Depuis le 1er juillet, un préavis de grève a été déposé par les employés de l’équipement nautique du plateau des Minguettes.
« Nous voulons un rétablissement de la prime du dimanche de 75 euros qui nous a été enlevée « , expliquent les grévistes. Pour autant, la grève n’a pas été totale, puisque les portes de l’établissement ont été ouvertes une douzaine de fois en juillet et une bonne semaine en août. Pour des raisons de sécurité, il suffit que deux maîtres-nageurs se mettent en grève pour que les portes de Delaune soient fermées. C’est le cas depuis le 19 août dernier.
Interrogé sur cette situation qui tombe bien mal en cette période de canicule, Jean-Maurice Gautin, adjoint au maire en charge du personnel, explique et détaille : « Le gouvernement a procédé à une réforme du RIFSEEP, le régime indemnitaire qui tient compte des fonctions, de l’engagement professionnel… Cette réforme a entraîné des modifications au niveau de certaines primes, notamment celle du dimanche, qui était d’un montant de 75 euros sur des bases de pénibilité du travail – même si le terme de contrainte me paraît plus juste. La Ville, en accord avec cette réforme, a eu des instructions qui ont conduit à la suppression de cette prime. Sans contestation de la part du syndicat car les personnes concernées perçoivent une prime de sauvegarde de 90 euros. Le problème, c’est que deux maîtres-nageurs réclament le rétablissement de la prime du dimanche de 75 euros tout en conservant celle de sauvegarde. On en est là à ce jour. Cette situation est très pénalisante. Beaucoup d’usagers ne cessent de nous demander pourquoi cette piscine ferme par ces temps de fortes chaleurs. »
Maîtres-nageurs, une profession en crise
Les turbulences constatées à Delaune et quelques semaines plus tôt au Centre nautique intercommunal (CNI), révèlent une crise plus globale qui touchent de nombreuses autres communes. Depuis quelques semaines, Lyon 8e (Mermoz), Bron, Belleville, ont ainsi instauré des jours de fermeture en raison du nombre insuffisant de maîtres-nageurs sauveteurs (MNS). Cela ne date pas d’aujourd’hui. La réputée piscine du Rhône avait déjà été secouée par ce problème, il y a un an, instaurant un jour de fermeture par semaine. Et la piscine de Mermoz (8e) fermait les lundis, le centre nautique Tony-Bertrand (7e) les mardis, la piscine de la Duchère (9e) les jeudis, la piscine éphémère de Gerland (7e) les vendredis…
On le voit, presque tous les centres nautiques connaissent désormais une pénurie inquiétante de MNS. Il en manquerait entre 4 000 et 5 000 en France selon les professionnels du secteur. Surveillants de baignade et sauveteurs aquatiques, moins qualifiés, manquent également à l’appel. Tout cela se traduit inévitablement par des fermetures de bassins en pleine période estivale.
Cette pénurie n’est pas sans lien avec la pandémie de Covid-19 qui a entraîné de nombreuses annulations de formations. D’autant que la formation de maître-nageur sauveteur, qui dure un an, est très difficile et onéreuse (entre 4 000 et 9 000 euros).
La question de la rémunération joue également. La profession n’est guère attractive. D’où la multiplication de conflits sociaux motivés par des revendications salariales, comme cet été à Vénissieux. « On touche une centaine d’euros de plus que SMIC, assure un MNS de Vénissieux. C’est pas cher payé par rapport à nos responsabilités. Il y a un an ou deux, un jeune s’est noyé dans une piscine en France. La première chose qu’ont demandé les autorités en s’y rendant, c’est de se procurer les vidéos pour vérifier où se trouvaient les MNS au moment de la noyade. »
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