Fuites d’eau et champignons dans les appartements, saleté des parties communes, présence d’encombrants, invasions de rats et de punaises de lits, trafics de drogue… Plusieurs locataires de cette résidence du boulevard Irène-Joliot-Curie sont intarissables lorsqu’ils énumèrent les problèmes qu’ils rencontrent au quotidien. Tous souhaitent conserver l’anonymat, par peur des représailles des trafiquants qui investissent les lieux dès le matin.
Leur récit décrit une grande résidence de 324 logements sociaux en pleine décrépitude depuis quelques années. Pour la plupart, les premières grosses galères remontent à 2019. Deux mères de famille relatent des soucis plus anciens encore. Régulièrement, les tribulations des locataires de Joliot-Curie nourrissent les échanges lors des assemblées générales du conseil de quartier Jules-Guesde.
« On se sent abandonnés, répètent les occupants de ces ensembles immobiliers bâtis en 1966. Certes, on n’est pas propriétaires de nos logements mais on paye nos charges. On ne demande qu’à vivre dans de bonnes conditions. »
Estimant que la situation s’enlise, ces habitants, qu’ils soient jeunes parents ou retraités, se sont regroupés pour faire entendre leur voix. En septembre 2022, ils créent un collectif indépendant pour interpeller Lyon Métropole Habitat (LMH), leur bailleur social. « Quand on alerte individuellement, personne ne bouge, affirme la représentante du groupement de locataires. Avec le centre de relations clients, les messages passent à la trappe. Par le biais d’un collectif ou d’une association, c’est plus efficace. »
Une réhabilitation prévue pour 2025
Pointé du doigt, LMH assure pourtant agir sur plusieurs fronts et reconnaît faire face à des difficultés croissantes. « Nous constatons du squat et du trafic de stupéfiants, concède le bailleur. Nous constatons un trafic de plus en plus prégnant sur la 103 mais des opérations sont menées par la police nationale et la police municipale, en lien avec nos services. Nous avons du mal à maintenir un niveau de propreté conforme à nos standards. Mais nous redoublons d’efforts. »
Les fuites ayant dégradé des murs et plafonds, constatées par des inspecteurs de salubrité, sont connues. « Des déclarations de sinistre sont en cours, déclare LMH, qui assure réaliser des investigations et des réparations dès signalement. »
Quant au dossier « rats et punaises », il semble être classé : « Des opérations coup de poing ont été lancées en octobre 2022 pour la dératisation. À ce jour, il n’y a plus de problématique de rats. En mars, nous avons mené une opération contre les punaises de lit sur la tour 129 avec une détection canine sur 100 % des logements.»
Depuis l’automne, les positions se seraient rapprochées, à en croire le bailleur social : « Quatre rencontres ont eu lieu avec les représentants de la Confédération nationale du logement (CNL), deux autres avec le collectif non-affilié. » Un Conseil de concertation locative s’est également tenu le 28 mars.
Les relations entre bailleur et locataires se réchaufferont-elles dans un futur proche ? La réhabilitation que certains réclament de longue date devrait intervenir sous peu. « Une étude est en cours, révèle LMH. D’importants travaux d’accompagnement sont programmés entre 2023 et 2024 pour un montant de 1,7 million d’euros, avec notamment le remplacement des portes palières, la mise en place de contrôles d’accès et la reprise des circulations et parking. » La mise en œuvre de la réhabilitation ne pourrait être effective avant début 2025. Soit 30 ans après la dernière, qui remonte à 1995.