Si le bleu est inscrit jusque dans son nom d’artiste, c’est qu’il est important dans les créations d’Alegria Blue, des toiles pour la plupart de grand format qui représentent un quotidien pas toujours facile. « Je travaille, explique-t-elle, des thèmes compliqués avec une approche lumineuse. »
Si elle ne peint que depuis trois-quatre ans, cette artiste belge dessine depuis l’âge de 12 ans. « Au collège, j’avais une grosse option avec neuf heures d’enseignement artistique par semaine, puis j’ai passé une licence de graphisme. La peinture est arrivée lorsque je me suis installée dans la région lyonnaise. »
Et ses toiles accrochent vraiment. On en donnera pour preuve une galerie parisienne qui l’a exposée un mois durant et une autre, cannoise, qui va à présent les montrer, en avril. Avant une bruxelloise.
Un autre pays où elle aimerait montrer son travail, c’est la République démocratique du Congo. Alegria s’est construite auprès de la communauté congolaise de Belgique, qu’elle représente souvent dans ses peintures. « Je porte l’héritage de générations de parents qui ont vécu la colonisation du Congo belge. Je veux montrer l’héroïsme ordinaire des gens au quotidien. Ils vivent des difficultés et ce qu’ils accomplissent, c’est toujours dans l’ombre, en toute modestie. Je veux magnifier ces personnes. »
Hopper, Hockney… et la couleur
Toutes colorées, certaines de ses toiles peuvent faire penser à Edward Hopper (pour ce tableau sur fond bleu, où une femme portant des lunettes de soleil et un homme chapeauté regardent vers l’extérieur du cadre) ou à David Hockney (avec cette scène de piscine, bien sûr, tirée d’un fait réel, dans laquelle un secouriste vient à l’aide d’une nageuse victime d’un malaise). Cela tombe bien, Alegria avoue apprécier les deux artistes. « Hopper avait la vision de l’ordinaire, du quotidien. »
Elle est contente de voir le retour en force de la peinture figurative dans les galeries et les biennales d’art contemporain. « Pour le portrait, c’est plus compliqué. Les scènes de vie, en revanche, reviennent à la mode. J’ai envie d’aller plus loin, d’aller vers autre chose. J’ai commencé à incorporer des tissus dans mes tableaux. »
La couleur reste sa principale passion, la forme, dit-elle, n’étant qu’un prétexte pour l’amener. Elle aime aussi baigner une scène réelle dans une atmosphère plus onirique. Aujourd’hui, Alegria se consacre entièrement à son art : de la peinture (beaucoup), un peu de graphisme et des illustrations, en ce moment pour un livre pour enfants. « Je pratique aussi la peinture digitale qui me donne plus de liberté, qui est plus instantanée. »
Une fresque et un défilé
Pour le festival Essenti’Elles, Alegria a proposé pour les jeunes des EPJ des ateliers de peinture et de peinture sur vêtements. C’est cette dernière idée qui a été validée. « Puisque les mots d’interculturel et intergénérationnel avaient été prononcés, il fallait les debriefer et trouver des symboles forts. On a dessiné les idées principales : le mélange culturel se créait à travers leur conception de la diversité. Je voulais les faire sortir des clichés, encore que ceux-là ne soient pas forcément faux. Et réfléchir sur des choses plus profondes, moins évidentes. Chaque EPJ a fait ses choix de vêtements et les a amenés. Ils les porteront pendant le défilé. Ces jeunes ont entre 10 et 14 ans, avec quelques plus grands de 16-17 ans. Je les laissais exprimer leurs idées, je guidais leurs réflexions mais cela vient vraiment d’eux, avec de très bonnes idées. »
Elle explique combien, à la fin des séances, ils étaient fatigués et trouvaient que c’était dur. « Mais, ajoute-t-elle en souriant, ils persistaient. Ils ont compris que l’art, ce n’était pas n’importe quoi ! »
Le défilé se déroulera à la médiathèque Lucie-Aubrac, le 8 mars à partir de 17 heures. Il sera accompagné par l’atelier BPM de l’école de musique et de « Bizarre ! ».
Avant cela, à 14 heures, Alegria et le CCAS (Centre communal d’action sociale) proposent la création d’une fresque collective sur toile. « Il y aura entre 12 et 16 participants, reprend Alegria, la plupart inscrits à l’avance, plus quelques-uns qui peuvent venir le jour-même. Nous travaillerons sur le sujet du festival, à la manière de Niki de Saint Phalle. J’expliquerai qui elle était et le résultat dépendra du désir des participants. J’amènerai tout le matériel. »
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