On se souvient que, lors de la dernière année scolaire, les classes d’Amandine Ramaugé et de Christelle Lance de l’école élémentaire Anatole-France B avaient participé au projet Mission X, étaient arrivées deuxièmes et avaient bénéficié d’un voyage à Toulouse, pour visiter la Cité de l’espace. Suite à la demande des deux enseignantes, le Spatiobus du CNES (Centre national d’études spatiales) s’est installé dans la cour de l’école et à la maison de l’enfance, du 29 novembre au 2 décembre. Et Thierry Duval, médiateur scientifique, est passé dans les classes, fascinant les enfants par les expériences qu’il leur faisait faire.
Ce jour-là, c’est justement la classe de CE1 d’Amandine qui reçoit Thierry. Tout le talent du scientifique consiste à aborder d’une manière simple un domaine pointu. C’est avec les satellites que démarre la discussion et, pour mieux faire comprendre à quoi ils servent, Thierry mentionne le GPS, dont il explicite le sigle, Global Positioning System. La gravité est évoquée avant de poser la question : « Qu’est-ce qui peut permettre de repérer votre position avec votre téléphone ? » « C’est parce qu’il est intelligent ? », lance un élève. « C’est la technologie ! » résume un autre.
Parlons à présent de Mars. Mais d’abord, pourquoi la Terre est-elle bleue interroge Thierry. « Parce qu’il y a de l’eau » répond la classe en chœur. « Et pourquoi Mars est orange ? » Le médiateur tient dans les mains une photo de la planète. « Parce qu’il y fait chaud ? », se risque une écolière. Non, au contraire, la température est très froide et c’est le sol qui donne cette teinte. Est abordée alors la question de l’eau, car de la glace est nettement visible sur l’image martienne. Tous les enfants lèvent le doigt car ils connaissent les trois états de l’eau, liquide, solide et gazeux. Thierry parle de l’atmosphère terrestre et de l’oxygène alors que celle de Mars, ainsi que sa glace, contiennent du dioxyde de carbone, le CO2. « Et, ajoute-t-il, en très grande profondeur, on peut trouver sur Mars de la glace d’eau. »
Vont alors démarrer une série d’expériences qui va ravir les enfants. Thierry a de la glace de CO2, obtenue à -78°C, qui passe à l’état gazeux en se réchauffant. En posant sur sa joue le tube à essai qui la contient, on sent effectivement de l’air sortant de l’éprouvette. Il va à présent reconstituer l’atmosphère martienne. « C’est comme Top Chef, assure-t-il. C’est une recette de cuisine ! » Il fait verser du vinaigre sur la glace carbonique et obtient une émulsion. Puis, au moyen de ce jouet que connaissent tous les gosses, il souffle des bulles de savon sur le saladier qui contient la glace et le vinaigre. L’une d’entre elles, qui n’a pas éclaté, reste en suspension au-dessus du saladier.
Le brouillard glacé de Mars
Thierry enchaîne expériences et explications, parle de l’air chaud et de l’air froid, d’une montgolfière, de l’été martien, des Global Dust Storms, ces tempêtes de poussière martienne dues à la glace qui se transforme en air glacé. Au cours d’une nouvelle expérience, il crée un brouillard glacé qui s’échappe d’un récipient et stagne sur la table. Les enfants s’approchent tous, ébahis. Plus tard, en fin de semaine, ils iront s’émerveiller du planétarium, dans le Spatiobus.
« Quand on est médiateur scientifique, explique Thierry une fois que les enfants sont partis en récréation, il faut trouver les outils qui vont parler au plus grand nombre. Et également adapter le discours à l’âge et trouver des choses qu’ils connaissent. Le tout, c’est d’avoir envie de partager ses curiosités. L’optique est de faire réaliser des expériences par les enfants, pour qu’ils comprennent. »
Il sait bien combien varient les références. « Ça change tous les cinq ans. Il n’y a pas si longtemps, je me servais du dessin animé Wall-e — l’histoire d’un robot qui nettoyait la Terre de ses déchets, NDA — mais les enfants d’aujourd’hui ne l’ont pas vu. »
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