L’hébergement-restauration recrute. Et pas qu’un peu ! En Auvergne Rhône-Alpes, ce milieu concentre le plus grand nombre d’intentions d’embauche. En 2023, cela concerne 55 300 postes à pourvoir. Soit 12 % de plus qu’en 2022.
Les serveurs, cuisiniers, aides, apprentis et employés polyvalents de cuisine figurent parmi les huit métiers les plus recherchés, hors projets saisonniers. Problème : tous les postes ne trouvent pas preneurs. Dans certains cas, les recruteurs des bars, restaurants et hôtels doivent s’armer de patience. Près des deux tiers d’entre eux (65 %) disent éprouver des difficultés à former leurs troupes.
Dans ce contexte, certains établissements font face à de grands défis. C’est le cas d’Eklo. Cet hôtel a ouvert ses portes le 9 janvier dernier à Vénissieux, dans le nouveau quartier du Grand Parilly. En amont, il a fallu créer pas moins de 17 postes en CDI.
« Le recrutement : 50 % de mon travail »
Trouver 17 personnes compétentes pour accueillir les clients, faire tourner le bar, cuisiner des plats et garantir la propreté des 111 chambres ne se fait pas en un claquement de doigts. « La partie recrutement représente 50 % de mon temps de travail », résume la directrice, Agnès Razanaka. Rompue à cet exercice depuis son expérience dans un quatre-étoiles à Lyon, elle a activé tous les leviers mis à sa disposition depuis sa prise de fonction en juillet 2022. « On a eu l’idée de recruter différemment, révèle-t-elle. On avait besoin avant tout de personnes dotées d’un bon contact humain, qui ont envie de faire plaisir. Avec l’agence Pôle emploi de Vénissieux, on a participé à l’événement Shop ton job, en septembre, dans la galerie marchande de Carrefour. On était également présent à deux job dating pour former notre noyau dur. »
L’immersion professionnelle n’était, de fait, pas envisageable. Alors, Eklo a mis en place une Préparation opérationnelle à l’emploi (POE). Le dispositif offre jusqu’à 400 heures de formation. « On a réussi une dizaine de recrutements grâce à cette POE, assure Agnès Razanaka. Tous ne connaissaient pas le milieu. Ils se sont formés dans les autres établissements du groupe. »
La direction n’a pas hésité à moduler le temps de travail pour lever certains obstacles et fidéliser ses effectifs : « On a adapté les horaires pour que la réception du soir finisse à 20h30 plutôt qu’à 23 h. Ainsi, nos employés peuvent prendre les transports en commun en toute sérénité. Cela rajoute des heures à ceux qui travaillent la nuit. Mais ces derniers ne travaillent plus que quatre jours par semaine. Ces formats leur plaisent bien. »
Un contexte favorable aux demandeurs d’emploi
- 6,1 % : c’est le taux de chômage en Auvergne-Rhône-Alpes. Il a diminué de 10,6 % en un an. Cela représente environ 37 000 demandeurs d’emploi en moins.
- Dans le Rhône, Pôle emploi recense 89 970 chômeurs de catégorie A (sans emploi) en février 2023. Soit 5780 de moins qu’en février 2022. Dans le département, le nombre de personnes sans emploi reste sous la barre des 100 000 depuis novembre 2021.
- 33 % des entreprises rhodaniennes envisagent de recruter. 62 % de ces projets sont jugés difficiles. 100 900 projets de recrutement sont annoncés. Du jamais vu. À titre de comparaison, seuls 63 100 intentions d’embauche étaient recensés en 2015. Les ingénieurs et cadres d’étude, chefs de projet informatique, aide-cuisine et aides à domicile ou ménagers sont les métiers les plus recherchés par les recruteurs.
Source : enquête BMO 2023