La mobilisation a beau être statique, ils sont nombreux à rejoindre le mouvement à Lyon. Les drapeaux CGT, FO, FSU, Solidaires, CNT et Unef fleurissent devant la préfecture du Rhône, mardi après-midi. La grève interprofessionnelle de ce 18 octobre rassemble bon nombre de professionnels de la santé, de l’enseignement professionnel, du rail, de la chimie ou encore de l’énergie. Quai Augagneur, ils sont 2 200, selon le comptage préfectoral, à protester contre la vie chère et défendre le droit de grève. Des élus locaux viennent apporter leur soutien. Parmi eux, Michèle Picard, maire de Vénissieux, accompagnée de quelques adjoints.
Dans un contexte de hausse des prix (+5,6 % d’inflation en septembre), les conflits sociaux se multiplient depuis la rentrée. Dans le sillage de l’Union départementale de la CGT, les manifestants comptent « arracher des augmentations de salaires pérennes et non des mesures ponctuelles. »
Delphine Mallet, déléguée syndicale CGT au Groupe hospitalier mutualiste des Portes du Sud, partage ce discours : « Nos salaires sont gelés depuis 10 ans. La charge de travail augmente. Les salariés ne suivent plus. Le Smic a continué d’augmenter pour atteindre 11,07 euros bruts de l’heure. Or, dans le même temps, certains se retrouvent en dessous, à 11,02. L’employeur compense avec des primes. »
Les réquisitions passent mal
Renaud, coordonateur Ulis au lycée professionnel du Premier film (Lyon 8e), s’inquiète pour le futur des élèves et des revenus de l’ensemble des salariés en France : « La réforme de Macron remet en cause le lycée professionnel. Concernant nos salaires, je revendique une augmentation massive indexée sur l’inflation. »
Des retraités sont de la partie. Pour prêter main forte aux camarades mais aussi pour sauver leurs retraites. « Le niveau des pensions est insuffisant, » estime Roger Champ (mouvement Ensemble !). « Les 4 % d’augmentation ont déjà été pompés par la hausse du coût de la vie, poursuit l’ancien éducateur spécialisé. On espère une revalorisation de 20 % des retraites en guise de rattrapage. »
Au micro, en attendant qu’une délégation rencontre les services préfectoraux, les griefs contre le gouvernement et ses réformes retentissent. Au-delà des revendications salariales, ce sont les récentes réquisitions dans les raffineries qui inquiètent. Au dépôt pétrolier TotalEnergies de Feyzin, des personnels qualifiés sont réquisitionnés par l’État à compter du 19 octobre « pour assurer un service minimal d’expédition. » Un point qui agace Jean Giraud, retraité de l’usine vénissiane Carbone Savoie et présent dans bien des luttes. « Macron doit arrêter de prendre les travailleurs pour des imbéciles, s’insurge cet ex-secrétaire de l’Union locale FO. Si les réquisitions passent, ça veut dire qu’on peut réquisitionner tout le monde. C’est une atteinte au droit de grève. »
Le monde du spectacle se rassemble devant l’Opéra
« Grévons plus grand ». C’est ce qu’on pouvait lire sur le panneau d’un manifestant, ce 18 octobre, devant l’Opéra de Lyon, où un peu plus d’une centaine de personnes s’étaient réunies à l’appel de la CGT-Spectacles.
Les salariés de statut privé de l’établissement, c’est-à-dire ne dépendant pas de la Ville de Lyon, étaient en débrayage par rapport à l’inflation et au pouvoir d’achat. Mais, pour Antoine Galvani, l’appel était beaucoup plus large. « Il concerne l’ensemble des salaires et la défense de notre assistance chômage et du système de retraites. » Il évoque également « les 4 millions perdus de subventions culturelles régionales ». D’autant qu’une baisse de fréquentation touche les petites et moyennes salles avec, en outre, des directeurs qui refusent depuis quinze ans d’augmenter les salaires.
« Nous aimerions, reprend Antoine, que le ministère de la Culture ait une vraie politique ambitieuse et durable. N’oublions pas qu’avec l’assurance chômage et les droits des précaires, les intermittents sont en deuxième ligne derrière. »
Représentante des salariés privés en débrayage à l’Opéra, Charlotte précise que, malgré « la perte de 500 000 euros de la Ville de Lyon et 500 000 de la Région », l’Opéra n’a pas baissé « son rythme de croisière ». Ce qui, conclut-elle, « va retomber sur les salariés ». « Nos métiers se retrouvent dévalorisés, ajoute-t-elle. Nous avons perdu entre 4 et 8% de notre pouvoir d’achat sur notre salaire de base. Et rien n’est prévu pour les intermittents. »
Une réunion s’est ensuite tenue avec la direction de l’Opéra, « avec des promesses de propositions sérieuses », ainsi que l’affirme Le Progrès.
Ce qui n’empêche que l’ensemble des travailleurs du spectacle restent, nationalement, dans une situation de plus en plus difficile.