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Culture

Duo électro : du Moulin-à-Vent au disque de diamant

Trois disques diamant, platine et or tombent dans l’escarcelle de Trinix, le duo de musiciens vénissians. Mais le concert du 21 juin au Hard Rock Café est annulé par la Ville de Lyon. On se rattrapera avec celui du Ninkasi Kao le 26 novembre.

Photo Canabae

 

Le rendez-vous est régulier. Tous les ans, nous nous voyons avec les deux jeunes Vénissians du duo Trinix pour faire le point sur leur carrière. Une carrière qui monte toujours sûrement et qui ne leur fait pas, loin de là, prendre la grosse tête. Deux choses dont on ne peut que les féliciter.

Comme d’habitude, Josh Chergui et Loïs Serre affichent un sourire rayonnant. Et là, ils ont une raison supplémentaire : « On a reçu hier un disque de diamant pour Rodéo, un disque de platine pour Midnight et un disque d’or pour Replay. Ce sont les premiers pour nous et c’est un objectif pour tous les musiciens. »

Ils donnent les détails : « Le diamant demande 50 millions d’écoutes, ce qui correspond à 50 000 exemplaires vendus. Pour le platine, c’est 30 millions d’écoutes et 30 000 ventes et pour l’or, 15 millions d’écoutes et 15 000 ventes. Tu pourras titrer ton article : « Du Moulin-à-Vent au disque de diamant ».

Ils réfléchissent, hilares : « Faut marquer le coup ! » Aussi, ont-ils décidé de placer les galettes honorifiques dans de grands cadres en plexiglas. « On s’est fait des disques comme Johnny Hallyday ! »

En revanche, ce qui les réjouit moins est l’annulation de leur concert du 21 juin. « Le Hard Rock Café de Lyon avait demandé l’autorisation d’une jauge de 2 000 personnes mais la Ville de Lyon a refusé. » La scène, c’est donc dans des festivals en Suisse, Belgique et France qu’elle se fera. Trinix va également pouvoir montrer son talent au cours d’une tournée Made in France qui passera par Nantes, Toulouse, Paris, Lille, Bordeaux et Lyon, où ils seront le 26 novembre au Ninkasi Kao.

« C’est un pari pour nous, explique Josh. D’habitude, on est programmés dans des festivals. Là, c’est la première fois que nous serons seuls sur l’affiche et que les gens ne viendront que pour nous. Paris et Lille sont déjà sold out. À Lyon, il reste un peu moins de 200 places. Ce n’est pas quelque chose de commun. Les artistes en développement dans notre genre ne font pas ça ! »

Il est vrai que les festivals qui les engagent posent souvent la question : combien Trinix peut-il vendre de billets de concerts ? « Nous pourrons répondre que, sur notre tournée française, on en a vendu 2 500 à 3 000, toutes salles confondues. »

Loïs intervient : « Avec ces années de Covid, pendant trois ans on n’a rien fait sur scène. En parallèle, on s’est développés sur les réseaux sociaux. Le nombre de nos abonnés a explosé. Et on a sorti un album, Altitude, et plein de musiques. On voyait que ça marchait bien mais est-ce que les gens viendraient à nos concerts ? Des millions de personnes sur les réseaux, ça ne veut pas dire qu’on peut remplir le Stade de France. La tournée remet tout au clair. »

Les réseaux, ils l’expliquent bien, servent aussi à consolider des partenariats. « Warner Bros nous a contactés pour accompagner la sortie du film Les Animaux fantastiques : Les secrets de Dumbledore. On a fait l’avant-première à Londres, on a remixé sur le thème du film et on l’a joué sur le tapis rouge. Le cinéma est notre deuxième passion et faire cela a du sens. Nous avons également fait Top Gun : Maverick pour la Paramount. On a remixé la musique et sorti une vidéo. On n’a pas pu aller à Cannes car c’était logistiquement compliqué. »

Leur musique, expliquent-ils encore, parle à un public assez large, « de 6 à 80 ans ». Et, ajoutent-ils, « des fois, on a des goûts de vieux ». D’où l’idée de ces mashups remix par décennies. « On a kiffé le remix des années 80 ou celui des jeux vidéo des années 2000. Ça marche pour toutes les générations. »

La viralité de Sweet Dreams

Pour la reprise du Sweet Dreams d’Eurythmics, ils ont utilisé la voix d’une autre chanteuse. « On n’a pas été obligés de demander les droits et Eurythmics a touché de l’argent. On l’a enregistré en février 2020. On était au ski et, à la télé, ils commençaient à parler du Covid. Le titre est sorti juste avant le merdier. Au début, il n’a pas plus marché que ça. D’un seul coup, un an plus tard, en mai 2021 exactement, grâce à TikTok et Instagram, on a eu des millions et des millions d’écoutes. Dont celles de Sergio Ramos et d’autres footballeurs, de Miss France et de Cédric Grolet, le pâtissier. Il se passait quelque chose autour de ce morceau que les radios nous avaient refusé pendant un an et qu’elles se sont arraché ensuite. La viralité joue. La montée des réseaux sociaux impose une nouvelle manière de fonctionner et redistribue les cartes. Abba est revenu et a cartonné. Tout passe par la viralité. »

Un mot encore sur la tournée américaine du mois de mars dernier. Josh et Loïs égrènent le nom des villes : Philadelphie, Seattle, Los Angeles, Denver. « Les États-Unis, c’est bien et c’est de mieux en mieux. Les jauges y sont intéressantes. Nous avons eu deux sold out de 300 personnes, ce qui correspond ici à 5 000 en termes d’énergie ! Ils n’ont aucun a priori musical et sont beaucoup plus ouverts que nous. Il n’est qu’à voir les Victoires de la musique de cette année, où rap et électro sont peu ou pas représentés. D’ailleurs, les artistes français comme Daft Punk, David Guetta ou DJ Snake partent aux États-Unis avant de revenir en France. Là-bas, on peut être avant-gardistes et prendre des risques. En France, on sécurise. »

Comme ils veulent montrer que « tout est possible avec travail et détermination », Josh et Loïs s’apprêtent à se livrer à un live d’une demi-heure filmé par plusieurs caméras et un drone sur le toit de l’Hôtel-Dieu. « Où on est nés tous les deux », sourient-ils. Ce concert sera diffusé en juin sur les réseaux.

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