En France, près d’une entreprise sur trois (31 % en 2021) n’embauche pas de travailleurs handicapés. Ce n’est pas le cas de OneSys et de RGF IT. Le premier est un éditeur de logiciels destinés à l’intérim et au recrutement. Le second est spécialisé dans les systèmes de gestion des ressources humaines. Tous deux partagent un bâtiment du Green Campus Park (ex-Parc d’activités du Moulin-à-Vent), ainsi que certaines valeurs managériales. En effet, OneSys et RGF IT font du recrutement de collaborateurs handicapés une priorité.
Fort logiquement, la Ladapt (Ligue pour l’adaptation du diminué physique au travail), l’Agefiph (Association nationale de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées) et le FIPHFP (Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique) ont choisi leurs locaux pour lancer la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (SEEPH), organisée cette année sur le thème de la transition numérique.
« Notre secteur fait face à une pénurie de candidats, observe Jean-Michel Houée, responsable recrutement et gestion des carrières auprès du groupe RGF Staffing. Il serait idiot de se priver de collaborateurs en situation de handicap. Je le suis depuis une chute en snowboard. Recruter ce type de profils affirme notre responsabilité sociale (RSE), favorise la cohésion et enrichit une équipe. Souvent, ces collaborateurs sont inspirants ou motivants. Ils s’engagent pleinement auprès de l’entreprise qui leur a donné la chance d’intégrer un poste qui leur plaît. »
Objectif 6 %
Marlène Bernard est l’une de celles qui possède le profil recherché. Elle souffre d’un handicap invisible, comme 80% des personnes handicapées. « Je travaille chez OneSys en tant que chargée d’outil de dématérialisation depuis deux ans, raconte cette ancienne résidente du quartier de Parilly. Je suis reconnue depuis 2012. Ma pathologie au cerveau entraîne une fatigabilité. Ici, je travaille sur site les mardis et jeudis. Les autres jours, je suis en télétravail. L’entreprise me fournit un PC et, si besoin, un écran et un siège confortable. Mes précédents employeurs étaient ouverts, j’ai pu travailler en back office (service d’appui, ndlr) et évoluer. Mais aujourd’hui, je suis réellement accompagnée par une cellule spécialisée. »
Cette cellule handicap, commune aux deux structures, soutient le salarié dans son intégration tout en accompagnant le responsable d’agence pour aménager le poste. Malgré la mise en œuvre de cette politique d’inclusion il y a 15 ans, certains objectifs restent difficiles à atteindre. « On vise toujours la part de 6 % de collaborateurs en situation de handicap (voir par ailleurs), confie Mathilde de Montalier, responsable de la cellule. Seulement, sur des métiers en tension, c’est compliqué. On mise beaucoup sur l’alternance et sur la formation des jeunes et des personnes en reconversion. Pour nos recrutements, on tend toujours une perche pour que le candidat se sente à l’aise et révèle son handicap en toute confiance. On explique précisément en quoi consiste le poste pour enlever le moindre doute. »
Inclure des travailleurs handicapés : une obligation légale
Tout employeur de 20 salariés et plus est tenu d’employer des personnes en situation de handicap dans une proportion de 6 % de l’effectif total. S’il ne respecte pas cette obligation, il verse une contribution annuelle à l’Agefiph (pour le secteur privé) ou au FIPHFP (public). Cette obligation est régie par le Code du travail.
Aujourd’hui, le taux d’emploi direct dans le secteur privé est de 3,5 % et ne progresse que de 0,1 % par an. Le secteur public est plus inclusif : selon le dernier rapport du FIPHFP, 5,45 % des agents publics étaient reconnus comme handicapés en 2022, soit environ 260 000 personnes.
Le handicap au travail en chiffres
En Auvergne-Rhône-Alpes, fin juin 2023, 9,2 % des demandeurs d’emploi sont reconnues en situation de handicap. Cela représente 52 644 personnes (dont 36 241 chômeurs). 23 % de ces personnes sont bénéficiaire de l’AAH (Allocation aux adultes handicapés). Le nombre de demandeurs d’emploi en situation de handicap est en diminution (- 10,34 % en 3 ans). En effet, en juin 2020, ils étaient 58 413 dans la région.
37 % des demandeurs d’emploi en situation de handicap ont un niveau bac ou supérieur, contre 56 % pour les valides.
Les domaines professionnels les plus recherchés sont les services à la personne et à la collectivité (24 %), le support à l’entreprise (19 %) et le commerce, vente et grande distribution (11 %).
Les travailleurs handicapés sont surreprésentés dans les domaines suivants : installation et maintenance (13 % des effectifs), le support à l’entreprise (12 %) et les arts (11 %).
___
(Données Agefiph)
Derniers commentaires