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La grande consultation demandée par la Ville de Vénissieux à l’institut d’études marketing et d’opinion CSA et à l’agence citoyenne Voix Publiques a permis de donner la parole à plus de 3 700 habitants. Dans le détail, 1 006 ont répondu à un questionnaire administré, par téléphone, par CSA, entre le 22 février et le 1er mars. Et Voix Publiques est allée à la rencontre de 2 721 Vénissians — 2 180 en face à face, et 541 en porte-à-porte (principalement dans les quartiers Centre, Pasteur et Parilly. Toutes les personnes interrogées habitent Vénissieux et ont un véhicule.
Sept sur dix
C’est la part des Vénissians qui disposent d’au moins une voiture, selon l’étude réalisée par CSA. C’est moins que l’ensemble des Français, qui sont 89 % dans ce cas. Pour aller plus loin, les habitants de Vénissieux sont 52 % à n’avoir qu’une voiture, 15 % à en avoir deux, 2 % à en avoir trois, et 1 % à en avoir quatre. Et, donc, 30 % à ne pas en avoir.
54 %
Plus de la moitié des habitants de Vénissieux qui disposent d’au moins une voiture, indiquent utiliser leur véhicule pour les trajets domicile-travail. Ils sont aussi 53 % à en avoir besoin pour faire les courses. La voiture sert donc avant tout pour les trajets du quotidien : les loisirs du week-end, ceux en semaine et les départ en vacances, ne sont cités, respectivement, que par 23 %, 21 % et 17 % des répondants.
Moins de 13 000 km
De gros rouleurs, les Vénissians ? Pas vraiment : la moyenne des kilomètres parcourus annuellement par les habitants interrogés s’affiche à 12 776.
À peine plus d’un habitant sur deux connait la ZFE
Selon CSA, à peine plus d’un Vénissian sur deux (52%) sait ce qu’est une ZFE (dont 14 % « de manière floue »), contre 48 % qui ne savent « pas du tout » à quoi correspond ce sigle. Une statistique dans la moyenne des Français (53 %). Pour aller plus loin, 62 % des personnes interrogées ne savent pas qu’une partie de Vénissieux (la partie au nord du périphérique) est déjà concernée par la zone à faibles émissions. Et ceux qui le savent… peuvent se tromper : 8 % pensent que tout Vénissieux est actuellement en ZFE.
Quant à la méconnaissance du projet d’extension, elle est manifeste. 29 % des habitants « voient bien ce dont il s’agit », quand 10 % « ne voient pas vraiment », et 61 % « ne voient pas du tout » en quoi ce projet, repoussé en début d’année par la Métropole, consiste. Et pour cause : 68 % des habitants ont le sentiment d’être mal informés — dont 35 % de « très mal informés ».
22 % de Crit’Air 1
À Vénissieux, selon les données obtenues par Voix Publiques, 22% des habitants disposent d’un véhicule Crit’Air 1, 35 % Crit’Air 2, 41 % Crit’Air 3, 4 et 5. Ces véhicules sont utilisés pour des trajets relativement courts : 35 % des personnes utilisant un véhicule trop polluant se rendent à Vénissieux pour travailler, 11 % à Saint-Fons, Corbas, Saint-Priest ou Feyzin, 31 % à Lyon ou Villeurbanne.
Des Vénissians partagés
Difficile d’avoir un avis tranché sur la ZFE, à Vénissieux. Selon CSA, 50 % des habitants se disent défavorables à la généralisation de ce dispositif sur l’ensemble de la ville, dont près d’un sur trois de « très défavorables ». 46 % ont un avis inverse, dont 12 % de très favorables.
Concernant ces derniers, pour justifier leur avis positif sur la ZFE, ils disent en apprécier « l’impact écologique » (61 %), « l’impact sur la santé » (17 %), « l’impact sur la qualité de vie » (14 %), estiment que « c’est nécessaire » (10 %). Ils sont aussi 10 % à valoriser « l’impact sur les populations » (« pour les générations futures », « pour le bien de tous » et « pour le centre-ville ») et 8 % à apprécier le développement « de véhicules plus propres ».
Les opposants au projet de généralisation de la ZFE, sans surprise, citent avant tout (53 %) l’impact financier de ce projet. Dans le détail, ils disent qu’ils n’ont « pas les moyens de changer de voiture », que « les véhicules électriques sont chers », et rappellent que « Vénissieux est une ville populaire ». 32 % en redoutent « l’impact sur la liberté », estimant que ce projet serait « une privation de liberté », voire « pénalisant, discriminant ». Enfin, on notera que 14 % doutent de l’impact réel de la ZFE sur la pollution.
14 %
C’est peu, et ça en dit long sur l’impact potentiel du projet sur le parc automobile de Vénissieux. Seuls 14 % des habitants interrogés disent qu’en cas d’instauration de la ZFE sur l’ensemble de la ville, ils changeront à court terme de véhicule. Ils sont aussi 8 % à envisager d’utiliser un système de covoiturage, et 5 % à télétravailler plus souvent. Le report principal s’effectuerait sur les transports en commun, qui séduisent 43 % des habitants. Inversement… 46 % continueront à utiliser leur véhicule, quitte à risquer une amende.
Sur la durée, 23 % des habitants indiquent malgré tout que la ZFE pourrait les inciter à changer de véhicule. Ils se tourneraient alors majoritairement vers l’occasion (70 %), pour un budget moyen à consacrer à ce changement de 14 795 euros.
Des aides méconnues
Selon Voix Publiques, 79 % des Vénissians ayant un véhicule trop polluant et faisant leur trajet domicile-travail en voiture n’ont pas connaissance des aides et des dérogations proposées par l’État et la Métropole. Ils sont pourtant autant (80 %) à penser qu’une aide serait pertinente pour acquérir un véhicule Crit’Air 2.
Michèle Picard, maire de Vénissieux : « Nous avons eu raison d’alerter »
« Notre ville défend des propositions afin que les conditions d’une ZFE socialement juste soient réunies. Toutes les familles n’ont pas le budget immédiatement disponible pour changer de véhicule et encore moins dans le contexte d’hyperinflation que nous subissons. Les Villes populaires de l’est lyonnais sont d’autant plus touchées avec plus de véhicules en fin de course et moins de pouvoir d’achat. Il faut donc des aides mais aussi du temps. Nous avons eu raison d’alerter et d’insister puisque mi-février, le Président de la Métropole a indiqué sa décision de modifier le dispositif de déploiement de la ZFE, prenant en compte les réserves et inquiétudes exprimées. »