« On a l’impression qu’on attend que quelque chose de dramatique arrive pour agir », s’agace un professeur. Ce lundi matin, quelques enseignants se sont retrouvés devant le collège Aragon. Aucun cours n’est donné suite au droit de retrait des professeurs.
Cette décision fait suite à l’intrusion d’un individu menaçant dans l’enceinte du collège, pendant la pause-déjeuner, vendredi 24 novembre. Il a insulté des enseignants, menacé une surveillante et agrippé des élèves avant d’être reconduit à la sortie.
« Nous n’avons pas reçu de soutien du rectorat, assure une enseignante. Pire, par l’intermédiaire de notre direction, on nous a menacés de retirer nos journées de salaire, en arguant du fait que le droit de retrait n’est pas valable car le danger n’est plus immédiat. La police de son côté ne s’est pas déplacée car il n’y avait pas de menace de mort, donc pas de danger. C’est inacceptable, sachant qu’une intrusion dans un établissement scolaire est un délit. »
Un des collègues agressés vendredi est en arrêt de travail, et chez les élèves l’inquiétude est réelle. « Il y avait beaucoup de rumeurs, continue l’enseignante. Nous avons donc décidé de rester auprès d’eux vendredi après-midi pour répondre à leurs questions et expliquer la situation. »
La sécurité de l’établissement pointée du doigt
Véronique Forestier, adjointe en charge de l’Éducation à la mairie de Vénissieux, Sophia Brikh et Amal Khammassi, conseillères municipales, ainsi que Marie-Christine Burricand, conseillère et membre de la commission Éducation de la Métropole, étaient présentes pour apporter leur soutien au corps enseignant ce lundi matin.
« Nous sommes face à une situation de grande violence, la réponse doit être adaptée, affirme Véronique Forestier. Il faut plus de personnel et une réhabilitation de l’établissement qui assurera un climat plus serein pour les élèves. »
En 2021, la Métropole a annoncé la « réfection totale » du collège Aragon suite à de nombreuses alertes du corps éducatif et des parents d’élèves concernant la vétusté des locaux. Mais jusqu’à présent, les travaux n’ont toujours pas été lancés. « Cette réhabilitation traîne beaucoup trop, dénonce Marie-Christine Burricand. Il est nécessaire de la faire au plus vite : les nouveaux bâtiments prennent en compte les questions de sécurité. Nous demandons aussi, avec la ville de Vénissieux, que le collège Aragon soit classé en REP+ et intégré dans la Cité Educative avec les moyens afférents.»
Ces derniers temps, le collège Aragon est confronté à une augmentation des violences selon Sophia Brikh, dont un des enfants est scolarisé dans l’établissement : « Les bagarres sont très régulières et d’une grande violence devant le collège », affirme-t-elle. Un constat partagé par les enseignants : « On ne se sent pas écoutés, pas en sécurité, dénonce l’un d’entre eux. Il y a de nombreux dysfonctionnements : on manque de postes, les profs reçoivent des menaces, des insultes. On ne peut pas continuer d’enseigner dans ces conditions. »
Des enseignants devaient se rendre devant le rectorat en début d’après-midi afin d’obtenir un rendez-vous pour demander des moyens humains et financiers supplémentaires.