Le métro lyonnais n’est plus tout jeune. Le réseau se développe régulièrement depuis la mise en service du premier tronçon de la ligne C, il y a 49 ans. Aujourd’hui, il est le deuxième plus grand de France et enregistre 700 000 voyages quotidiens. Ses rames roulent sur 32 km de voies et desservent 40 stations.
Pour Sytral Mobilités, le défi est double. Il s’agit de creuser de nouveaux tunnels, à l’image de l’imminent prolongement de la ligne B jusqu’à Saint-Genis-Laval, mais aussi de lutter contre la vétusté du réseau existant.
Mercredi 28 juin, lors de sa présentation du Plan de fiabilisation et de modernisation du métro, Bruno Bernard a dévoilé un budget conséquent : 1,708 milliard d’euros sera investi entre 2023 et 2035. Un montant élevé pour un réseau qui absorbe chaque année 52 millions d’euros pour l’entretien de ses systèmes, ses infrastructures et son matériel roulant.
« Améliorer le cœur du système »
« Si on veut un métro de qualité, il faut améliorer le cœur du système avant de trouver les financements pour prolonger d’autres lignes, affirme le président de la Métropole de Lyon et du Sytral. Les enjeux sont d’acheter plus de rames, de les doubler ou de les réaménager pour accueillir plus de voyageurs, développer les infrastructures sur les quais et les systèmes d’exploitation pour permettre des fréquences plus rapides. »
Les gros chantiers concernent les lignes A, C et D. Sur ces trois lignes, le Sytral prévoit de traiter l’obsolescence des rames et d’en augmenter la capacité en prévision des hausses de fréquentation. Les investissements serviront également à renforcer la sécurité des usagers, avec l’aménagement d’un nouveau poste de contrôle et de commandement à La Soie et le renforcement du système de vidéoprotection.
Des changements pour la ligne D
Avec 275 000 voyages par jour ouvré, la ligne D (Vénissieux-Vaise) est la plus fréquentée du réseau TCL, et aussi la plus longue (12,5 km). Elle bénéficiera d’une modernisation intense entre 2027 et 2030, avec 339 millions d’euros engloutis.
La plus grosse partie de cet investissement servira à remplacer les automates de conduite, développés spécifiquement pour cette ligne dès sa mise en service en 1991 (130 millions d’euros). Le Sytral renforcera le parc roulant en achetant 18 rames de deux voitures à Alstom (81 millions d’euros). Le passage en configuration quatre voitures sera opéré en 2027. Ainsi, le Sytral augmentera la capacité de la ligne D, dont elle redoute la saturation à partir de 2025.
Des trois autres lignes, c’est la A (230 000 voyages quotidiens) qui bénéficiera de la plus grande attention. 686 millions d’euros seront mobilisés, notamment pour automatiser la ligne à l’horizon 2035, commander 20 nouvelles rames et installer des portes palières pour éviter les intrusions sur les voies.
La fiabilité du métro en question
Ces derniers mois, les pannes se sont multipliées sur le réseau. Depuis l’automatisation de la ligne B, le 25 juin 2022, le Sytral a subi les foudres des usagers. « On a connu deux mois très difficiles sur la ligne B, reconnaît Bruno Bernard. Ce sont des défauts de jeunesse propres à un nouveau matériel. C’est une phase normale. On a connu bien pire lors du déploiement du métro D au début des années 1990. »
Thomas Fontaine, directeur général de Keolis Lyon, exploitant du réseau TCL, se souvient de plusieurs journées noires, lors de pannes concomitantes des lignes B et D. Le baromètre de bon fonctionnement du métro lyonnais, qui afficha quelques avis de tempête à l’automne 2022, tend au beau fixe. « Le taux de disponibilité, qui mesure le temps de service réel par rapport au service prévu, était de 97,5% en octobre dernier, indique le patron de Keolis Lyon. En avril, il est remonté à 98,8%. »
Sur la ligne B, par rapport à octobre, le gain de disponibilité serait de l’ordre de 50 %. « À terme, on veut atteindre la même fiabilité que sur la ligne D, qui est la référence, annonce Thomas Fontaine. Ces derniers mois, sur la D, on était à 99,3 %, soit 8 à 10 minutes d’arrêt sur 20 heures de service. »