Quatre. C’est le nombre de reports successifs du Comité interministériel des villes (CIV), pour diverses raisons, avant que celui-ci ne puisse se tenir, le 24 octobre dernier. Plusieurs annonces ont été faites à cette occasion : mobilisation d’un fonds vert doté de 2,5 milliards d’euros, prioritairement dans les Quartiers prioritaires de la politique de la ville (avec 15 % de l’enveloppe réservés pour la transition écologique des quartiers), fin de l’attribution de logements dans les quartiers prioritaires aux ménages les plus en difficulté qui bénéficient du dispositif DALO, généralisation des cités éducatives, création d’un fonds de 300 millions d’euros pour les associations de lutte contre la pauvreté, expérimentation de 60 centres de santé… Pourtant, de nombreux élus ont fait part de leur déception à la fin de ce rendez-vous, qui était pour le moins attendu quelques mois après les violences dans les quartiers.
Ainsi, et pour rendre hommage aux participants à la Marche pour l’égalité et contre le racisme — une idée née aux Minguettes en 1983 — les élus des groupes « Communiste et Républicain », « La France Insoumise », « L’écologie à Vénissieux », « Réponses Nouvelles » et « Socialiste » ont présenté en conseil municipal, fin décembre, un vœu rappelant « l’urgence d’agir ».
« Les crédits alloués à la politique de la ville représentent 0,1 % du budget de l’État et ne peuvent compenser les inégalités de dépenses des autres politiques publiques (éducation, emploi, santé, sécurité…) dans ces quartiers qui cumulent toutes les difficultés sociales, a expliqué Pierre-Alain Millet (groupe « Communiste et Républicain »). C’est un paradoxe : les quartiers populaires sont les plus pauvres de notre pays mais perçoivent moins que les autres. […] La réponse du gouvernement n’est pas à la hauteur de l’enjeu. Le gouvernement doit déployer des moyens humains et financiers à la hauteur des besoins de nos QPV. »
Pour le retour de la police de proximité
Les élus ont adopté un vœu exigeant du gouvernement la généralisation des cités éducatives à l’ensemble des QPV, le renforcement des moyens alloués aux acteurs de la prévention et de la médiation, la mise en place d’un plan national d’actions et de lutte contre toutes les discriminations, et le lancement d’un grand plan d’urgence pour le logement et l’hébergement. Ils lui ont également demandé de ne pas se désengager du dispositif Territoire zéro chômeur longue durée (TZCLD), la création d’un plan national contre les addictions (construit notamment dans les collèges, avec les familles et l’Éducation nationale), et une action plus forte contre les réseaux internationaux de trafics et le blanchiment. Sans oublier « le retour d’une police de proximité, chargée de tisser un lien de confiance avec la population, d’assurer la tranquillité et la dignité du quotidien des habitants, et la mise en place du récépissé de contrôle d’identité pour lutter contre le contrôle au faciès ». Enfin, le conseil municipal a demandé l’institution du droit de vote des résidents étrangers aux élections locales.
Ce vœu a été adopté à la majorité. Parmi les groupes d’opposition, si certains ont regretté de n’avoir eu connaissance que tardivement du contenu de ce texte, seul Damien Monchau (« Le rassemblement Vénissian ») a voté contre.