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« À cause du harcèlement, je suis devenue anorexique »

Pour la Journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, qui a lieu ce 10 novembre, deux collégiennes témoignent.

Crédit photo © Nicolas Duprey

En France, sept jeunes sur dix affirment avoir déjà été victimes de violences au sein de leur établissement d’après l’association les Apprentis d’Auteuil. Du harcèlement scolaire qui peut prendre différentes formes : agressions verbales (insultes ou moqueries) pour 64 % des victimes, pour 44 % cela se traduit par des violences psychologiques (cyberharcèlement, harcèlement moral) et 38 % d’entre elles ont vécu des violences physiques. Pour la Journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, qui a lieu ce 10 novembre, deux collégiennes vénissianes ont accepté de témoigner. L’une revient sur le harcèlement qu’elle a vécu, l’autre a écrit une nouvelle sur le sujet.

Célia* est en 4e. Elle a retrouvé “normalement” les bancs de l’école cette année. Pendant plusieurs mois, alors qu’elle était en 5e, cette jeune fille de 13 ans a bénéficié d’un aménagement de son emploi du temps suite au harcèlement scolaire dont elle a été victime. Elle a encore du mal à parler de ce qu’elle a vécu, mais a tenu à partager son histoire pour faire réagir les harceleurs, mais aussi les personnes autour des harcelés : les parents, les enseignants, les amis. “C’est dur d’en parler, même à nos parents, on a peur que personne ne comprenne. On en parle et ils nous disent ‘ce n’est pas grave, c’est juste des boutades, il ne faut pas le prendre mal, c’est pour rigoler’. Ils ne se rendent pas compte que ça fait très mal, ce ne sont pas eux qui subissent ça tous les jours.”

Célia a été victime de “moqueries”. Pendant plusieurs mois, des jeunes de son collège l’ont humiliée, à l’école mais aussi sur les réseaux sociaux. “À cause de ça, je suis devenue anorexique. J’ai perdu dix kilos. J’ai commencé à faire une dépression, je n’ai pas réussi à aller au collège pendant deux semaines, je restais enfermée chez moi. J’ai décidé d’en parler à mon père, on est allés voir la CPE. Les élèves sont venus s’excuser, mais c’était par obligation, ça se voyait. Leurs excuses n’étaient pas sincères.”

Les réseaux sociaux en ligne de mire

Crédit photo Unsplash

Pour Célia, l’effet de groupe est indéniable dans les causes du harcèlement scolaire. “Quand ils sont en bande, ils aiment bien rabaisser les gens timides, introvertis comme je l’étais. Eux, ils ne savent pas la douleur que ça inflige, ils se sentent supérieurs, ils rentrent chez eux et n’y pensent plus, mais ceux qui sont harcelés sont tristes et mal.”

Maya*, 12 ans, a écrit une nouvelle pour essayer de faire comprendre ce que ressentent les enfants victimes de harcèlement scolaire. Elle n’a jamais été harcelée, mais des amis à elle l’ont été et ce sujet lui tient à cœur. Elle décrit les harceleurs comme des “ogres”. On découvre son récit à travers Nina, une adolescente qui se confie à son journal intime. “J’ai voulu montrer ce qu’il se passe psychologiquement pour les personnes harcelées. On n’en parle pas assez, je trouve. Cela peut faire encore plus mal qu’une blessure physique et peut parfois même pousser au suicide.”

Les deux collégiennes estiment que les réseaux sociaux ne font qu’empirer la situation. Elles ont d’ailleurs décidé de ne pas avoir de compte sur Snapchat, Instagram ou encore TikTok. “C’est tellement simple de harceler quelqu’un avec ça”, affirme Maya. Les solutions mises en place dans les établissements scolaires, jugent-elles, ne sont pas suffisantes. “Il faudrait que des psychologues spécialisés dans ces sujets soient présents dans les collèges, suggère Célia. On pourrait peut-être se confier plus facilement.”

Face au traumatisme de Célia, son père a décidé de l’emmener voir un psychologue. Mais la jeune fille continue de souffrir. “Je consulte toujours et je suis sous antidépresseur. Il m’arrive de changer d’humeur, je peux parfois me renfermer sur moi-même. Je fais aussi de la déréalisation, j’ai l’impression de ne pas être moi-même, d’être comme dans un rêve.” Mais elle s’efforce de rester optimiste : “J’ai mon groupe d’amis, j’essaie de me construire une carapace pour éviter que cela se reproduise. J’espère juste que ça ira mieux et que je ne me sentirais pas comme ça pour toujours.”

*Les prénoms ont été modifiés

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