Sofiene aime parler et c’est tout naturellement qu’il a trouvé sa place sur les scènes régionales du stand up et, parfois parisiennes. Parler et faire rire, à tel point qu’il s’étonne encore aujourd’hui : « Je gagne ma vie en racontant des blagues ! »
Originaire du Moulin-à-Vent, il travaille en parallèle de ses études. « J’ai été directeur adjoint de la maison de l’enfance Joliot-Curie et je m’occupais du périscolaire et de la cantine à Georges-Lévy. J’ai fait tout mon parcours d’animateur à Vénissieux, avec le BAFA (Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur), le BFD (Brevet d’aptitude aux fonctions de directeur) et le BPJEPS (Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport). J’ai été titularisé, puis muté à Villefontaine et dans le Nord-Isère. J’ai quitté la fonction publique et j’ai ouvert un snack. J’ai ensuite travaillé à Amazon comme coordinateur, j’ai rebossé avec les jeunes et me suis rendu compte que ça me manquait de faire rire les gens. Depuis un an et demi, je me suis lancé en parallèle dans le stand up et à présent, à 32 ans, je ne fais plus que ça. »
Bien qu’habitant aujourd’hui Lyon, il affirme son attachement à Vénissieux. « J’ai passé le plus gros de mon enfance au Moulin-à-Vent et mes parents y habitent encore. J’ai toujours dit que les habitants de ce quartier, on était les Kabyles de Vénissieux, un peu à part alors qu’on est de vrais Vénissians. »
Sofiene débute avec un ami de La Pyramide dans le duo La Barber Family. « Il a arrêté et je me suis lancé en solo, de janvier à mars 2020. Le Covid est arrivé… »
Désormais rebaptisé Soso la Barbe, il reprend le stand up en décembre 2021. « C’est une sensation forte d’arriver sur scène. On ne joue pas un personnage, on n’a ni mise en scène ni lumières ni décors. On est seul avec un micro et un texte. »
Soso explique qu’il a de la facilité à écrire mais il n’apprend pas ses sketches par cœur. « J’ai des idées que je note et que je reprends sur scène. Quand on a juste des punchlines et qu’on habille le reste, on est plus naturel ! »
Il a depuis testé l’ensemble des plateaux de stand up de Lyon, et il en existe de nombreux — au point de créer le sien à l’Espace Gerson, « une des plus grosses institutions à Lyon ». Il en profite pour remercier ses copains vénissians qui l’ont poussé vers la scène : Rman Meva, qui lui a donné sa première chance, et Hamid Ferkioui, dont on ne dira jamais assez, précise Soso, tout le bien qu’il fait pour le stand up à Lyon.
Impro, boulot, Soso
« Le stand up est souvent considéré comme un sous-genre du théâtre et c’est depuis 2005, surtout avec le Jamel Comedy Club et des gens comme Jamel Debbouze et Gad Elmaleh, qu’il est enfin reconnu. Dans l’esprit des spectateurs, il est lié à la banlieue, aux Arabes et aux Noirs. Avant le stand up, existait à Lyon une culture du café-théâtre. Rman et Kacem Delafontaine ont ouvert des plateaux pour les humoristes locaux. Les cafés-théâtres ont alors reconsidéré la chose, ont vu qu’il y avait de l’argent à gagner et ont proposé de jouer chez eux. C’est allé très vite ! »
Soso est un passionné, heureux de réussir à en vivre depuis peu, sans que sa tête ne gonfle. « Mon but n’est pas d’être connu mais de pouvoir être sur scène ! L’émission Tarmac, à la RTBF (Radio-télévision belge de la communauté française), m’a ouvert des portes pour me faire repérer. J’ai commencé à aller jouer à Paris. C’est ainsi que j’ai rencontré au Paname Art Café Kader Aoun, un des auteurs de la série ‘H’ et metteur en scène des spectacles de Jamel. Il m’a donné ma chance et j’ai tourné, en février dernier, une émission au Panama Comedy Club qui sera diffusée sur France Télévisions. À Paris, il faut sortir du lot parce que c’est l’industrie du spectacle et qu’on est tous en compétition. À Lyon, il y a de la bienveillance entre nous. Ainsi, je travaille avec Malik Mike et Yacine Rharbaoui. Ce sont des gens incroyables, avec qui j’ai fait des plateaux. C’est important d’être bien entouré. »
Soso donne des détails sur son art : « On m’a dit que j’étais très fort en impro. J’aime les interactions avec le public, qui permettent de briser le quatrième mur. Je ne veux pas être clivant, je ne me moque de personne et je ne fais pas d’humour communautaire. J’ai bossé avec les Francas, dans l’éducation populaire, et ma vision du monde est très ouverte. »
Il sait que certains de ses sketches fonctionnent très bien (ce qu’il appelle un « banger » et il cite celui sur le Ouigo), ce qui ne l’empêche pas de toujours se remettre en question.
« Mon but n’est pas d’être connu mais de pouvoir être sur scène ! »
Il a obtenu en mai dernier, à la Bourse du travail, le prix du public, « premier Lyonnais à le gagner en huit ans ». « Après, enchaîne-t-il, j’ai fait les premières parties du Comte de Bouderbala et de Manu Payet, toujours à la Bourse. En un an et demi, j’ai joué trois fois là-bas, devant 2 000 personnes. »
Après également un passage au festival Woodstower cet été, Soso revient à Vénissieux où il avait joué la première partie de Farouk Wahrani lors du dernier Vénissieux en rire, organisé par l’association La Perche de Hamid Ferkioui. C’est pour cette même association qu’il participera, le 30 septembre à la salle Érik-Satie, au premier Satie Comedy Club de la rentrée. En compagnie de Farouk, Nassim Mellah et Momar Seck. L’occasion peut-être d’entendre une partie du spectacle qu’il a écrit, Sans transition.
30 septembre, 20h45 : Satie Comedy Club. Tarif : 10 euros. Réservations : 06 50 25 64 48.