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Un hiver sous haute tension

Hausse des prix de l’électricité et du gaz naturel, craintes de ruptures dans l’approvisionnement et de coupures… L’hiver 2022/2023 est redouté par de nombreux particuliers et professionnels. Décryptage.

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QUESTIONS À PIERRE-ALAIN MILLET, ADJOINT AU MAIRE

« La Ville doit être exemplaire »
Adjoint au maire chargé du développement durable et du logement, Pierre-Alain Millet prône « une sobriété basée sur le débat, et non pas imposée ».

– Les inquiétudes face aux hausses des prix des énergies, actuelles et futures, sont nombreuses en cette rentrée 2022. Des augmentations souvent liées, au-delà du contexte géopolitique, à la qualité de l’isolation des logements. Quelle est la situation à Vénissieux ?
Nous menons un travail de fond pour lutter contre le phénomène des passoires énergétiques, par exemple dans le cadre du Pig Énergie, qui a permis de lancer de nombreuses rénovations thermiques. Au-delà de ces bâtiments, il existe un autre phénomène, avec des logements que l’on ne peut pas considérer comme des « passoires », mais dans lesquels il y a beaucoup à gagner en termes de consommation.

Dans une ville comme Vénissieux, ce n’est pas négligeable, et des opérations de rénovation sont lancées… mais pas assez. Ce n’est pas une spécificité locale : les projets ont du mal à sortir, parce qu’ils représentent un certain investissement pour les propriétaires et les bailleurs d’une part, et d’autre part parce que les prix des énergies ont tellement augmenté ces dernières années, que le retour sur investissement est beaucoup plus long. Conséquence ? Sur l’ensemble de la Métropole, et alors que les aides existent et permettent de prendre en charge une large partie du coût des travaux, les engagements ralentissent. En pratique, les habitants des logements concernés préfèrent différer la mise en route de leurs chauffages et s’organiser pour vivre dans le froid. C’est regrettable.

– Il est souvent question de « petits gestes », de « bons gestes » pour faire face aux hausses des prix des énergies. Qu’en pensez-vous ?
Depuis 2000, les consommations du logement ont reculé de 20%, grâce aux constructions neuves et aux rénovations. Le parc s’améliore. Certes, il est important de surveiller ses consommations, de lutter, à son échelle, contre le gaspillage. Mais la hausse des prix des énergies, c’est moins un problème individuel qu’une question de responsabilité politique. Cela fait des années que nous alertons sur les conséquences de la libéralisation du marché de l’énergie. Aujourd’hui, entre les indisponibilités des moyens de production, les métiers qui ont disparu et qui sont pourtant essentiels pour le secteur et les prix qui explosent, on voit le résultat de ces choix.

– En juin, le conseil municipal a voté une rallonge des crédits pour les fluides et l’énergie de 1,34 million d’euros. Est-ce que cela sera suffisant pour affronter les futures hausses des prix ?
Cela doit déjà permettre de faire face aux hausses actuelles et avérées des prix des énergies. Jusque-là, notre budget était resté constant depuis dix ans grâce à des consommations en baisse. L’explosion du tarif du gaz, qui affecte les réseaux de chaleur, ainsi que de l’électricité à travers le marché européen, nous a amenés à prendre cette décision. Pour le chauffage urbain, les dépenses sont passées d’1,2 à 1,8 million d’euros en 2022. Il pourrait y avoir une hausse de 20 % pour 2023. Dans les prochaines années, certaines villes pourraient être en grande difficulté, mais cela ne devrait pas être le cas de Vénissieux. Les marchés passés avec le Sigerly (Syndicat de gestion des énergies de la région lyonnaise) font l’objet d’une hausse mesurée. Mais des inconnues subsistent, nous restons donc prudents et vigilants quant aux hausses des prix.

– En situation de crise énergétique, quel rôle peut avoir une municipalité ?
D’abord, elle doit être elle-même exemplaire. À Vénissieux, les consommations ont baissé de 15% entre 2010 et 2020, alors même que l’on a construit des équipements. Pour le chauffage, nous sommes passés de 385 à 211 MWh. Nous avons mené plusieurs opérations de rénovation, isolation, régulation, qui portent leurs fruits.

Au-delà de ce devoir d’exemplarité, une Ville dispose surtout de leviers à moyen et long termes pour les habitants : conseils en rénovation, moments de sensibilisation aux conséquences d’une mauvaise isolation, échanges avec les bailleurs sur ces questions… Sur le court terme, nous agissons surtout en accompagnant les personnes en situation de fragilité énergétique, qui peuvent bénéficier d’aides sociales comme le chèque énergie. Tout en créant un espace d’échanges, pour apprendre ensemble à surmonter cette période difficile et à lutter contre le gaspillage. Nous envisageons, par exemple, de proposer aux écoles de tester une baisse de 1 °C du chauffage. Cette expérimentation permettra de connaître le ressenti des élèves et du personnel, d’en discuter, d’étendre l’idée à d’autres bâtiments… Notre objectif, c’est de ne pas être dans une sobriété énergétique imposée, mais de créer le débat.

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