Culture

Salah du groupe MoZaïKa : une mosaïque de musiques

Le guitariste et compositeur de MoZaïKa, qui vient de se produire à Lyon fin février, évoque le parcours et les chansons du groupe.

Photo Emmanuel FOUDROT

Comment ne pas se mettre le public dans la poche lorsque vous démarrez votre concert avec Abdel Kader, une chanson immortalisée par Rachid Taha, Faudel et Khaled ? Mais ce n’est pas tout car lorsque le groupe MoZaïKa entonne les compositions de son guitariste et chanteur Salah, l’écoute est assurée… et les applaudissements aussi.

Cette prestation avait lieu le 24 février dernier à l’Upper Side, un restaurant de Lyon 8e proche de la Manufacture des tabacs, et Salah était tout disposé à nous parler de son parcours et de MoZaïKa.

« Je suis originaire de Vénissieux, où j’ai toujours habité. J’ai grandi à La Darnaise, puis à Parilly et ensuite au Centre. »

Quant à la musique, elle arrive très tôt dans sa vie. « Mon oncle et ma tante jouaient de la gratte, mon père de la flûte. J’avais 10-13 ans et j’ai eu envie d’essayer. J’ai pris une guitare et j’ai appris à l’oreille, sans cours. J’écoutais des morceaux et je les rejouais. »

« J’aime travailler la mélodie, elle est importante. Il faut qu’elle touche tout de suite. »

Après avoir pratiqué son instrument « dans des petits groupes sans nom », Salah se professionnalise et, tout en continuant à travailler à côté, il accompagne pendant trois ans la chanteuse Louiza dans des tournées qui lui procurent d’excellents souvenirs. Puis, il retravaille au sein de groupes.

« Il y a d’abord eu Mosaïque, où nous étions trois chanteurs. Un chantait du raï, moi j’écrivais les compos, le troisième le faisait aussi, mais elles étaient plus occidentales. Puis est arrivé MoZaïKa. C’était il y a une quinzaine d’années. Nous revendiquons toujours une influence berbère et, aussi, un mélange de funk. Je chante en kabyle et en français. Nous touchons tous les publics, pour plaire à tout le monde. »

Aujourd’hui fort d’une quinzaine de titres, auxquels s’ajoutent des reprises, le groupe est actuellement composé, outre Salah, de Farid aux claviers, Hafid à la batterie, Naji à la derbouka et Henri à la basse. « Nous sommes trois de Vénissieux, Hafid, Farid et moi. Henri est de Vaulx-en-Velin et Naji de Bourgoin. »

Ancien trésorier de la MJC Le Cadran, à Vénissieux, Salah est aujourd’hui, avec MoZaïKa, toujours à la recherche de salles de répétition. Celles de Bizarre ! étant chères pour eux, aussi ont-ils préféré se rabattre sur Feyzin et, à présent, Bourgoin. « Nous essayons de répéter une à deux fois par mois, chaque répétition durant quatre heures. »

Parler à son rêve

Pour les compositions, Salah explique : « Je m’installe dans la chambre le soir, je prends la guitare… et ça vient. Parfois, dans la voiture, j’ai des airs qui me viennent en tête. Je les enregistre vocalement sur mon téléphone et les reprends le soir. J’aime travailler la mélodie, elle est importante. Il faut qu’elle touche tout de suite. Ensuite, je mets les textes par-dessus, même si quelquefois ce sont eux qui viennent en premier. »

Une fois qu’il a la mélodie et le texte, Salah peaufine le rythme et le groupe fignole les arrangements. « Les textes viennent comme ça : une histoire, quelque chose qui m’a touché… Ainsi, Il me suffira est une chanson triste, qui parle des derniers instants d’une femme malade. D’autres chansons parlent de la maman, de l’exil. »

Au cours du concert de fin février, la chanson Ines a ravi une jeune fille prénommée ainsi. « C’est toi » lui disaient ses copines et toutes se sont mises à danser — et pas juste sur Ines mais toute la soirée.

Pourtant, prévient Salah à propos de ce texte écrit en 2001, ce n’est pas le prénom qui est mentionné. « Ines, en kabyle, signifie ‘Dis-lui’. C’est l’histoire d’un homme qui rêve d’une femme. Il parle à son rêve, ‘Dis-lui que je ne peux pas la laisser’, il veut même rester dans son rêve et ne pas s’éveiller. »

Salah cite encore d’autres chansons qu’il a écrites, comme Elle est ou Africa, qu’il est en train de terminer, et qui évoque la famine. « Certaines sont enregistrées en studio mais nous n’avons jamais réalisé d’album complet. Ça coûte trop cher ! »

Déjà, MoZaïKa s’apprête à remonter sur scène en mai, juin et juillet avec deux concerts prévus à Bourgoin et un à Givors le 6 mai. Quant à Vénissieux, ils sont plusieurs membres du groupe à espérer pouvoir un jour jouer dans leur ville.

6 mai, 19 heures, salle Georges-Brassens à Givors : Fête interculturelle avec MoZaïKa, Flamenqueando; Groupe folklorique de Lyon, Estrela do Minho, Kenza Chal. Entrée gratuite. Repas interculturel : 7 euros. Renseignements : 07 71 82 81 45
30 juin : Villa Marbrerie à Bourgoin
23 juillet : Bourgoin.


Bio Express

1997 : Tournées avec la chanteuse kabyle Louiza qui vit à Vénissieux.
2001 : Création du groupe MoZaïKa, composé actuellement de Farid (clavier), Hafid (batterie), Naji (derbouka) et Henri (basse).
2023 : concerts dans la région Auvergne Rhône-Alpes, dans les salles de Lyon, Givors et Bourgoin.

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