan Athanaze : démarrer assez vite pour éviter d’être coincé dans le peloton, et rester près de la tête de course. Deux athlètes étaient nettement plus forts que moi. J’ai tenu la 3e place pendant une grande partie du parcours plat, mais j’ai souffert dans les 300 derniers mètres, lors du fameux emballage final. Ce qui me fait dire que je dois apprendre à mieux gérer mes courses afin de progresser. »
Un complément à la piste
Pour garantir la progression de Lucas et d’autres athlètes, Tristan Athanaze recommande au moins quatre entraînements par semaine du côté de Parilly et des Grandes Terres. Mais ce n’est pas tout. « Il est erroné de penser qu’avaler des kilomètres suffit pour exceller en cross. Les séances doivent inclure un programme qualitatif, mettant l’accent sur le foncier, l’amélioration des appuis et des relances (les variations d’allure). Le renforcement musculaire passe par des montées de genoux, effectuées le plus souvent sur des marches d’escaliers. Le cross demeure une discipline exigeante, les athlètes ne pouvant participer à une compétition que toutes les trois semaines, soit sept ou huit dans la saison. »