C’est un fait, La Fontaine ne connaissait pas Alissa Ed-Dhimine mais l’une de ses morales — « Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage » — pourrait très bien convenir à la jeune femme. Non pas qu’elle ait mis longtemps à atteindre son but, mais elle désire plus que tout encore et toujours apprendre pour se perfectionner.
Originaire du centre de Vénissieux, Alissa a passé sa scolarité dans la commune. « J’ai fait la primaire, le collège et le lycée ici avant de partir à La Part-Dieu pour mon BTS. Après mon bac, je voulais arrêter mais ma mère m’a poussée à continuer. J’ai donc été à l’Iscom puis ai passé un BTS en communication et publicité, j’ai continué en licence mais, en fin de compte, je n’avais pas envie de faire cela ! J’ai pris le risque de partir. »
C’est qu’Alissa nourrit d’autres ambitions. Toute petite déjà, elle trace son chemin dans la gymnastique rythmique, sa « première passion ». « J’ai obtenu plusieurs titres de championne de France. Ma prof était aussi danseuse et, de fil en aiguille, elle m’a prise sous son aile et j’ai voulu faire de la danse mon métier. Je suis allée à Paris parce que c’était possible de travailler plus facilement qu’en province. Je suis partie toute seule pour découvrir le monde. »
Grâce à un oncle qui vit dans la région parisienne, Alissa découvre ce qu’est l’intermittence du spectacle. « Quand on sait ce qu’on veut faire… », lâche-t-elle, comme si elle n’avait fait que suivre un chemin déjà tout tracé, tout en regrettant de s’être décidée tardivement… à 23 ans !
Elle prend des cours dans un studio de danse dont elle sait qu’il peut être une vitrine. « Grâce aux réseaux sociaux, on peut voir si une petite pépite sort du lot. Quand on entre dans le milieu, le bouche-à-oreilles fonctionne. »
« Je suis pleine de gratitude de me lever le matin et de me dire que je vais danser. C’est trop cool ! »
Désirant acquérir encore un meilleur niveau de danse, Alissa part à New York se former au Broadway Center, fréquente plusieurs cours à Los Angeles et fait des stages à l’étranger, notamment en Italie. « J’ai acquis un certain niveau et on m’a remarquée. Mon premier travail, à l’Opéra Saint-Tropez, un restaurant, je le dois à Aziz Baki qui est un grand directeur artistique, le chorégraphe d’Alicia Keys et de Mylène Farmer. Nous sommes devenus amis et j’ai pu l’assister pour la chorégraphie d’une émission de The Voice. J’ai fait aussi beaucoup de castings. Le véritable CV passe par Instagram. »
Elle décline ainsi rapidement son cursus : des clips avec Shy’m, Aya Nakamura, des prestations aux NRJ Music Awards et auprès de Maître Gims, Keen’V, Shay, Patrick Fiori, Mika, Slimane –qui représentera la France au prochain concours de l’Eurovision –, etc. Elle a également dansé pour plusieurs émissions TV (Vendredi, tout est permis, avec Arthur, Les Flammes, The Voice…), pour le jeu vidéo Just Dance, pour de nombreuses publicités (Bleu Libellule, Lacoste…) et même pour un défilé Loreal Paris pendant la fashion week.
« Je ne vis pas tout cela comme un labeur », déclare Alissa qui poursuit : « Je suis pleine de gratitude de me lever le matin et de me dire que je vais danser. C’est trop cool ! J’ai la chance de pouvoir choisir ce que je fais et d’accepter un travail qui me ressemble. »
Elle évoque les conditions pour pouvoir accéder au statut d’intermittent du spectacle : « Nous devons avoir 43 cachets dans l’année pour rester dans la course. Certains danseurs sont contraints d’accepter des choses qui ne leur conviennent pas. Pour ma part, je suis vraiment contente. »
D’autant plus que le nouveau contrat qu’elle a signé la ravit.« Aujourd’hui, je participe à la tournée des 20 ans de carrière de Matt Pokora. C’est la première que je fais qui soit aussi importante. Elle est passée par la Belgique, la Suisse et, principalement, la France. Nous serons les 12 et 13 décembre prochains à la halle Tony-Garnier à Lyon. Nous sommes toute une troupe, avec beaucoup de danseurs et de musiciens qui ont un nom, qui sont d’un super niveau. C’est très inspirant pour moi. Matt est très impliqué dans le relationnel avec son équipe, des danseurs et musiciens aux techniciens en passant par les cuisiniers. Cette super ambiance se ressent sur scène et, visiblement, le public adore ce que nous lui offrons. C’est pour moi un coup de cœur professionnel. »
Positive et optimiste
M. Pokora peut chanter Parce que c’est toi, on se dit que cette réussite arrive à Alissa parce que c’est elle, qu’elle n’a pas la tête qui enfle mais, au contraire, sait qu’il faut continuer à travailler. Ainsi, quand on la questionne sur l’après-Pokora, elle répond : « J’aimerais partir à Los Angeles ou à Londres pour me remettre dans la boucle de prendre des cours. Je veux garder la forme, travailler mon style et ma mémoire des chorégraphies. Dans tout job, on apprend toujours. »
Elle en arrive à son rêve : « J’ai commencé à danser dans des cabarets de province. Ma carrière a explosé — je mets ce mot entre guillemets — après le confinement, où j’ai vraiment travaillé sur des choses qui me plaisaient. Mon ambition est à présent de danser avec des artistes internationaux, comme Beyoncé. J’ai réussi à atteindre un de ses castings grâce à une agence londonienne. C’était une grosse étape pour moi, mais ça ne s’est pas fait. Cela m’a insufflé de l’espérance et, comme je ne suis pas du genre à abandonner, je reste positive et optimiste ! »
M. Pokora, halle Tony-Garnier, 12 et 13 décembre.
Alissa Ed-Dhimine
15 décembre 2023 à 10 h 00 min
Merci pour ce bel article.