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Le Conseil municipal d’enfants fête ses dix ans

En 2012, pour la première fois à Vénissieux, 44 jeunes de la commune étaient élus au Conseil municipal d’enfants. Dix ans après, plus de 220 élèves ont pris part à cette expérience citoyenne et éducative.

La première promotion du CME en visite au Sénat avec le vice-président du Sénat, Guy Fischer et Michèle Picard, édile de Vénissieux

« A voté », s’exclame une des élèves de l’école Pasteur. Avec ses camarades de classe, elle s’occupe de l’élection des candidats à la prochaine promotion du Conseil municipal d’enfants (CME). Dans le gymnase, les enfants sont en file indienne et attendent patiemment leur tour pour passer dans l’isoloir et déposer leur bulletin dans l’urne. Tout est organisé comme pour de « vraies » élections. Ils doivent même présenter leur carte d’électeur avant de voter.

« Ce que j’ai préféré, c’est aller dans l’isoloir », nous confie Wassim, en CM2. Après une semaine de campagne, tous les enfants de Vénissieux, en classes de CE2, CM1 et CM2, ont été appelés à voter les 13 et 14 octobre derniers afin d’élire les deux candidats de leur école qui siégeront au CME. Sur les 379 élèves qui se sont présentés, seulement 46 ont été élus. Et cette année, l’élection est d’autant plus importante que l’on célèbre le dixième anniversaire du Conseil municipal d’enfants.

« Une création collective »

C’est en 2012 que le CME vénissian a vu le jour. Michèle Picard, maire depuis 2009, a placé ce projet comme une de ses priorités lors de son arrivée à la tête de la commune. « Les enfants ont beaucoup de choses à dire sur leur ville et il est intéressant d’avoir leurs points de vue, leurs projets, leurs initiatives, de savoir quelles choses ils aimeraient voir s’améliorer », souligne l’édile de Vénissieux.

Il a fallu obtenir l’accord de l’Éducation nationale, avoir le soutien des professeurs, trouver des élèves motivés pour participer à l’aventure. « Ce fut une création collective, se souvient Tayeb Boussouar, premier responsable du CME. Ça nous a demandé de nombreux mois de travail. Michèle Picard y tenait et était très disponible pour nous donner son regard d’élue, les enseignants de leur côté ont tous accepté. Cela a été un gros travail de logistique. »

Les parents ont également un rôle primordial dans le Conseil municipal d’enfants, comme en témoigne Isabelle Garneret. Ses trois enfants ont eu la chance d’être élus, mais cet engagement a aussi été le sien : « Nous avons un rôle de supporter-taxi, s’amuse-t-elle à décrire. C’est leur volonté de se présenter, notre but à nous est de les accompagner et de les aider à respecter leur engagement. J’étais présente aux commémorations, aux séances plénières, c’est un investissement pour les enfants comme pour les parents. Il faut savoir que cela peut être contraignant, mais ça fait partie de l’éducation. Il y a l’éducation à la maison, l’éducation à l’école et l’éducation citoyenne. »

Au terme d’une semaine de campagne officielle des candidats, un garçon et une fille de chaque école sont élus pour un mandat de deux ans. Seuls les élèves de CM1 et CM2 peuvent se présenter. Les classes de CE2 se contentent de participer au vote.
Une fois les enfants élus, ils se voient remettre l’écharpe tricolore et votent pour le nom qu’ils souhaitent attribuer à leur promotion lors de la première séance plénière. Ensuite, ils choisissent une commission entre Solidarité, Environnement ou École et loisir. « Les enfants travaillent sur des projets dans les commissions et ils se réunissent en séance plénière afin de voter les rapports », détaille Tayeb Boussouard.

Des projets pour la ville

« Quand ils débutent, ce sont des bébés, observe Florent Louis-Chevreau, responsable actuel du CME. Ils ressortent de cette expérience beaucoup plus matures. »

« Ils ont des étoiles dans les yeux, ils sont motivés et ils deviennent de véritables petits citoyens », confirme Véronique Forestier, adjointe au maire en charge de l’Éducation.

Au total, en dix ans, plus de 220 enfants vénissians ont porté l’écharpe d’élu du CME. Tous ont participé à différents projets et ont laissé une trace de leur passage dans la ville, mais aussi dans la mémoire des habitants. « Les projets pour lesquels ils travaillent ne sont pas pour leur école, mais pour la ville », confirme Florent Louis-Chevreau. Il peut s’agir de commémorations, d’inaugurations, mais aussi de créations comme l’espace jeu du parc Louis-Dupic ou le nouvel espace vert Lili-Garel, créé de toutes pièces par les élèves du CME.

Des projets qui leur permettent de gagner en autonomie et de prendre des responsabilités. « Être membre du Conseil municipal d’enfants, ça m’a permis de comprendre que toutes les actions ont des conséquences, affirme Matthieu Garneret, élu au tout premier CME. Nous avons des budgets à respecter, des gens à représenter. Ce sont les premières décisions que nous prenons et c’est très impressionnant à cet âge-là. »


Questions à Michèle Picard, maire de Vénissieux

« On ne peut donner que deux choses aux enfants : des racines et des ailes »

C’est lors de son premier mandat que Michèle Picard, maire de Vénissieux, a mis en place le Conseil municipal d’enfants. Un projet qui lui tenait à cœur et qu’elle affectionne toujours autant.

  • Pourquoi avoir créé le CME ?

Faire un Conseil municipal d’enfants, avec des conseillers municipaux élus par leurs camarades de classe, c’est une bonne façon de transmettre la citoyenneté et une éducation civique. On croit malheureusement que la citoyenneté est acquise, qu’elle se transmet naturellement, mais on peut voir que ce n’est pas le cas pas dans notre société qui devient très individualiste, qui manque d’empathie. Ce n’est plus naturel. Je crois beaucoup en ces nouvelles générations, et je me suis dit, « comment on fait pour travailler avec eux sur la démocratie ? ».

  • Quelles évolutions voyez-vous chez les jeunes élus ?

C’est un parcours personnel, pour chacun des enfants. Quand on les voit au début de leur mandat, certains n’osent pas prendre la parole. Lever la main pour parler en public, ce n’est pas facile. Pour d’autres, il faut expliquer le sens du vote entre « pour », « contre », « abstention ». Ils apprennent à discuter entre eux, à échanger, ils se posent des questions, ils parlent avec leurs mots. Cela doit leur permettre de trouver leur place dans le CME.
J’aime beaucoup cette phrase : « On ne peut donner que deux choses aux enfants : des racines et des ailes ». J’y crois fermement. Les racines sont les repères, la transmission. Et les ailes sont les possibles, tout est permis pour ces enfants, ils peuvent rêver, imaginer. Nous essayons collectivement d’amener tout ça dans le Conseil municipal d’enfants.

  • Quel est votre rôle au sein du Conseil ?

On apprend tous à se connaître, on crée des liens. Mon rôle est de valoriser ce qu’ils font et sont, de mettre en marche cette démocratie, de garantir le respect entre eux. Je souhaite que cette expérience leur permette de s’épanouir au sein d’un groupe, quel que soit leur chemin politique. L’important est qu’ils sachent vers quoi ils ne veulent pas aller. Il faut parfois savoir dire non, même face à une majorité.

  • Quelle est votre meilleure expérience avec le CME ?

J’adore les mots, la spontanéité des enfants. Par exemple, je me souviens d’un jour où nous étions à la maison d’Izieu, et un des enfants a dit : « J’adore Madame le maire, qu’est-ce qu’elle ‘explicote’ bien ». Depuis, c’est resté. Et avec les parents, c’est une anecdote entre nous. Mais je pourrais vous en raconter une cinquantaine comme ça, des moments drôles, émouvants…
Ma grande fierté, c’est de voir des anciens élus du CME devenir délégués de quartier, bénévoles dans une association, ou même les voir dans un bureau de vote, plusieurs années plus tard. Dans ces moments-là, je me dis : « On a fait du bon boulot ». On a transmis les valeurs de la démocratie, quels que soit leur obédience et leur parcours. Ils ont un parcours citoyen et c’est ça qui m’intéresse.


Les Garneret, une famille citoyenne

Dans le parcours scolaire des enfants de la famille Garneret, le CME tient une place importante. Matthieu 19 ans, Alex 17 ans et Claudine 10 ans ont tous été élus au sein du Conseil. Rencontre.

« Je suis très fière qu’ils aient tous les trois participé à cette belle expérience », confie Isabelle Garneret, maman de Matthieu, Alex et Claudine. Âgés de 19, 17 et 10 ans, les trois jeunes ont tous été élus au Conseil municipal d’enfants durant leur parcours scolaire. Une belle histoire de famille qui a commencé en 2012, avec le lancement du tout premier CME. « Nous venions d’arriver à Vénissieux, je ne connaissais pas grand monde à l’époque », se souvient Matthieu, aujourd’hui étudiant en première année d’école d’ingénieur.

Dans le but d’en savoir plus sur la commune et son fonctionnement, il décide alors de se lancer dans l’aventure. « Je me suis dit que ça pouvait être une bonne expérience, enrichissante, les premiers pas dans la vie des grands. » Matthieu est élu et se retrouve dans la commission École et loisir, « la meilleure », dit-il en riant et en adressant un regard complice à ses sœurs, toutes deux passées par la commission Solidarité.

Pourtant les moments qui l’ont le plus marqué n’ont pas été avec son groupe de travail, mais bien avec l’ensemble des autres élus. Comme pour ses deux Sœurs, la première séance reste un souvenir mémorable. « Je n’avais jamais vécu ça avant, on prend vraiment conscience de ce qu’on est en train de faire. »

« Ils sont considérés comme des adultes durant les séances, intervient Isabelle Garneret, ils ont de vrais micros, les écharpes tricolores, ils sont assis dans les sièges des élus municipaux, c’est une très belle organisation. »

L’autre souvenir que Matthieu chérit aujourd’hui, c’est la visite au Sénat, en compagnie de Michèle Picard, maire de Vénissieux, et du regretté Guy Fischer, qui était alors vice-président du Sénat. « C’était impressionnant, s’exclame-t-il. La salle semblait monumentale. Je me souviens, Guy Fischer nous a dit ‘nous sommes comme vous, nous portons et votons des projets comme ce que vous faites’. »

« On nous a fait confiance »

Constatant l’emballement de son frère, Alex, la cadette, avait décidé de présenter aussi sa candidature pour le mandat suivant (promotion Malala Yousafzai). Cette expérience lui a permis de travailler son aisance à l’oral. « Avant, j’avais du mal à me présenter, mais au fur et à mesure, je me suis entraînée, ça devenait plus facile et je prenais même du plaisir à parler devant du monde. » Un constat que partage sa petite sœur Claudine qui, à 9 ans, vient de terminer son mandat avec la promotion Saint-Exupéry : « J’étais très timide avant, mais maintenant, j’ai moins de mal à parler, je suis même devenue amie avec des élèves d’autres écoles. »

Quand on demande aux trois jeunes de nous donner des exemples d’activités qu’ils ont pu faire avec le CME, la liste est longue. Ils ont assisté à des commémorations, des inaugurations, créé des jeux, visité Vénissieux et Lyon, des lieux chargés d’histoire comme la Maison d’Izieux… « On a même été dans des maisons de retraite pour passer du temps avec des personnes âgées, on a fait des origamis avec eux », se remémore Alex.

Une expérience riche sur les plans personnel, éducatif et citoyen, comme en témoigne leur mère :

Leur évolution au fil des années m’a impressionnée. Cette expérience est en dehors de tout champ politique, il y a une vraie humanité citoyenne et une écoute éducative dans le CME.

Une aventure que les trois jeunes ne regrettent pas. « On nous a donné des responsabilités, on nous a fait confiance », dit Alex. « Je me suis beaucoup amusée et ce sont de très bons souvenirs », ajoute Claudine. Pour Matthieu, être jeune élu du CME lui a donné d’autres aspirations puisque désormais, il est délégué de quartier au Moulin-à-Vent : « C’est là aussi un engagement citoyen », conclut-il.

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