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En août, le 17 rime avec tempête. Certains Vénissians se souviendront longtemps du violent orage du mercredi 17 août. Vers 15h30, de fortes pluies se sont abattues sur le Sud lyonnais. Localement, à Vénissieux, les nuages menaçants ont déversé de la grêle. En quelques minutes, la température a chuté d’une dizaine de degrés, de 28 à 18.
Les pluies étaient diluviennes. La station de Lyon-Bron a relevé 20 mm de précipitations en 17 minutes. Concrètement, c’est comme si l’on avait versé 20 litres d’eau sur un carré d’un mètre de côté. Pour compléter le tableau apocalyptique, les plus fortes rafales de vent ont atteint 94 km/h.
Dans les rues, le ruissellement a rendu la circulation difficile. En particulier dans les points bas. L’avenue du 11-Novembre 1918, entre l’hôpital Les Portes du Sud et le boulevard Yves-Farge, fut transformée en torrent, invitant les automobilistes à faire demi-tour. Plus au Nord, la rue Marius-Martin, où sont implantées diverses entreprises, a également été touchée. L’eau a pu charrier quelques obstacles sur la route, obligeant les conducteurs à la plus grand prudence. Les équipes voirie et nettoiement de la Métropole de Lyon ont sorti les balayeuses et tractopelles pour nettoyer les secteurs les plus affectés par les coulées de boue.
Le Centre opérationnel départemental d’incendie et de secours (Codis) a enregistré une centaine d’intervention dans les secteurs Est et Sud. « Principalement pour des afflux d’eau dans des locaux, précise un officier. L’afflux d’eau est arrivé en un temps très court. Les inondations ont été causées par une rapide montée des eaux. »
« On aurait dit qu’il pleuvait dans l’appartement »
Certains habitants ont dû se retrousser les manches. C’est le cas de Mme Cuevas-Lou. « Depuis 2008, il y a des problèmes d’étanchéité dans notre résidence, déplore-t-elle. Les fuites viennent du plafond du palier. Cette fois-ci, on a eu peur. On aurait dit qu’il pleuvait dans l’appartement. J’ai mis deux heures à tout éponger. »
Mme Hadjarab, qui réside dans une tour de la rue Vladimir-Komarov, a constaté des dégâts dans les parties communes de l’immeuble : « A chaque fois qu’il pleut un peu fort, c’est une vraie marre qui se forme sur le parking, au niveau des bouches d’égout. Comme les égouts sont bouchés depuis des années, l’eau reste en surface, et si on marche dedans on en a jusqu’au-dessus des chevilles. Une vraie petite rivière ! »
En transports en commun, les déplacements ont parfois été compliqués. Le bus C12 n’a pas pu desservir les arrêts situés entre Langevin et Hôpital Feyzin Vénissieux. Le tramway T4 s’est retrouvé à l’arrêt. En revanche, selon la SNCF, le TER n’a pas connu de dysfonctionnements significatifs.
Enfin, de nombreuses coupures d’électricité ont été recensées. Des centaines de rues du Sud-est lyonnais ont été privées de courant en fin d’après-midi.
La piscine Delaune et la médiathèque inondées
La pluie n’a pas épargné les équipements municipaux. À la piscine Auguste-Delaune et la médiathèque Lucie-Aubrac, les seaux et serpillières n’ont pas suffi. À ce jour, les deux établissements inondés restent fermés au public.
La fermeture de la piscine des Minguettes est intervenue avec deux semaines d’avance sur la phase de maintenance technique, programmée du 31 août au 8 septembre. « On risque d’être juste pour rouvrir le 8, avance Didier Laurent, directeur général des services techniques de la Ville. Les équipements ont été noyés. Il a fallu démonter les pompes de 200 kg et les envoyer au séchage. Nous allons voir s’il faut remplacer les turbines. »
Christian Beslin, directeur de l’équipement nautique, était lui aussi aux premières loges pour constater les dommages : « Ce qui n’arrange pas les choses, c’est que la piscine est située en contrebas du réseau d’évacuation. Dans la sous-station, on a eu jusqu’à 1,60 m d’eau. À l’entrée, les vestiaires, douches et local technique ont été touchés. Il a fallu vidanger le bassin extérieur. »
Au centre-ville, un torrent d’eau affluant de l’avenue d’Oschatz a envahi le sous-sol de la médiathèque. « L’eau est montée à 1 m, relate Didier Laurent. Comme les locaux abritent l’appareillage alimenté par du 20 000 volts, on a dû tout démonter, sécher et remplacer. Aujourd’hui, on rencontre encore des difficultés avec l’informatique et les extincteurs automatiques. On n’imagine pas de réouverture avant une quinzaine de jours. »
Rue de la Démocratie, c’est la toiture de l’école Charles-Perrault qui a « dégusté ». « La membrane d’étanchéité en PVC a été très endommagée, précise Didier Laurent. La charge était trop importante sur un toit déjà fragilisé par la grêle du mois de juin. » Les réparations, réalisées en urgence, assurent une rentrée en toute sécurité le 1er septembre.
F.D et D.Y.
3 questions à Guilhem Mollard, météorologiste conseil au centre régional Centre-Est de Météo-France.
Comment expliquer l’intensité de l’orage du 17 août ?
C’était un orage de type supercellulaire qui s’était formé quelques heures plutôt entre la Lozère et la Haute-Loire. Les orages se développent dans des environnements très instables, avec de l’air doux et humide en basse couche, et cisaillés. Il faut un vent qui accélère considérablement avec l’altitude. Ce sont des orages qui peuvent s’accompagner de fortes bourrasques de vent, de grosse grêle et de pluie soutenue, voire très rarement de tornades.
Dans un contexte de sécheresse, dans quelle mesure un orage aussi fort peut-il être bénéfique pour la végétation ?
Malheureusement, ces orages ne sont que peu bénéfiques. Les pluies sont très intenses et tombent en très peu de temps. Le sol n’est pas en capacité d’absorber toute cette eau. La majeure partie ruisselle. La sécheresse empire le phénomène. Un sol très sec va avoir tendance à devenir imperméable. Cependant, la pluie s’est poursuivie en soirée de manière moins intense et plus continue. Cette pluie a pu être bénéfique à la végétation. Les cumuls restent cependant largement insuffisants pour combler la sécheresse profonde qui touche les nappes phréatiques et les cours d’eau. Il faudra compter sur une fin d’année pluvieuse pour récupérer tout le retard accumulé depuis le début d’année..
Les orages ont-ils tendance à devenir plus forts et plus fréquents ?
Il n’y a pas de tendance claire sur l’évolution de la fréquence des orages. En revanche, on peut s’attendre à ce qu’ils deviennent de plus en plus forts. C’est directement lié au changement climatique. Les ingrédients principaux d’un orage sont la chaleur et le contenu en eau de l’atmosphère. Or, on observe une nette tendance à la hausse de ces deux paramètres. Cette tendance devrait perdurer. Ainsi, les orages vont avoir plus d’énergie disponible lors de leur formation. Ils pourront être plus violents et donner des cumuls de pluie plus importants.
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