Essayez, d’ordinaire, de trouver un sourire dans le métro. La plupart des visages restent fermés, les yeux fixés sur l’écran d’un téléphone portable. Que s’est-il passé alors, cette après-midi du 3 novembre, sur la ligne D et dans le funiculaire qui montait à Fourvière ? Les sourires s’affichaient, les yeux pétillaient. Il faut expliquer que dans le cadre du festival Parole ambulante, qui s’est installé dans toute la métropole jusqu’au 8 novembre, l’Espace Pandora — qui organise — avait demandé à deux comédiennes de déclamer des textes. Ce n’était pas Zazie mais bien la poésie qui s’invitait dans le métro.
Prenant leur rôle à cœur, Luce Bekistan et Véronique Alexis débarquaient dans la rame, prévenaient qu’il ne s’agissait pas d’un contrôle et enchaînaient deux-trois textes avant de redescendre et de recommencer dans le wagon suivant. On entendait alors des « Déjà ? C’est fini ? » et les deux comédiennes sortaient sous des applaudissements soutenus.
Comment ne pas être captivés lorsqu’on entend des phrases telles que « La seule chose à faire est d’être digne de ceux qu’on aime » de Patrick Laupin ? Les voyageurs se régalèrent ainsi des mots de Livane Pinet, de Fernando Pessoa ou du terrible désir de Boris Vian : « Je voudrais pas crever avant d’avoir connu les chiens noirs du Mexique qui dorment sans rêver, les singes à cul nu dévoreurs de tropiques, les araignées d’argent au nid truffé de bulles… »
Rien de plus normal alors, tandis que les deux dames descendaient sur le quai, qu’elles soient saluées par une salve d’applaudissements. Luce et Véronique évoluaient à l’aise dans la foule des usagers de la rame, cherchant du regard les yeux de l’un, apostrophant un autre, recevant à chaque fois un joli sourire en retour.
Parole ambulante se poursuit ce soir à 20h30 au Social Palace (Lyon 9e), avec une carte blanche à Cheyne Éditeur. Samedi 5 novembre, après la remise du prix Leynaud à Hélène Lépine (à 11 heures à la bibliothèque municipale de la Part-Dieu), on pourra assister à une lecture-performance de Serge Pey et Chiara Mulas, à 19h30 au Théâtre sous le Caillou (Lyon 4e). Le 6 novembre à 17 heures, le rendez-vous est donné au Périscope (Lyon 2e) pour la soirée Poésie, exil & résistances avant l’ultime soirée du 8 novembre à 20 heures, à la Ferme du Vinatier, en compagnie de Livane Pinet, Gérard Noiret et Dimitri Porcu.
Habitante
5 novembre 2022 à 5 h 11 min
Comme toujours l’Espace Pandora propose une initiative formidable! Le métro : lieu impersonnel qui trouve, avec ces lectures, un moment d’exception dans une journée souvent terne pour les voyageurs plongés dans leurs pensées! Bravo à toutes et tous.