Faire face à la dépendance avec ICOPE (« je fais face » en anglais). Ce projet international, lancé par l’Organisation mondiale de la santé en 2020, a pour objectif de prévenir la dépendance chez les personnes âgées en repérant précocement leurs fragilités.
La Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) de Vénissieux, associée aux Hospices civils de Lyon, a été sélectionnée par le ministère des Solidarités et de la Santé et la Caisse nationale d’assurance-maladie afin d’expérimenter ce programme sur différents territoires, notamment Vénissieux, Saint-Priest et Lyon 8e. « C’est un projet préventif, interprofessionnel et collaboratif, explique Nadia Mohamed, infirmière en pratique avancée à Vénissieux. L’espérance de vie augmente, mais l’espérance de vie en bonne santé et sans incapacité, elle, ne bouge pas, notamment dans les quartiers populaires. Il y a énormément d’incapacités dans les territoires de précarité et je pense que c’est en partie pour cette raison que la CPTS de Vénissieux a été sélectionnée. En dépistant les fragilités le plus en amont possible, on peut espérer trouver des solutions et prolonger l’autonomie. »
Une cinquantaine de professionnels formés
Ce dépistage sera à destination de toutes les personnes, à partir de 60 ans, et portera sur six fragilités : l’audition, la locomotion, la nutrition, la cognition, l’humeur et la vue. Les patients feront de l’auto-repérage : ils se testeront eux-mêmes tous les six mois via une application, et répondront à une série de questions. « Par exemple, pour la mémoire, on va demander au patient la date du jour et lui faire le test du ‘rappel de mots’, décrit Sofia Perrotin, maître de conférences associée en médecine générale. Il devra retenir trois mots qu’on lui demandera plus tard de rappeler. » S’il y a une erreur, ICOPE émettra alors une alerte.
« L’Idée est aussi de proposer un plan personnel de soins pour répondre aux différentes problématiques : on prend en compte les souhaits des patients pour savoir ce qu’ils veulent faire, on est à l’écoute », précise le médecin.
Au total, une cinquantaine de professionnels sont actuellement formés à Vénissieux afin d’accompagner les patients dans cette expérimentation, jusqu’à la fin de l’année 2024. De nombreux partenariats sont envisagés avec différents acteurs (associations locales, CCAS ou encore La Poste) pour repérer les personnes qui pourraient être concernées par ce dépistage. « Les facteurs sont des personnes qui peuvent facilement accéder aux patients, affirme Sofia Perrotin. Ils ne sont pas professionnels de santé mais peuvent être en contact avec les personnes isolées et pourraient donc lancer l’alerte et les aider à se tester. »