L’ancien site de la Mission locale fait peau neuve. Depuis le 25 avril, une dizaine de motivés s’active au premier étage de la tour 8 de la Division-Leclerc. Les 200 m2 de locaux, délabrés après trois ans de vacance, méritaient plus que trois coups de pinceau. En seulement deux mois de travaux, ils sont quasiment réhabilités. Après la plomberie, la peinture, la pose de fibre de verre et de plaques de plâtre, l’équipe s’attaque à l’électricité. La métamorphose est frappante : les murs et les plafonds ont l’air d’avoir été rénovés par des ouvriers chevronnés.
Ces jeunes gens sont les acteurs du projet des « Geeks du Bâtiment ». Ce dispositif d’insertion professionnelle, porté par l’association Impala Avenir Développement, offre des perspectives aux jeunes adultes peu qualifiés des Quartiers prioritaires (QPV). Aux Minguettes, l’organisme de formation local « Les Clés de l’Atelier » assure l’accompagnement.
La formation, gratifiée par une rémunération mensuelle de 500 euros financée par Pôle emploi, met l’accent sur la pratique. En 400 heures, les « Geeks » auront appris les gestes fondamentaux et acquis des bases solides dans les métiers du second œuvre.
« La réussite, c’est la clé de ce projet »
Un stage en entreprise de deux semaines leur offre une expérience dans le domaine de leur choix. Abdoulamid (19 ans), en difficulté après six mois d’apprentissage dans la restauration, s’oriente vers l’électricité : « Ici, j’apprends beaucoup de techniques. Travailler en équipe apporte beaucoup d’expérience. »
Comme son collègue, Ali (21 ans), n’avait ni projet défini ni développé de compétences dans le bâtiment : « Maintenant, je veux faire de la peinture et du Placo. Je préfère un métier physique. C’est mieux que de rester derrière un bureau. » Plus âgé, Karim (28 ans), savait déjà peindre avant d’intégrer la formation. En huit semaines, sa palette s’est étoffée. « On apprend les bases de quatre métiers, s’enthousiasme-t-il. Et on a un vrai suivi. »
Abdelaziz Taguine, encadrant technique d’insertion et formateur pour Les Clés de l’Atelier, se réjouit de guider ses protégés vers l’emploi : « Après avoir découvert les métiers, ils apprendront les codes du monde du travail grâce à l’alternance. La réussite, c’est la clé de ce projet. Dans les quartiers, l’enjeu, c’est de donner de l’espoir. »
*Geek : cet anglicisme désigne une personne passionnée de nouveautés techniques, notamment dans l’informatique et les nouvelles technologies.
A la sortie, un travail ou une formation qualifiante
Depuis 2021, les sept premières écoles ouvertes en France, principalement en région parisienne, rencontrent un certain succès. Dans un secteur en forte tension, deux élèves sur trois ont connu une issue positive dans les trois mois. Cette solution se concrétise par un emploi ou un apprentissage dans un centre de formation.
« À la reprise d’activité, on sécurise le poste pendant trois mois, précise Laurent Chassagnon, conseiller Pôle emploi. Le risque de décrochage est important, notamment les premiers jours. Des freins peuvent apparaître, comme la garde d’enfants ou des questions de mobilité. On est là pour trouver des solutions. »
À Vénissieux, le 24 juin, des recruteurs du BTP sont venus rencontrer les futurs pros pour constater leur savoir-faire. « Ici, des jeunes seront recrutés par des sous-traitants d’Alliade Habitat, le bailleur social du quartier », avance Ségolène Frandon, responsable du développement chez Impala Avenir.
Les chantiers de rénovation urbaine et de rénovation énergétique ne manquent pas, notamment dans le parc immobilier public. En Auvergne Rhône-Alpes, les ouvriers du second œuvre son particulièrement demandés. Dans son enquête d’avril 2022, Pôle emploi dénombre pas moins de 3 960 intentions d’embauches dans ces métiers.