Michèle Baicchi (présidente) et Samia Hachemi (directrice), entourées de deux cofondateurs, Marc Plotton et Henri Jacot.
À Vénissieux, 1983 n’est pas seulement l’année de la marche pour l’égalité et contre le racisme. Cette année-là, la Ville, des militants syndicalistes et des universitaires se sont unis pour fonder le Certa. 40 ans plus tard, cet opérateur reste incontournable sur le plateau des Minguettes. Il oriente, forme et accompagne des centaines de personnes à Vénissieux et dans cinq autres communes : Saint-Priest, Vaulx-en-Velin, Bron, Neuville-sur-Saône et Givors. Il dispense des formations diplômantes, qualifiantes et professionnelles dans divers domaines tels que la métallurgie, l’électricité ou la mécanique.
Marc Plotton, l’un des trois cofondateurs du Certa, se souvient du début des années 80 comme une période charnière dans le monde du travail : « À l’époque, la situation était délicate. Les salariés, en place depuis parfois une trentaine d’années se retrouvaient en difficulté face à l’arrivée des nouvelles technologies. Il fallait trouver des solutions. » Samia Hachemi, l’actuelle directrice, évoque un marché de l’emploi en pleine mutation : « C’était la crise économique, avec des fermetures d’entreprises et beaucoup de monde sur le marché. »
Le Certa voit à nouveau l’avenir sereinement
La vocation du Certa reste inchangée. Le centre de formation aide les jeunes des quartiers populaires à s’assurer un avenir digne, les salariés à acquérir de nouvelles compétences et les plus précaires à devenir employables. « Depuis 40 ans, le Certa crée des conditions favorables et offre des opportunités d’emploi et d’accès à la formation à un public éloigné de l’emploi », salue Salwa Philibert, sous-préfet chargé de la Politique de la ville.
Pour durer dans le temps, le Certa a dû évoluer et s’adapter aux besoins du marché de l’emploi. « Au départ, on avait 80 % de formations techniques et 20 % de formations générales, résume la présidente Michèle Baicchi. Actuellement, la proportion est inversée. »
Ces vingt dernières années, quelques turbulences ont ébranlé l’établissement. Michèle Picard, maire de Vénissieux, rappelle deux grosses avaries : « L’ouverture des marchés publics de la formation à la concurrence en 2004 et l’absence d’attribution des lots de formation professionnelle par la Région Rhône-Alpes en 2015. »
Au cœur de la tempête, le Certa n’avait pas pu éviter le licenciement d’un tiers de son effectif salarié. « En 2017, nous avions dû vendre nos locaux de l’avenue Maurice-Thorez », souligne Michèle Baicchi.
Une fois revenu à l’équilibre financier, le Certa, animé par 33 équivalents temps plein, a pu se projeter à nouveau vers l’avenir. Et développer des formations qui n’étaient pas dans son cœur de métier, comme la bureautique, l’anglais ou le français langue étrangère. Le Certa a également répondu à un appel à projets de la Région et mis au point un stage de découverte de l’énergie en 2022.
25 000 personnes formées
Au cours des quatre dernières décennies, le Certa a formé 25 000 personnes, dont une moitié de Vénissians. En 2022, l’association a formé 896 stagiaires, dont 125 Vénissians. Sans compter l’accompagnement individuel de 655 bénéficiaires du RSA et demandeurs d’emploi longue durée, parmi lesquels 305 Vénissians.
Du bac pro à l’école d’ingénieur
Le Certa s’enorgueillit d’avoir accompagné des élèves à la trajectoire fulgurante. Riyad Kebbouche est l’un de ceux-là : « Le Certa, c’était pour moi l’école de la seconde chance. J’ai eu l’opportunité de passer mon bac pro électrotechnique. Pendant un an, j’ai suivi une formation de qualité, tant pour les matières générales que sur l’aspect technique. J’ai pu travailler directement en tant que technicien télécoms. J’ai acquis de l’expérience. J’ai poursuivi des études supérieures avec un BTS en alternance. Je me suis dit que je pouvais aller plus loin. J’ai tenté le concours d’école d’ingénieur. Depuis cinq ans, je suis ingénieur mécanique. Le Certa m’a donné les clés et appris une manière de travailler. J’ai compris qu’il fallait mettre les moyens nécessaires pour accomplir ses objectifs. »
