Ce 8 mars, la médiathèque Lucie-Aubrac était en effervescence. C’est ici que se tenait l’inauguration de la onzième édition du festival Essenti’Elles et tout le monde fignolait la touche finale. Petit tour du propriétaire.
Dans la travée de droite, en entrant dans le bâtiment, plus d’une vingtaine de personnes s’affairaient avec l’artiste Alegria Blue à finir de peindre quatre tableaux collectifs. Du jaune ici, du bleu là et encore un peu de rouge : les couleurs éclataient pour la plus grande joie des apprentis peintres.
Un peu plus loin, les EPJ (équipements polyvalents jeunes) répétaient le défilé pour les costumes qu’ils avaient conceptualisés et peints avec Alegria Blue. Plus loin encore, les services de la Ville finissaient les réglages de la sono et de la vidéo. Tout était en place, le festival Essenti’Elles pouvait démarrer.
Pour marquer plus fortement les dix ans d’existence d’une manifestation qui prend en compte les femmes et leurs combats, le maire, Michèle Picard, rappelait la récente adoption par le Sénat, début février, de « l’inscription dans la Constitution de la liberté de la femme à recourir à l’avortement ». Mais, soulignait-elle, « les sénateurs ont substitué la notion de liberté à celle du droit, soutenue par les forces de gauche. Sacré recul par rapport à l’ambition du texte (…) Aujourd’hui, en 2023, contre 166 voix pour, 152 sénateurs ont donc voté contre l’inscription du droit à l’avortement (…) Une piqûre de rappel très parlante ! »
Elle abordait encore la question des retraites : « Si la réforme d’Emmanuel Macron était appliquée, il y aurait toujours 25% des retraités avec une pension inférieure à 1 200 euros, environ 40% de femmes et 15% d’hommes. »
L’égalité des salaires ? Le salaire annuel net moyen des femmes est de 16,4% inférieur à celui des hommes. « Nos aînées le savaient, notre génération le sait et les jeunes femmes d’aujourd’hui peuvent le deviner : le combat pour les droits des femmes est permanent. »
Elle abordait enfin la question des violences faites aux femmes et des féminicides : 111 en 2022. « La Ville a adopté le 15 décembre une convention tripartite pour la mise à disposition de logements d’urgence, dont la ratification interviendra le 24 mars prochain. Ajoutons la convention passée avec VIFFIL qui nous permet d’accompagner 25 Vénissianes isolées, avec ou sans enfants, victimes de violences. » La commune prend aussi en charge le financement d’une intervenante sociale au commissariat, où un psychologue a déjà pris ses fonctions. Le maire évoqua encore le collectif Femmes de Vénissieux, les ateliers d’autodéfense féministe animés par l’association Impact, le Forum Santé, la collecte des protections hygiéniques qui se déroule jusqu’au 28 mai et la sensibilisation des plus jeunes aux thématiques d’égalité avec les projets de Filactions et Vilain.e.s. « À nous donc, concluait Michèle Picard, de rêver et bâtir l’avenir des femmes. »
Une Fashion Week made in Vénissieux
Vint ensuite la présentation de six projets menés par les jeunes des EPJ avec l’association Entreprendre pour apprendre : Le Patrouilleur, Security for All, Bijou Secure, An Egual World, UEFH (Union de l’égalité Femmes-Hommes) et Association mixte des défenseurs de Vénissieux. Un jury constitué du maire et d’élus récompensa Bijou Secure, proposition d’un bijou qui envoie, lorsqu’une femme est agressée, un message d’alerte et la localisation de la victime.
Décidément sur tous les fronts, les EPJ montrèrent ensuite l’étendue de leurs talents créatifs lors d’un défilé digne de la Fashion Week, sous les applaudissements ravis d’un public venu très nombreux.
Enfin, ultime moment de grâce avec le formidable atelier vocal de l’école de musique. Accompagnées au piano par Christophe Waldner, Lou Rivaille et ses quatre élèves (Mona, Alicia, Lina et Léa) firent fondre l’assistance avec un répertoire approprié : Joni Mitchell, Kate Bush, Jacques Brel, Madison Cunningham, France Gall, etc. De quoi faire péter tous les buzzers si l’on avait été dans une émission télévisée.
