Pour la Zone à faibles émissions (ZFE), la Ville dit de nouveau « oui, mais… ». « Oui », parce que, Michèle Picard, le maire, le confirme : les élus « partagent l’objectif final d’un air moins pollué ». « Mais… », parce que de l’avis du conseil municipal de Vénissieux, le calendrier du renforcement de la ZFE risque de « créer des inégalités entre les territoires et les habitants de la Métropole ».
Ainsi, en décembre, le conseil municipal a donné un avis favorable sur les objectifs du projet d’extension de la ZFE — qui sera discuté au printemps en conseil métropolitain — tout en rappelant ses réserves sur les mesures d’accompagnement envisagées, et sur le sort réservé aux véhicules Crit’Air 2. Rappelons que ces derniers, en l’état actuel du projet, seront interdits sur le périmètre central de la ZFE au plus tard début 2026.
« Il faut agir, mais malgré l’urgence, il faut aussi savoir s’accorder un peu de temps, estimait ainsi Michèle Picard. On ne change pas un parc automobile du jour au lendemain. Toutes les familles ou tous les professionnels n’ont pas le budget pour acheter un véhicule électrique ou hybride. Et le contexte d’hyper inflation actuel a modifié les priorités du moment. Elles se concentrent sur les charges directes, à savoir la consommation d’énergies, l’alimentation, le paiement des loyers… »
« Notre Ville considère à l’heure actuelle que les personnes aux revenus limités n’ont pas les moyens financiers d’acquérir un véhicule Crit’air 0 ou 1. Les aides de l’État et de la Métropole ne le leur permettent pas, d’autant que le marché d’occasion est déséquilibré entre des véhicules essence ou diesel à la cote dépréciée et des véhicules électriques dont la valeur augmente. Ce projet concerne plus de 80% des Vénissians, et beaucoup d’entre eux ne mesurent pas concrètement les effets de la mise en place de la ZFE. »
Des inquiétudes portées cette semaine en conseil métropolitain par le Groupe Communiste et Républicain, qui s’est fait le relais d’une déclaration de plus de 70 élus de vingt communes du Rhône, rédigée à l’initiative de l’ADECR (Association des élus communistes et républicains). Les élus de la Métropole échangeaient alors sur les conditions de mise en œuvre des mesures d’aides aux particuliers et aux professionnels.
Une concertation à Vénissieux en 2023
« L’immense majorité des automobilistes concernés n’a pas encore perçu les conséquences de cette ZFE, jugeait, en conseil métropolitain, Pierre-Alain Millet. Dans le cas des particuliers, nous estimions autour de 20 000 véhicules concernés et nous arrivons pour cette année 2022 à 10 aides seulement, soit moins de une pour 1 000… Cela nous conduit à insister sur le besoin de réponses nouvelles à apporter à ce défi dans l’information des habitants et donc dans les outils de concertation. Nous avons tous conscience que la ZFE peut provoquer des réactions de rejet, surtout si ce qui est perçu par des habitants n’est pas d’abord l’accompagnement vers un changement de mobilité, mais la contrainte pouvant aller vers des sanctions. »
Les élus du Groupe Communiste et Républicain (dont font partie, pour Vénissieux, Michèle Picard, Pierre-Alain Millet et Marie-Christine Burricand), ont ainsi proposé de nouvelles pistes à la Métropole : revoir l’agenda de la ZFE en fonction de la montée en charge de l’offre TCL ; reporter la décision sur les Crit’Air 2 ; tenir compte des situations sociales des usagers pour les accompagner vers des mobilités propres ; mettre en place un plan d’urgence extraordinaire associant réseau express métropolitain, métros, trams et bus.
Localement, en tout cas, le sujet reviendra sur le devant de la scène dès 2023 : en conseil municipal, les élus ont décidé l’organisation d’une grande consultation des Vénissians sur l’extension et le renforcement de la ZFE. « Qu’attendent les habitants au niveau des aides, des dérogations ? Comment imaginent-ils leurs prochaines mobilités ? Quelles attentes et quels besoins en termes de transports en commun ? L’expression des Vénissians est capitale, elle viendra renforcer nos demandes auprès de la Métropole, résumait Michèle Picard. Étude sur le marché de l’occasion, possibilité d’ouvrir de nouvelles aides en fonction des nouveaux critères, élargissement de certaines dérogations, mobilisation des employeurs dans l’accompagnement des salariés, prise en compte des déplacements liés au travail de nuit : notre ville défendra de nombreuses propositions auprès de la Métropole afin que les conditions d’une ZFE socialement juste soient réunies. »