Entre l’acquisition de la vieille serrurerie par l’Immobilière des Chemins de Fer (ICF Habitat) et le découpage du ruban tricolore, dix ans se sont écoulés. Transformer le bâtiment des années cinquante en immeuble d’habitation labellisé Bâtiment basse consommation rénovation n’a pas été une mince affaire.
Dans l’étroite et sinueuse rue des Minguettes, au beau milieu du secteur résidentiel Gabriel-Péri, mener cette réhabilitation relevait du défi. « La fonction première de ce bâtiment a nécessité une première étape de dépollution et désamiantage, rappelle Sophie Matrat, présidente du Directoire d’ICF Habitat Sud-Est Méditerranée, qui endosse le rôle de maître d’ouvrage. Les travaux ont dû s’adapter à la particularité de la parcelle, tout en longueur et insérée dans un tissu urbain dense, nécessitant une organisation spécifique dû à un accès sans possibilité d’espace de stockage. »
La silhouette originelle et le volume du bâtiment restent intacts. Trois des quatre façades sont restées debout. De la rue, le changement est minime : l’immeuble d’habitation reste intégré au paysage, comme l’était l’ancienne fabrique.
Le programme a été baptisé « Le Patio Nicolas ». Le choix du nom s’explique aisément. Au centre, une cour intérieure à ciel ouvert a été créée pour inonder les 14 logements de lumière naturelle. « Il s’agissait de profiter d’une de ces larges ouvertures latérales pour créer un patio autour duquel viendraient se positionner les nouveaux logements, illustre Pauline Quay, du cabinet d’architectes Modulart. Ce patio a permis d’utiliser ce bâtiment de manière optimale et de créer des logements avec de larges balcons, non visibles depuis la rue. »
« Le Patio Nicolas est à notre image vénissiane »
Les locataires profitent d’une bonne luminosité. Dans son salon orienté nord-ouest, Monsieur Benmostefa jouit d’une belle vue sur les tours de La Part-Dieu, les Monts d’Or et la basilique de Fourvière. « Et encore, vous n’avez pas vu ce que ça donne la nuit », confie ce salarié du Technicentre SNCF Vénissieux qui a intégré son duplex du troisième étage en octobre dernier.
« Depuis dix ans, nous avons reconstruit 166 logements neufs pour proposer une offre qualitative, affirme Sophie Matrat. Nous en avons réservé à une grande partie des habitants de la barre Monmousseau détruite en 2021. Nous accompagnons également les relogements de la petite barre. » Aujourd’hui, Le Patio Nicolas fait le bonheur d’une famille logée jusqu’alors dans ce grand ensemble, lui aussi promis à la démolition. « Cinq autres familles ont préféré emménager ailleurs », indique la présidente.
Le coût du programme avoisine les 2 millions d’euros. La Ville l’a subventionné pour 30 473 euros et dispose en contrepartie d’un logement réservé. « Cette résidence est à notre image vénissiane, se réjouit le maire Michèle Picard. Fière de son histoire industrielle et fière de nos solidarités en matière de logement social. »