Comme chaque année, la Ville a rendu hommage aux victimes des tragiques événements du 17 octobre 1961, survenus alors que la guerre d’Algérie battait son plein. Ce jour-là, à Paris, la police française avait réprimé une manifestation d’Algériens organisée par les indépendantistes de la fédération de France du FLN (Front de libération nationale). L’initiative, bien que non déclarée aux autorités françaises, se voulait pacifiste. Les manifestants -entre 20 000 et 50 000 selon les sources- protestaient contre le couvre-feu qui ciblait alors les Maghrébins.
La répression policière fut si brutale qu’elle fit des centaines de morts et blessés. 61 ans plus tard, l’incertitude demeure quant au bilan des victimes. Les derniers rapports officiels et les estimations d’historiens donnent une vague idée du nombre de morts : entre 38 et plus de 200. Y verra-t-on plus clair un jour ?
« Réconcilier les peuples et les mémoires »
Lundi soir, devant la stèle érigée en 2011, Farouk Ababsa, président du collectif Devoir de Mémoire et Réconciliation s’est félicité des récentes avancées dans ce combat pour la vérité. « L’ouverture récente par l’arrêté gouvernemental signé fin décembre 2021 a permis l’accès aux documents issus de la présidence de la République de 1961, a déclaré le responsable associatif. Ces documents prouvent aujourd’hui que le général de Gaulle savait tout, et dès les premières heures des massacres perpétrés par les forces de l’ordre. »
Pour preuve, cette annotation manuscrite du chef d’État qui s’adressait à Roger Frey, ministre de l’Intérieur. De Gaulle le sommait « d’intervenir face à l’extrême danger des dérives des forces de l’ordre » et demandait « que les coupables soient châtiés ».
Farouk Ababsa a mentionné une note de Bernard Tricot, conseiller du Général, datée du 28 octobre 1961. « Monsieur Bernard Tricot nous apprend qu’il y aurait eu 54 morts », poursuivit-il. Des décès par strangulation, noyade ou par balles.
Michèle Picard a tenu à saluer le travail des historiens, des associations et des collectivités locales. « La lucidité est le chemin le plus escarpé et le plus rude, a déclaré le maire. Il est pourtant le seul où il faut s’engager pour réconcilier les peuples et les mémoires, le seul à suivre pour mesurer combien la guerre d’Algérie fut une tragédie et un drame horribles qui résonnent encore dans notre présent. À nous donc de continuer d’œuvrer pour une vérité historique, assumée, partagée, afin de nous éloigner du pire : le déni, l’indifférence, le silence et l’oubli. »
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