Rouage essentiel d’un système de production, le technicien de maintenance industrielle y occupe un rôle prépondérant. Son champ d’action est large. Il ne se contente pas d’intervenir en cas de panne. Il traque les dysfonctionnements des machines et les anticipe. Son expertise technique garantit la sécurité et la performance de l’appareil productif.
Le métier a la cote. Tous les secteurs de l’industrie (automobile, agroalimentaire, métallurgie…) recrutent. En Auvergne-Rhône-Alpes, 6 000 postes sont à pourvoir. À en croire les industriels, acteurs de l’emploi et formateurs, les possibilités d’évolution sont nombreuses et la rémunération, attractive. La pénibilité du travail semble appartenir au passé. En 2022, un professionnel de la maintenance pose plus souvent ses doigts sur un écran tactile qu’il ne plonge ses mains dans le cambouis. Alors, comment expliquer ce déséquilibre entre l’offre et la demande sur le marché de l’emploi ?
« Beaucoup ont l’image d’un métier très difficile, observe Ferreol Palau, directeur de l’agence vénissiane de Pôle emploi. En réalité, on n’est pas dans Les Temps modernes avec Charlie Chaplin. L’industrie recherche des personnes formées et qualifiées. »
Dans l’ère de l’industrie 4.0
La problématique est telle que la Ruche industrielle a consacré une journée entière au métier de technicien de maintenance. L’événement, organisé dans les locaux de l’association le 23 juin, ambitionnait de rapprocher les acteurs de l’industrie du grand public et susciter des vocations.
« Le métier change, analyse Camille Besson, chef de projets inter-entreprises du collectif. Il faut casser les idées reçues. On est entré dans l’ère de l’industrie 4.0. Aujourd’hui, un technicien travaille sur tablette numérique et utilise des technologies comme la réalité augmentée. Le problème de recrutement est accentué par le fait que la pyramide des âges est vieillissante. Les départs à la retraite sont nombreux. »
La désaffection des nouvelles générations pour les métiers de l’industrie peut s’expliquer par le processus de désindustrialisation, opéré en France dès les années 70. « La confiance s’est dégradée, estime Fatiha Janier, chef de projet Domaine excellence, Industrie du futur et Production industrielle à Pôle emploi. Les plans sociaux restent dans les têtes. Mais aujourd’hui, on rapatrie des industries pour être moins dépendant d’autres pays. Nos chaînes de production se robotisent. Nos entreprises chassent des talents. »
Des rémunérations en hausse
Pour séduire les candidats, les incitations ne manquent pas. « De gros efforts ont été fournis pour réévaluer les salaires et les primes d’astreinte, » dévoile Valérie Bonnier, manager RH chez Volvo Group. « Un débutant gagne un peu plus que le Smic, résume Marie Ernoult, chargée de recrutement à l’Afpa. En fonction de ses compétences, il peut vite monter. Quand on est bon, ça rapporte. Et les entreprises savent qu’il faut bien payer. »
Le plus gros défi est de donner envie aux jeunes générations de reprendre le chemin de l’usine. Cela passe par une évolution des méthodes de recrutement. « Les entreprises recherchent plus des aptitudes que des CV, note Camille Besson. Elles acceptent des personnes en reconversion, qui ne sont pas forcément opérationnelles tout de suite mais qui peuvent monter en compétence. »
De son côté, Pôle emploi propose des solutions novatrices telles que la Méthode de recrutement par simulation (MRS) et oriente les demandeurs d’emploi avec « La Bonne formation », un outil de guidage sur-mesure. « Il est essentiel d’attirer les jeunes et les femmes qui ne postulent pas spontanément », illustre Fatiha Janier.
À l’Afpa, « les entreprises viennent chercher les stagiaires à la sortie »
Le métier de technicien de maintenance industrielle est accessible à partir d’une formation initiale post-Bac dans les domaines de la maintenance, de la mécanique, de l’électronique ou des automatismes. L’Onisep (Office national d’information sur les enseignements et les professions) dénombre quatre diplômes bac + 2 (BTS) et huit bac +3 (BUT et licences pro).
Des modules de formation continue complètent une expérience professionnelle, notamment pour maîtriser la GMAO (gestion de maintenance assistée par ordinateur).
À Vénissieux et Villeurbanne, les centres de formation Afpa et Greta dispensent des titres professionnels de niveau 4 et 5 d’une durée de neuf mois.
Marwane (24 ans) est un élève de l’Afpa. Le jeune homme se donne les moyens de s’épanouir dans son futur métier : « J’ai obtenu un bac +2 en Tunisie. Je suis à Lyon depuis 2018 pour compéter mon projet professionnel. Je m’intéresse à la maintenance corrective et préventive, la réparation et le dépannage. C’est un métier très concret, tourné vers l’avenir. »
Dans quelque temps, son diplôme en poche, Marwane devrait être en mesure de valoriser son cursus lors d’un entretien d’embauche. « Les entreprises viennent chercher nos stagiaires à la sortie, schématise Marie Ernoult. Une formation garantit un emploi. Nos stagiaires travaillent sur plateau 70 % du temps et passent les 30 % restants en cours. »
Derniers commentaires