Jamais deux sans trois. Après la journée de mobilisation du 5 octobre, les grévistes avaient de nouveau débrayé huit jours plus tard devant la grille de la société. Les cinq organisations syndicales représentatives s’étaient regroupées. Ter repetita ce jeudi 27 octobre. L’intersyndicale FO, CGT, SUD, CFE-CGC et CFDT maintient la pression sur la direction du constructeur de camions.
Le débrayage, organisé de 11 à 13 heures, rassemble tous types de personnels du site vénissian et de l’usine des Ponts et Essieux de Saint-Priest. « On a des ouvriers, des agents de maîtrise, des techniciens et des cadres, énumère Hervé Dalphin, délégué central CFDT. Personne ne veut se contenter des 500 euros de la prime de partage de la valeur. On ne demande pas l’aumône. On veut négocier. »
Pour les salariés en colère, les bons résultats du Groupe Volvo, maison mère de Renault Trucks, devraient engendrer une meilleure répartition des richesses. C’est ce que mentionne le communiqué de l’intersyndicale : « Un groupe qui fait des milliards de bénéfices ne doit-il pas négocier avec les syndicats représentatifs ? »
« Il faut revoir la grille salariale »
Selon les données financières publiées par le groupe suédois, sur les trois premiers trimestres de 2022, le numéro deux mondial des poids lourds compile un résultat d’exploitation de 38,3 millards de couronnes suédoises, soit environ 3,5 milliards d’euros.
« On n’est pas TotalÉnergies, on ne réclame pas 10 % d’augmentation, on demande juste à revenir à la table des négociations, confie Olivier Repessé, délégué syndical central (FO). Le calendrier des négociations annuelles obligatoires nous est très défavorable. En janvier et février, les dividendes ont déjà été versés. »
Comme l’ensemble de ses camarades de l’intersyndicale, l’élu Force ouvrière privilégierait une hausse des salaires à un versement de primes : « Il faut revoir la grille salariale. Ce qu’on demande, c’est une augmentation générale, pas individuelle. Renault Trucks doit être capable d’embaucher. Aujourd’hui, l’entreprise peine à recruter. On a compris que politiquement, il était hors de question d’indexer les salaires sur l’inflation. Or, le coût de la vie augmente et on n’y est pour rien. C’est la création monétaire qui en est à l’origine. »
Contactée, la direction du groupe n’a pas encore répondu à nos sollicitations. Le 6 octobre, elle précisait que dans le cadre des négociations annuelles, « deux tiers des opérateurs avaient reçu, en plus des mesures collectives, une augmentation individuelle ». Le constructeur mentionnait une évolution moyenne « d’au moins 4,1 % du salaire de base pour les trois catégories socioprofessionnelles. » Enfin, le montant de l’intéressement et participation a été fixé à environ 1 800 euros net sur l’année 2021.