Pendant 26 ans, l’acronyme AESE était resté associé à la Ville de Feyzin. En 2020, l’Association pour l’emploi et la sauvegarde de l’environnement a entrepris un court déménagement à Vénissieux. Désormais, cette structure d’insertion spécialisée dans l’entretien des espaces verts et de la propreté urbaine entrepose tondeuses, souffleuses et taille-haies dans son nouveau camp de base du Parc d’activités du Génie.
L’appel d’offres que l’AESE a remporté auprès de la Ville de Vénissieux il y a bientôt trois ans lui confère un volume d’activités qui justifie aisément ce changement d’adresse. Ce marché mobilise une bonne part des forces vives de l’association, qui emploie une vingtaine de personnes en Contrat à durée déterminée d’insertion (CDDI).
À Vénissieux, la moitié des troupes s’occupe du piquetage des déchets urbains et du nettoyage des toilettes du marché forain des Minguettes. « La collecte est un puits sans fond, observe Patrick Guérard, président de l’association. Entretenir des toilettes publiques est peu ragoûtant mais essentiel. Il faut bien que quelqu’un le fasse. »
« Beaucoup ne parlent pas français et sont illettrés »
Les équipes de l’AESE interviennent également sur les espaces verts à Lyon, Villeurbanne, Saint-Fons et Saint-Genis-Laval et pour le compte de syndicats de copropriétés et de bailleurs sociaux. L’association est également certifiée pour intervenir dans la raffinerie de Feyzin, ce qu’elle fait depuis 1994.
À l’AESE, les salariés en insertion ne restent jamais plus de deux ans. C’est le principe du CDDI : diriger des personnes très éloignées de l’emploi vers une entreprise du secteur marchand ou une formation qualifiante. « Notre objectif est de les former à la technique des espaces verts, résume Patrick Guérard. On emploie une majorité d’étrangers en situation régulière. Beaucoup ne parlent pas français et sont illettrés dans leur langue maternelle. Aujourd’hui, on travaille avec des Soudanais, des Éthiopiens, des Afghans… Depuis avril, on a même une Ukrainienne, ex-ingénieur. »
La montée en compétences du personnel passe également par des dispositifs complémentaires : « On leur donne des cours de Français langue étrangère (FLE) sur leur temps de travail, détaille le bénévole. On met en place une aide au permis de conduire et une formation auprès de la Maison familiale rurale (MFR) de Sainte-Consorce. »
Un ancien directeur de raffinerie devenu bénévole
Dans une autre vie, Patrick Guérard était directeur de raffinerie de pétrole. Ce diplômé de l’École des Mines de Paris prit la tête de la plateforme de Feyzin de 2004 à 2008, avant de devenir responsable logistique Europe du groupe Total, à La Défense, jusqu’en 2011.
Jeune retraité, il prit le virage du monde associatif en 2012, année au cours de laquelle il devint président de l’AESE. « Je suis entièrement bénévole, assure Patrick Guérard. Je suis simplement défrayé. Je ne coûte pas cher ! Ce qui me motive, c’est de sortir les gens de leurs difficultés. J’estime que je dois tout à l’école publique française. À mon tour, j’essaye de rendre ce dont j’ai pu bénéficier. »
60 % de retours vers l’emploi
Près de deux personnes sur trois décrochent un contrat de travail (CDD ou CDI) ou s’inscrivent dans une formation qualifiante à l’issue de leur contrat d’insertion avec l’AESE.
Un Contrat à durée limitée d’insertion (CDDI) est ouvert aux chômeurs en difficulté professionnelle ou sociale. Les jeunes de moins de 26 ans, les travailleurs handicapés et les bénéficiaires du RSA peuvent signer un CDDI. Le contrat n’excède pas 24 mois.
À l’AESE, les salariés en insertion travaillent 35 heures par semaine et touchent le salaire minimum, plus des primes. L’État subventionne une partie du contrat par le biais d’une « aide au poste d’insertion ». « Cela représente 11 381 euros par ans, précise Nadine Yaghlian, assistante administrative pour l’AESE. Soit environ la moitié d’un Smic chargé. Nous bénéficions aussi d’une aide de 5 000 euros de la Métropole de Lyon pour le suivi des personnes au RSA. »
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