« Une Sicilienne, une Royale et une Indiana ! Comme d’habitude, sans champignons, ton Indiana ? » Muni de son kit mains libres, Joshua Vogel enregistre l’une des premières commandes de la soirée tout en passant sa pâte dans le laminoir. Avec le beau temps, les clients devraient affluer en nombre. « Mercredi, j’ai vendu pour 600 euros, j’ai même dû refuser 20 pizzas car je n’avais plus de pâte », raconte l’artisan. Ici, devant l’une des entrées du parc de Parilly, à l’angle de la rue du Clos Verger et de l’avenue Charles-de-Gaulle, la Pizza du Clos Verger est présente tous les soirs du mardi au dimanche. Et y réalise 90 % de son chiffre d’affaires.
S’il affiche un large sourire, le pizzaïolo n’en est pas moins inquiet. Et pour cause ! Il pourrait bien perdre son gagne-pain d’ici peu. Fidèle au rendez-vous depuis mars 2019, le commerce ambulant n’a plus le droit d’occuper cet emplacement. La Métropole de Lyon n’a pas souhaité renouveler la convention d’occupation temporaire du domaine public du parc de Parilly. Cette convention est arrivée à échéance le 28 février dernier. Un simple avenant lui permettant de poursuivre son activité jusqu’au 30 juin lui a été proposé. Il ne l’a pas signé.
« C’est incompréhensible, proteste l’entrepreneur. L’affaire tourne depuis 1986. Avant, le camion s’appelait Béber Pizza. À croire que la Métropole veut que les artisans coulent ! Je connais les goûts de mes clients, je m’entends bien avec les commerçants du coin et j’ai toujours payé mon loyer, qui est de 2 080 euros par an. »
Les habitués partagent le vague à l’âme de leur pizzaïolo. « Pourquoi vouloir le déloger, s’interroge Mehdi, un habitant du quartier. Des pizzas, on en trouve partout mais tout le monde vient ici parce que ses pizzas au feu de bois sont bonnes. » Venu en famille, Yacoub s’émeut de cette situation. « Je viens ici depuis le début, confie ce chauffeur VTC. Joshua est devenu mon ami. Je pense tout le temps à lui. Il a deux enfants et un crédit sur le dos. J’ai une société, moi aussi et je sais ce que c’est ! »
Une nouvelle offre de restauration à l’intérieur du parc
Désormais, la Métropole a un tout autre projet : faire installer un camion de buvette et de restauration dans l’enceinte du parc et non à l’extérieur. « Cette nouvelle formule vise à proposer une cuisine avec des produits bruts, frais et de saison pour répondre aux besoins des usagers du parc », mentionne un courrier adressé à la société Farm’s Food, que gère le couple Vogel.
À ce jour, Farm’s Food n’a pas transmis sa candidature. « Il n’y a pas la même visibilité à l’intérieur du parc, estime Joshua Vogel, qui doute de la viabilité du projet. Il faudrait être présent en journée, entre 8 heures et 20 heures. Les gens ne mangent pas des pizzas toute la journée. On a investi plus de 40 000 euros dans notre affaire. J’ai acheté ce four à bois il y a un an. C’est un four Grand Mère, de fabrication française. Mon camion est aménagé pour transporter à la fois du frais et du bois. »
Pour l’heure, aucune procédure contentieuse n’est lancée. Le couple est bien décidé à rester. « Tant que je suis debout, je reste ouvert, martèle Joshua Vogel. On a tenu bon pendant le Covid, ce n’est pas maintenant qu’on va baisser les bras ! »
Pierre Athanaze (vice-président de la Métropole de Lyon, délégué à la gestion des grands parcs)
« L’idée est de cuisiner des produits de qualité en circuit court »
« Le service Parc et Jardins a invité Monsieur Vogel à répondre à l’appel à projets mais il n’a pas donné suite. Le cahier des charges est clair : il s’agit d’un emplacement de camion à l’intérieur du parc. L’idée est de cuisiner des produits de qualité en circuit court, dans la mesure du possible : cela peut très bien être des hamburgers comme des pizzas, peu importe. La future offre de restauration est destinée aux promeneurs, aux joggeurs et aux clubs. Elle correspond à l’envie des usagers du parc. De son côté, Monsieur Vogel comptait s’adresser à une clientèle de quartier et voulait rester à des heures où très peu de monde fréquente le parc. De nombreux candidats ont répondu à l’appel à projets. Nous devons respecter la mise en concurrence. »
Jean-Maurice Gautin (adjoint municipal aux marchés forains)
« C’est la première fois que nous sommes confrontés à ça »
« Monsieur Vogel s’est tourné vers nous pour trouver une solution de repli. La Ville possède plusieurs emplacements réservés aux commerces ambulants. Seulement, il y a une liste d’attente. S’il s’inscrivait aujourd’hui, il passerait derrière six ou sept porteurs de projet. Nous sommes désarmés face à cette situation. C’est la première fois que nous sommes confrontés à ça. Nous sommes désolés pour ce Monsieur, dont l’activité fonctionne très bien. D’ailleurs, ni nous ni les riverains n’avons jamais eu le moindre problème avec lui. Son activité ne gêne pas la circulation. Ses clients stationnent sur le parking. Maintenant, je lui conseillerais de sonder le voisinage pour espérer trouver un point de chute sur un terrain privé. »
Yaramy
17 septembre 2023 à 20 h 59 min
Évidemment, les joggeurs et membres des clubs sportifs vont aller manger des hamburgers et des pizzas après le sport, c’est conseiller par tous les médecins bien sur !
Messieurs les politiques, sortez de vos bureaux et venez voir la réalité du terrain : le parc de Parilly est un parc essentiellement sportif ou alors familial le week-end, et que font les familles quand elles viennent au parc le week-end ? Elles pique-niquent !
Nous ne sommes pas à la tête d’or, un marchand ambulant dans le parc est destiné à la faillite !
Courage à toi Josh, tu peux encore compter sur nous tant que tu seras là
Laurence Patuzzi
9 septembre 2023 à 7 h 26 min
Les 2 solutions ne sont pas incompatibles ni en concurrence. Laissez nous notre pizzaiolo. Devrons nous prendre désormais notre voiture pour aller chercher une pizza? Ou faire travailler ces livreurs à vélo qui sont surexploités?
pierre matéo
8 septembre 2023 à 16 h 22 min
je soutien sans condition ce pizzaiolo monsieur vogel c’est une situation incompréhensible et je suis en désaccord complet avec la métropole je partage la position de jean maurice gautin c est une situation ubuesque Dans le passé il y a eu un vendeur ambulent à l’intérieur du parc mais ça n’a pas idéalement fonctionné car la semaine il y a moins de monde qui fréquente le parc