Dans une lettre ouverte envoyée aux ministres de la Transition énergétique et des Comptes publics, 66 communes de la région lyonnaise représentées au sein du Sigerly — le syndicat de gestion des énergies — ont appelé le gouvernement, alors que vient de s’ouvrir la saison de chauffe, à maintenir le bouclier tarifaire et le dispositif du « filet de sécurité » pour les collectivités. Rappelons que ces mécanismes permettent respectivement de plafonner les hausses des tarifs énergétiques, et aux collectivités en difficulté de bénéficier d’un soutien financier de l’État. Ils doivent prendre fin au 1er février 2024.
« Faire le dos rond et subir ne suffira pas face à la hausse du coût des énergies, relève Eric Pérez, président du syndicat de gestion des énergies de la région lyonnaise, dans sa lettre ouverte co-signée par Michèle Picard, maire de Vénissieux. Les communes du Sigerly demandent que l’énergie soit considérée comme un bien commun, pour pouvoir continuer à être un acteur de service public au plus proche des habitants et des acteurs économiques. Protéger les collectivités face au mur financier et à l’insuffisance des mécanismes protecteurs est une absolue nécessité dans un contexte d’obligation d’achat sur les marchés avec des coûts jamais atteints. »
« Il faut contenir le coût de l’énergie au maximum, pour poursuivre la transition énergétique qui ne se fait pas en deux ans, poursuit-il. L’aide des différents fonds d’investissement ne suffira pas si les communes ne peuvent plus payer leurs factures d’énergie. »
2 millions d’euros de surcoût pour Vénissieux
Illustration à Vénissieux : le coût de l’électricité va passer de 1,54 million en 2023 à 2,73 millions en 2024. Soit une hausse de + 77 %. « Le prix du gaz naturel va augmenter dans les mêmes proportions, explique Pierre-Alain Millet, adjoint au maire de Vénissieux en charge du logement et du développement durable. Au global, le surcoût pour la Ville est d’environ 2 millions d’euros. Or, la hausse du coût des énergies pour les communes a des conséquences indirectes pour les habitants. Ce sont des dépenses de fonctionnement qui ne pourront pas être affectées à d’autres choses ; cela réduit, par conséquent, la capacité d’investissement de la commune. Y compris, ironiquement, les possibilités de moderniser les équipements pour réduire les dépenses énergétiques ! En un sens, plus on dépense pour les consommations, moins on est en capacité de revoir celles-ci à la baisse, par exemple via le passage de l’éclairage public en LED. C’est un cercle vicieux que l’État doit casser. »
« L’approvisionnement des communes doit être sécurisé, estime ainsi Pierre-Alain Millet. La solution, c’est un retour aux tarifs réglementés. Nous sommes dans un contexte marqué par une inflation généralisée, pas uniquement limitée aux coûts des énergies. Or, dans le même temps, les dotations publiques n’augmentent pas. »
L’inflation touche aussi les coûts liés au fonctionnement du réseau de chaleur de Vénissieux, en hausse de +19%. « S’il utilise principalement de la biomasse, le réseau de chaleur est aussi soumis aux variations des prix du gaz, même si celles-ci sont atténuées par le mix énergétique, constate Pierre-Alain Millet. Cependant, on notera que la hausse constatée est aussi liée au fait qu’il y a de plus en plus de sites raccordés. Le réseau de chaleur reste un équipement qui protège les habitants des hausses des tarifs de l’énergie. Et ce, même si les prix du bois connaissent aussi des variations. »
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