Un problème administratif ? Une difficulté à remplir un document numérique ? Un conflit de voisinage ? Tarek Lakhmeche est l’interlocuteur qu’il vous faut. Cet accompagnateur administratif et numérique assure des permanences régulièrement à l’hôtel de ville, à la maison de quartier Darnaise et dans les centres sociaux Parilly, Moulin-à-Vent et Roger-Vailland. Le service est gratuit.
Tarek a une formation juridique. « La dématérialisation peut être compliquée pour les usagers, explique-t-il. C’est une détresse sociale. Certains n’ont pas accès à l’informatique. D’autres ont la barrière de la langue. Ce service a été mis en place en 2018-19 et il fonctionne très bien. »
À tel point que, depuis janvier et pour faire face à la demande, il faut prendre rendez-vous, soit à l’accueil de la mairie, soit dans les lieux ou Tarek intervient. L’objectif de sa présence ? « Il existe un besoin de désengorger le système administratif et judiciaire en passant par la médiation. Ainsi, je n’hésite pas à rediriger les gens, en fonction du besoin, vers une assistante sociale ou un avocat spécialisé. Il s’agit pour nous d’apporter une première information. »
Quant à la barrière de la langue, on ne demande pas à l’accompagnant administratif et numérique d’être polyglotte. Directrice d’Amely, l’association partenaire de la mairie, Sabine Morel précise : « La langue n’est pas un critère. Nous considérons que les formalités administratives doivent être rédigées en français. Les personnes peuvent bien entendu venir avec quelqu’un qui les aide mais traiter ces affaires en français est une façon de s’autonomiser. Ce n’est pas évident, il faut trouver le biais pour accompagner la personne mais ce ne serait pas un service à lui rendre que de tout faire dans sa propre langue. »
L’intimité administrative
Derrière son bureau du CCAS, Tarek garde un œil fixé à son agenda. C’est que celui-ci est bien rempli et que le prochain rendez-vous ne va pas tarder à arriver. « Je suis un itinérant, précise-t-il en souriant. Je tourne sur une vingtaine de sites, à Vénissieux et ailleurs, et je passe mon temps à me déplacer. »
A-t-il eu des demandes saugrenues ? Genre lettre d’amour ? Il secoue la tête. « Non, une fois on m’a demandé d’écrire un livre. Mais c’est un cas sur un millier d’usagers. J’ai pu malgré tout apporter une aide administrative à cette dame. Je suis plutôt confronté à l’intimité administrative. C’est souvent concret, profond. On voit les difficultés de la vie, les soucis du quotidien. On est là pour accompagner et débloquer des situations, comme un problème avec un bailleur ou avec un voisin. »
Jusqu’à présent seul à intervenir à Vénissieux, Tarek va se voir confier de nouvelles missions. Sabine Morel annonce qu’un recrutement est prévu à partir de janvier 2023 pour accompagner Tarek, qui ne pourra plus assurer la totalité des permanences.
Quant au terme d’écrivain public, il est plus facile à retenir alors qu’il ne correspond pas à la fonction. D’où la désignation d’accompagnant administratif et numérique.
À noter encore que des conseillers numériques peuvent également vous assister, à titre individuel ou dans le cadre d’ateliers de groupes, à la médiathèque Lucie-Aubrac (04 72 21 45 54), au CCAS (Centre communal d’action sociale – 04 72 21 44 95) et à la maison de quartier Darnaise (04 72 89 77 40). Ils font partie d’un projet Métropole pour des missions seulement en lien avec le numérique et ne peuvent ainsi assurer aucune demande administrative écrite.
800 personnes reçues en 2022
Adjointe en charge des politiques sociales, de la lutte contre la grande pauvreté et des personnes âgées, Saliha Prudhomme-Latour se souvient de cette demande, formulée en 2018 par Michèle Picard, maire de Vénissieux et présidente du CCAS (Centre communal d’action sociale) : « Elle m’avait demandé de travailler sur la présence dans la ville d’un écrivain public et numérique. Cela a démarré par trois permanences hebdomadaires à l’hôtel de ville, à la maison de quartier Darnaise et au centre social Roger-Vailland, qui répondaient à un réel besoin. »
Sollicitée, l’association Amely, qui travaille depuis longtemps avec la mairie, identifie un profil de poste. Lequel poste est financé par la municipalité, la Métropole et la Politique de la ville.
« Nous portons un projet associatif qui défend l’accès au droit et aux droits, témoigne Sabine Morel. Nous nous inscrivons dans un territoire, avec des partenaires. Pour nous, la dimension de réseau est importante. »
Saliha Prudhomme-Latour définit la fonction : « C’est une aide à la rédaction d’un courrier ou d’un dossier de demande de logement ou d’une déclaration d’impôts, par exemple. Il s’agit surtout de lutter contre le non-recours aux droits et la fracture numérique. À l’époque, le Secours catholique tenait quelques permanences pour venir en aide aux habitants. La mise en place d’un tel service naît du travail de plusieurs partenaires sur le territoire. Depuis, le CCAS s’est porté candidat pour l’expérimentation « territoire zéro non-recours » au Moulin-à-Vent, dont la première année vient de se terminer. »
Elle annonce qu’en 2021, près de 700 personnes ont été reçues par Tarek Lakhmeche et, alors que l’année n’est pas tout à fait terminée, le chiffre atteint presque les 800 personnes pour 2022. « C’était une volonté politique de mener à bien cette mission », ajoute l’élue.
Permanences : Hôtel de Ville (CCAS) : mercredi de 9 à 12 heures – 04 72 21 44 44.
Maison de quartier Darnaise (45, boulevard Lénine) : mardi de 14 à 17 heures – 04 72 89 77 40.
Centre social Roger-Vailland (5, rue Aristide-Bruant) : vendredi de 9 à 12 heures – 04 72 21 50 80.
Centre social Parilly (27 bis, avenue Jules-Guesde) : 2e vendredi de chaque mois de 13h30 à 16h30 – 04 78 76 41 48.
Centre social Moulin-à-Vent (47-49, rue du Professeur-Roux) : 2e jeudi de chaque mois de 9h30 à 12 heures – 04 78 74 42 91.