En entrant dans le restaurant scolaire de l’école Jules-Guesde, où se déroulait l’assemblée générale du 13 octobre, on ne pouvait que remarquer les deux banderoles déployées et tenues par des enfants : « Halte à la hausse » et « Stopper l’hémorragie ».
Les riverains étaient venus en nombre et plus d’une quarantaine ne souhaitaient parler que d’un seul sujet : la dégradation de la résidence Joliot-Curie. « En tant que conseil de quartier, remarquait d’emblée le président, Pierre Matéo, on ne peut pas régler les problèmes entre habitants et bailleurs mais faire le lien. » Et les problèmes étaient multiples : augmentation des charges, demande de fermeture de la résidence, squattage des habitations, points de deal, manque de propreté, rats, punaises de lit, jusqu’à l’intrusion d’une personne portant une arme. « On est laissés à l’abandon », entendit-on.
Directeur de l’agence Portes du sud de Lyon Métropole Habitat, qui gère cette résidence, Abdel Boulaouinat tenta de répondre aux reproches. L’augmentation des charges ? C’est la loi ! « Tous les locataires peuvent demander le contrôle des charges s’ils sont montés en collectif. » Pour la fermeture de la résidence, LMH travaille sur le diagnostic. Les ascenseurs ne fonctionnent pas à cause du vandalisme et des entreprises sont mandatées tous les jours et interviennent sur les espaces verts ou pour des actions de dératisation et de désinsectisation, assurait encore le directeur. Au fur et à mesure, des doigts se lèvent, accompagnés de « Non ! ». D’autant qu’il annonce un coût très élevé.
« Je ne dis pas, atténue-t-il, que toutes nos actions ont porté leurs fruits. Nous avons 5 000 sollicitations par mois. Souvent, nous n’avons pas accès aux logements, avec un taux de pénétration de moins de 60%. La prochaine campagne pour les punaises aura lieu du 31 octobre au 4 novembre. Combien ouvriront leur porte ? Je réfute en partie ce sentiment d’abandon ! J’organiserai une rencontre au cours du mois de novembre. »
Adjoint, entre autres, au logement, Pierre-Alain Millet apporte son point de vue politique : « Il ne faut pas oublier que vos loyers sont plus bas que ceux du privé et que le logement social est historiquement financé par l’État, avec le livret A et l’Action Logement. En 2001 en France, le budget de l’État s’élevait à 3 milliards par construction HLM. Cela fait plusieurs années que ce chiffre est tombé à zéro, que ce soit pour construire ou pour réhabiliter. Il faut à présent se poser la question : qui va payer ? Organisez-vous pour exprimer vos besoins et tournez-vous vers la préfecture. »
Que fait la police ?
C’est pourtant d’abandon dont il est encore question à la résidence des Quatre-Temps, encore gérée par LMH, ou pour l’extension de la ZFE décidée par la Métropole de Lyon, qui exclura un grand nombre de véhicules vénissians. Ou, plus fort encore, pour les questions de sécurité, avec des remises en question de plus en plus prononcées du rôle de la police nationale, pourtant défendue par le commissaire Manuel Archer.
« Nous sommes pauvres, s’écrit une dame en se levant, nous ne sommes pas considérés ! »
Michèle Picard prend le micro : « Ce n’est pas parce que vous êtes pauvres que vous devez tout accepter ! » Elle évoque la réorganisation de la police municipale et, désormais, la localisation à Vénissieux du siège de quatre divisions de policiers. Et le site moncommissariat.fr
Des rendez-vous sont pris avec des élus (tel Pierre-Alain Millet) et le bailleur. De quoi calmer, un temps, une tension de plus en plus flagrante.