Devenu comédien à Paris, Hamed Delo n’a pas oublié la ville où il a grandi. Il est revenu cet été à Vénissieux pour tourner un documentaire, Vénissieux 90. Il a interrogé les amis et voisins de son quartier de la rue Parmentier, près du stade Laurent-Gérin, d’autres encore, sur les années quatre-vingt dix : quels souvenirs ils en gardaient, comment ils vivaient alors et ce qui avait changé depuis.
Le résultat est un film passionnant, débordant de chaleur humaine, où l’on nous parle d’un temps, certes, que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître mais surtout où régnaient une solidarité et une entraide que beaucoup regrettent aujourd’hui. L’individualisme a pris le dessus et nécrose la société. Les Vénissians reconnaîtront bien sûr beaucoup de témoins appelés devant la caméra, qu’ils travaillent à la médiathèque, dans un établissement scolaire ou, telle l’infirmière aujourd’hui retraitée du lycée Jacques-Brel — l’ancien, celui qui, disent ceux qui en parlent, était « sur l’autre rive », c’est-à-dire de l’autre côté de l’avenue d’Oschatz. Cette dernière a accompagné des milliers de lycéens et, à son apparition à l’écran, la rumeur dans la salle a prouvé combien son capital sympathie était toujours aussi intact.
Soudain, les souvenirs précis et individuels deviennent collectifs. La bouffe chez untel, le kebab pas cher mais qu’on pouvait à peine se payer, tel prof, tel autre… Cette ambiance sympathique et ces évocations du quotidien prennent soudain de l’ampleur quand il est rappelé les repas partagés entre voisins malgré le manque d’argent ou « l’exode des juifs » qui, soudain, nous ramène au temps présent. Le vivre ensemble où tout le monde s’entendait bien dans le même quartier, quelle que soit sa religion, prend soudain un tournant que déplore celui qui en parle.
Vénissieux 90 a été projeté le 6 octobre dernier au cinéma Gérard-Philipe, suivi par un débat tout aussi chaleureux. Il sera repris par le cinéma vénissian le samedi 4 novembre à 20h15, le lundi 6 novembre à 20h15 et le mardi 7 novembre à 18h15.
