Solidarité fut sans doute le maître-mot des deux cérémonies qui se sont déroulées ce 2 septembre : la première sur l’emplacement du camp, au 27, avenue de la République, où furent détenues les victimes juives de la grande rafle d’août 1942 ; la seconde au monument de la Libération du parc Louis-Dupic. Les deux en présence du maire Michèle Picard, de son conseil municipal, du député Idir Boumertit et des représentants des associations d’anciens combattants (ANACR, ARAC, UFAC, FNDIRP, FNACA et UMAC).
Solidarité parce que c’est grâce à l’action commune de personnes et d’associations différentes que purent être exfiltrées du camp Bac Ky — ainsi dénommé parce qu’y étaient parqués des Indochinois — 471 personnes sur les 1016 internées, dont 108 enfants. Michèle Picard cita ainsi « l’Amitié chrétienne, l’Œuvre de secours aux enfants, la Cimade, croyants et laïcs réunis… l’abbée Glasberg, Gilbert Lesage, l’agent double du sauvetage des enfants de Vénissieux, le Père Chaillet, Jean-Marie Soutou, Charles Lederman de l’OSE avec Lili et Georges Garel, Élisabeth Hirsch, Madeleine Barrot de la Cimade et Jean Adam, dépêché comme médecin au camp de Vénissieux, qui sauvera de nombreuses vies en obtenant l’hospitalisation de nombreux internés. Ou encore l’insubordination du général de Saint-Vincent, auquel notre ville a rendu hommage et attribué le nom d’un square en 2017 ».
Après les dépôts de gerbes par la Ville et l’association des Filles et fils de déportés juifs de France, la lecture — par des enfants de la classe de Nadia Bachmar, de l’école Louis-Pergaud, et par des adultes — des noms des 545 personnes qui furent convoyées de Vénissieux vers les camps de la mort apporta un grand moment d’émotion.
Quatre-vingts ans nous sépare de cet été 1942, où, comme le rappelait encore le maire, « la France a perdu ses valeurs et son âme, où l’État français a commis l’irréparable : participer activement à l’entreprise génocidaire du IIIe Reich en déportant les juifs étrangers ou apatrides de France ».
Cette « date-clef de notre ville », qui vit le sauvetage des enfants et de plus de 300 adultes, « donna un coup d’arrêt à la déportation massive ».
Il fut encore question de solidarité devant le monument aux morts du parc Dupic, lors de la célébration des combats de fin août 1944 et de la libération de la commune le 2 septembre de la même année. Des combats au cours desquels plusieurs résistants payèrent de leur vie le prix de la liberté. Président de l’ANACR, Roger Gay évoquait le programme du Conseil national de la Résistance et son désir « d’une société humaniste, démocratique et solidaire », des valeurs dont plus que jamais nous avons besoin aujourd’hui.
La journée s’est achevée sur une conférence de l’historienne Valérie Portheret, à qui l’on doit le remarquable ouvrage Vous n’aurez pas les enfants (XO Éditions).
Derniers commentaires