Le projet de SNCF Réseau promet de joindre l’utile à l’agréable : absorber un flux croissant de marchandises tout en diminuant le bruit, la pollution et les encombrements routiers dus au passage des camions. Le maître d’ouvrage a obtenu le feu vert de l’Autorité environnementale en février 2022. Les travaux ont commencé en septembre 2022. Ils devraient s’achever au premier semestre 2024.
Cette opération d’optimisation, l’association Halte au bruit l’espère depuis 1998. En effet, les riverains, côté Charréard à Vénissieux, et Berliet-Gare à Saint-Priest, pâtissent des allées et venues des camions. Chaque jour, du lundi au samedi, 200 poids lourds arrivent, puis repartent. Ce ballet quasi incessant se déroule chemin du Charbonnier, en bordure des habitations.
Le retour au calme, tant attendu, est imminent assure SNCF Réseau. Sous peu, les camions n’emprunteront plus le chemin du Charbonnier, où l’accès à la plateforme sera supprimé. Les véhicules seront détournés un peu plus au sud-est : au niveau du 66, rue du Beaujolais, à Saint-Priest, une entrée et une sortie uniques sont en train d’être aménagées. Ce portail, situé en pleine zone industrielle et à proximité du Boulevard urbain est (BUE) paraît plus adapté et sécurisé. « Il sera pleinement opérationnel d’ici fin 2023, avance SNCF Réseau. Il y aura alors un report à 100 % du flux routier rue du Beaujolais. L’entrée du chemin du Charbonnier est réservée aux véhicules légers de service et des employés. »
80 camions retirés du chemin du Charbonnier
Une première amélioration est déjà notable. En avril 2021, Naviland Cargo, l’exploitant historique, a mis en place, rue du Beaujolais, un point de contrôle des poids lourds venant livrer ou charger les conteneurs vides. Cette solution transitoire a permis de réduire de 20 % le passage des camions chemin du Charbonnier. Cela représente 80 camions en moins par jour.
« Depuis la mise en service de ce passage, la situation s’est apaisée, remarque Pierre-Yves Guérin, directeur régional de Naviland Cargo (filiale de Rail Logistics Europe, groupe SNCF). Avant tout, c’est le passage des camions qui circulent à vide qui horripile le plus les riverains. Ce sont les plus bruyants, surtout sur une chaussée dégradée comportant des nids-de-poule. »
La montée en puissance de la plateforme passe par le prolongement et la création de voies ferrées internes, pour pouvoir gérer trois trains en plus par jour. Cela devrait aboutir à une hausse d’activité de l’ordre de 30 %. La réalisation des aménagements des trois cours « sud », « centrale » et « ouest » représenterait également un afflux d’environ 150 camions supplémentaires.
Concrètement, l’activité trépidante de Naviland Cargo est amenée à migrer de l’ouest vers le sud-est, loin des maisons, et plus près de Novatrans, l’autre occupant des lieux. À deux pas de l’entrée de la rue du Beaujolais, un parking poids lourds, un nouveau bâtiment administratif et un guichet de contrôle sont en cours de réalisation. Un ancien terrain en friche accueille aujourd’hui un parking à conteneurs vides. Le long de la rue du Beaujolais, une vieille voie ferrée est en cours de réhabilitation sur 300 mètres.
« Faire circuler plus de trains simplifie les manœuvres, illustre Pierre-Yves Guérin. La manutention sera moins bruyante pour les gens parce qu’elle sera plus proche de la gare de triage. » En 2024, l’exploitant compte également installer deux nouveaux portiques de levage sur rail qui remplaceront les grues sur pneus, dont les moteurs thermiques sont jugés trop bruyants.
Roger Rivat (association Halte au bruit) : « On attendait ça depuis longtemps »
« Cette noria de camions ne passera plus par le chemin du Charbonnier. C’est une très bonne chose. Cela fait longtemps qu’on attendait ça. Nous sommes en lutte depuis 25 ans. Le projet avait été reporté maintes fois. Pour l’instant, avec ces 80 camions en moins sur 400, la différence ne nous paraît pas significative. Aujourd’hui, on souffre aussi de la présence de la zone d’activités qui s’est installée à la place de l’ancien centre de groupage, à côté de la plateforme. De nombreux camions y accèdent et transitent par le chemin du Charbonnier. »
Un investissement de 16 millions d’euros
Le projet est pris en charge financièrement par plusieurs partenaires. Principalement par l’État dans le cadre du Plan de relance gouvernemental (7 millions d’euros), puis par la Région Auvergne-Rhône-Alpes (5 M€) et la Métropole de Lyon (2 M€). L’Union européenne, au titre du Mécanisme pour l’interconnexion en Europe (MIE), devrait subventionner à hauteur de 20 %.