Née à Lyon et titulaire d’un master de cinéma à l’université Lyon 2, Marine Sans a passé quinze ans de sa vie dans le sud-ouest de la France, « à côté de Pau puis en Haute-Garonne, à côté de Toulouse ». Elle précise : « J’y ai dirigé d’abord un petit cinéma, puis sept salles privées. »
Marine avait besoin de changement : « Pendant une dizaine d’années, j’ai attiré des gens de la campagne au cinéma. J’avais envie de revenir dans une grande ville. Je suis tombée sur cette offre, dont le projet culturel m’intéressait. »
Elle développe : « Ici, on peut programmer à la fois des films grand public et art & essai, proposer des événements, travailler avec les autres structures… La transversalité m’intéresse. »
Chargée de la programmation des trois salles du cinéma Gérard-Philipe, elle sait qu’il faut s’efforcer d’obtenir les films le plus rapidement possible. Ce qui n’est pas toujours aisé avec les distributeurs. Elle annonce d’ailleurs un changement.
Jusqu’à présent, Gérard-Philipe était associé à trois autres cinémas, ceux de Bron, Saint-Priest et Décines, au sein d’Est-Écrans. Le programme était publié tous les mois. « Est-Écrans va disparaître fin septembre. Chaque cinéma aura désormais son propre support. Le nôtre, à partir du mois d’octobre, sera sur deux semaines, pour être plus réactif avec l’actualité. Il sera toujours déposé dans plusieurs sites de la ville, ce qui est idéal pour notre visibilité. Et notre nouveau site Internet fonctionne bien. »
Décidée à être au plus près des demandes du public, Marine exhorte les spectateurs à demander à la caisse les films qu’ils aimeraient voir en projection. Elle est bien sûr consciente que, pour équilibrer la programmation, il faut faire des choix. Pour aller dans ce sens, elle n’a pas hésité à prendre le festival de films japonais Hanabi qui, dans la métropole, n’a été diffusé qu’au Comœdia et à Vénissieux.
« C’est un territoire dynamique, plein de possibilités. »
« On peut être ambitieux, d’autant plus que les résultats sont loin d’être ridicules. Gérard-Philipe est un cinéma où l’on se sent bien, avec un accueil particulier différent de ce que l’on peut trouver dans les complexes du centre-ville. Et où l’on peut trouver de la diversité. »
Elle voudrait créer un réseau, devenir un lieu ressource où l’on pourrait monter des projets. D’où la soirée du 28 juin où l’on a pu visionner des courts-métrages du collège Michelet et la web-série de Traction Avant. « C’est un territoire dynamique, plein de possibilités. »
Quant à la crise du Covid et la fermeture des salles, suivie d’une perte de fréquentation, elle espère l’épreuve derrière nous. « Les chiffres ont commencé à remonter à la Toussaint dernière. Puis Avatar a sauvé l’année et a ramené dans les salles un public éloigné. Ensuite, nous avons eu Astérix, Super Mario et un bel été se profile avec Indiana Jones, Mission Impossible et Oppenheimer de Christopher Nolan. Je ne fais pas partie des exploitants ayant peur de Netflix et des plateformes. Ce sont deux choses différentes. C’est à la salle de se modifier et d’être plus attractive tout en tenant compte de la crise énergétique. Nous allons être obligés d’évoluer. »