Des automobilistes stationnés sur la piste cyclable, d’autres qui s’impatientent avenue Maurice-Thorez derrière une cycliste (au point de lui lancer une canette à la figure au moment de la dépasser !), des manœuvres dangereuses pour arriver en premier au feu rouge, de l’agressivité, parfois mutuelle, entre usagers de la route… Vénissieux, comme bien d’autres villes, n’échappe pas aux conflits liés au développement du vélo comme mode de transport au quotidien.
“Depuis plusieurs mois, nos salariés subissent des insultes, agressions à vélo que ce soit sur Vénissieux ou Saint-Fons, témoigne Rodrigue Yao Ogoubi, porte-parole de l’association vénissiane Janus, qui milite pour l’usage du vélo. Un dépôt de plainte a été effectué concernant l’agression de deux salariées à Saint-Fons courant octobre. (…) Mardi 14 novembre, lors de notre action ‘Cyclistes Brillez’, au croisement Ambroise-Croizat et Jules-Guesde, il a fallu faire appel à la police : un automobiliste obligeait des cyclistes en sensibilisation à libérer un lieu pourtant non réservé au stationnement des voitures. Il me paraît nécessaire de rappeler l’indispensable partage de la rue, une notion permettant de se sentir en sécurité pour toutes et tous, surtout pour les piétons et les cyclistes.”
Que reprochent les automobilistes aux cyclistes ? Parfois, le simple fait d’être présent sur “leur” route, et donc de les retarder. Or, les cyclistes sont souvent plus rapides qu’eux : puisque le vélo se faufile aisément grâce à sa maniabilité, sa vitesse moyenne en ville est de 15 km/h. La voiture, quant à elle, soumise aux aléas du trafic termine ses trajets avec une vitesse moyenne de 14 km/h !
Autre grief exprimé à l’égard des cyclistes : un moindre respect du Code de la route — le fameux “les cyclistes grillent les feux” —, source de danger mortel pour les piétons. Cependant, les études disent plutôt le contraire. Elles pointent une nette différence entre la perception de l’infraction et sa réalité — les cyclistes pouvant par exemple passer au feu rouge si celui-ci est équipé d’un panneau M12. De plus, comme le souligne l’association La Ville à Vélo : “En agglomération, 56% des piétons tués l’ont été dans un choc contre une voiture ; 25% contre un véhicule utilitaire ou un poids lourd ; 7% contre un deux-roues motorisé ; 2% contre un transport en commun ; et 1,2% contre une trottinette électrique ou un vélo. Selon le Département des transports britannique (2019), la voiture tue statistiquement trois fois plus de personnes par kilomètre que le vélo.”
Alors, comment apaiser les relations entre les automobilistes et les autres usagers de la route ? “La baisse de la vitesse à 30 km/h réduit d’un quart le nombre d’accidents et de 40 % le nombre d’accidents graves et mortels”, affirme l’association. La Métropole, pour sa part, mise sur la création de plusieurs centaines de kilomètres de pistes cyclables séparées du trafic automobile, les Voies Lyonnaises. Plusieurs d’entre elles doivent passer par Vénissieux à horizon 2030. Et de nombreuses opérations de sensibilisation sont menées pour apaiser les relations entre “vélotaffeurs” et automobilistes.
Car, au final, “la pratique du vélo au quotidien a des impacts très positifs en matière de santé, largement supérieurs aux risques encourus (comme l’accidentalité ou l’exposition à la pollution atmosphérique)”, rappelle La Ville à Vélo. Et tout le monde a à y gagner : plus de vélos du quotidien, c’est moins de voitures sur les routes, donc moins de bouchons… et moins de stress et de tensions.