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Paul-Éluard : « Je me souviens qu’avant j’aimais danser … »

Une classe d’élèves allophones du collège Paul-Éluard a présenté un spectacle poignant qui retrace l’histoire de chacun d’entre eux.

« La route a été longue pour arriver jusqu’à vous. » C’est avec ces mots que commence la représentation de la classe UPE2A du collège Paul-Éluard. Ces élèves, allophones, ne parlaient pas ou très peu français à leur arrivée dans l’établissement. Avant de présenter ce spectacle devant les autres collégiens, ils ont travaillé pendant plusieurs mois la lecture avec la professeure et documentaliste de l’établissement, Aïcha Ouada, ainsi que la mise en scène avec Ghislaine Bondongué, actrice et chorégraphe passée par Traction Avant.

Ils sont quatorze, âgés de 11 à 16 ans. Ils viennent d’Algérie, d’Italie, d’Albanie, d’Afghanistan, du Liberia ou encore de Guinée. Chaque jeune présente son parcours en décrivant l’image qu’il se faisait de la France avant d’arriver, ses peurs et appréhensions face à ce pays qui leur était inconnu. « Deux d’entre eux ont risqué leur vie pour venir en France en traversant la Méditerranée, ils y ont perdu des proches, ensuite une fois en France, ils se sont retrouvés dans la rue pendant un mois. D’autres ont fui les Talibans et certains ont eu des parcours plus « simples », présente à l’assemblée Sylvia Wong, enseignante. Il y en a qui ont quitté leur famille, leurs amis, afin de pouvoir venir étudier en France. Je souhaite saluer leur courage, car ce n’est pas facile pour eux d’en parler et de partager leur parcours. »

Des témoignages bouleversants

Le spectacle débute et les élèves, d’abord intimidés, se lancent peu à peu. Dans la salle, comble, il n’y a plus un bruit. « Je me souviens mon arrivée dans cette ville imprononçable pour moi, Vénissieux », « Je me souviens qu’avant j’aimais danser, mais plus maintenant, je me souviens de ma maman qui m’a toujours dit de respecter les gens », « je me souviens de l’école coranique où j’étais, on dormait sur place et il y a eu un feu. Au total, 25 de mes camarades sont morts, j’étais très triste. » Autant de souvenirs et de témoignages bouleversants que ces élèves des quatre coins du monde ont accepté de partager avec leurs camarades, rythmés par une douce musique.

Mais cette représentation est aussi pour eux l’occasion d’évoquer les difficultés vécues à leur arrivée : le racisme, la précarité ou bien les nombreuses désillusions auxquelles ils ont été confrontés. Avec parfois quelques difficultés d’élocution, ils ne perdent pas pour autant leur assurance et prennent le temps de recommencer leurs phrases. L’une des élèves tente, avec succès, de dicter son texte, sans aucune fiche et avec une fierté non dissimulée.

Pour clore le spectacle, ils nous lisent des lettres, qu’ils adressent à chacun d’entre eux avec leurs rêves et espoirs pour l’avenir : devenir médecin, pilote d’avion, rappeur, professeur, footballeur ou bien tout simplement vivre dans un monde meilleur. Les rideaux se ferment, la salle exulte. Les applaudissements ne s’arrêtent pas et les élèves sont unanimes : c’était sensationnel. « C’était super triste, mais j’ai trop aimé », glisse une collégienne à sa camarade.

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