Avec une petite vingtaine de locations de voitures par mois enregistrées dernièrement, son usage est encore confidentiel à Vénissieux. Mais il pourrait bien se populariser au fil du temps. Le service d’autopartage Citiz LPA existe en ville depuis le 2 janvier 2023. Les trois stations vénissianes, au Moulin-à-Vent, au Grand Parilly et devant l’Hôtel-de-Ville, mettent à disposition deux voitures chacune. L’opérateur a choisi ces implantations en concertation avec la Métropole et la Ville. À Vénissieux, « en moyenne, les voitures sont louées pour 65 km et pour 8 heures de location, relève Citiz LPA. Les usages sont majoritairement extra-urbains, comme sur l’ensemble de notre flotte. »
Ce système d’autos thermiques en libre-service ressemble à celui des Vélo’V, à cette différence près : on redépose le véhicule à son emplacement initial. Le tout sans se ruiner. Carburant, essence et entretien sont compris dans le prix. Avec un abonnement, compter 2,5 euros par heure et 0,41 euro par kilomètre pour la location d’une citadine.
« Moins cher et moins contraignant qu’une location classique »
Le véhicule se réserve via l’application mobile dédiée. Plusieurs modèles sont disponibles, de la citadine au minibus. Cette année, Citiz LPA a mis un coup d’accélérateur à son déploiement. Sa flotte doit passer de 400 à 600 véhicules entre décembre et le premier trimestre 2024. La société d’économie mixte espère même compter des milliers de véhicules à l’horizon 2030. « L’autopartage a un intérêt pour tous les foyers et entreprises qui ont un usage occasionnel de la voiture, justifie la société. Les avantages sont économiques, pratiques et écologiques. »
En poste à Vénissieux, Octave a fait le choix d’abandonner son Citroën C4 Picasso au profit de deux vélos cargos, pour lui et son épouse. Depuis deux ans, ce père de deux enfants a recours à Citiz LPA. « On utilise ce service pour des trajets exceptionnels et assez longs, précise-t-il. Généralement, c’est pour se rendre dans des endroits mal desservis par les transports en commun, typiquement pour partir en week-end. C’est environ trois fois moins cher qu’une location classique et c’est moins contraignant : il n’y a pas d’état des lieux à faire. Les voitures sont disponibles un peu partout. » Ce citadin voit d’un bon œil le développement de l’autopartage : « Ça réduit le nombre de voitures en circulation et en stationnement. Je constate que posséder une voiture personnelle est un besoin moins fort qu’auparavant. Grâce à l’autopartage, on pourra repenser l’aménagement de l’espace public. On peut très bien imaginer une aire de jeux pour enfants en lieu et place d’un parking de 30 places ! »
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Les trois stations Citiz LPA à Vénissieux : Moulin-à-Vent (34, rue Vaillant-Couturier), Grand Parilly (place Jules-Grandclément) et Hôtel-de-Ville (1, avenue Marcel-Houël).
3 questions à Lanouar Sghaier (adjoint municipal au transport)
L’élu écologiste entrevoit une montée en puissance de l’autopartage à Vénissieux avec le concours d’opérateurs publics et privés.
« Nous sommes en pourparlers avec Getaround »
« L’autopartage est-il amené à se développer à Vénissieux ?
Nous sommes en pourparlers avec un autre opérateur privé, Getaround, pour aménager une station de deux véhicules devant le théâtre. Cet emplacement est intéressant. Il est proche du centre et de la Gare de Vénissieux.
Y a-t-il un avenir pour l’autopartage sans station, à l’image de ce qui se fait pour les trottinettes en libre-service ?
Là aussi, nous sommes en contact avec des opérateurs. Mais c’est compliqué. Ces opérateurs veulent uniquement s’implanter au nord de la ville. Or, nous souhaitons plus d’équité pour notre territoire, avec un service étendu aux Minguettes, à Max-Barel, au centre et au Charréard.
Huit mois après le lancement du service, quel premier bilan dressez-vous de Citiz LPA à Vénissieux ?
6 700 km ont été parcourus lors de 120 trajets. Au départ, les gens se demandaient ce que c’était. On fait notre possible pour en parler dans les conseils de quartier. De plus en plus, on voit des foyers qui préfèrent n’avoir qu’un véhicule car les coûts d’entretien sont onéreux. Nous verrons par la suite s’il convient d’installer des stations Citiz LPA ailleurs. Ce serait intéressant de toucher d’autres quartiers. »
Les pouvoirs publics misent sur Citiz
Citiz LPA, ex-Autolib, est créé en 2003. La gestion du service est reprise par LPA (Lyon Parc Auto) en 2008. LPA est une société d’économie mixte (SEM). Elle bénéficie principalement de capitaux publics, mais aussi quelques capitaux privés. La Métropole de Lyon en est l’actionnaire majoritaire (40,2 %). Suivent la Ville de Lyon (21,6 %) et la Caisse des dépôts et des consignations (21,5 %).
Actuellement, la société verse une redevance de 250 euros par an et par place à la Métropole. « Pour changer d’échelle, mailler plus finement le territoire et introduire une tarification sociale, nous envisageons de créer une Délégation de service public (DSP) incluant une subvention d’équilibre, indique la collectivité. Si le maillage s’étend, il y aura forcément un déficit d’exploitation à compenser. »
Citiz est bien différent de Bluely, le service de voitures électriques déployé par le groupe Bolloré de 2013 à 2020. « Il était destiné à des trajets courts ne dépassant pas 25 km, entre deux stations, indique la Métropole. Bluely nous versait une redevance de 100 euros par place. Un montant très faible ». Avant de mettre un terme à son activité, faute de ressources financières suffisantes, Bluely comptait environ 10 000 abonnés et proposait 250 voitures réparties sur 51 stations.
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